Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Marseille
Père : Kad Merad
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Kad Merad (Paolo), Patrick Bosso (Joseph), Venantino Venantini (Giovanni), Judith El Zein (Elena), Anne Charrier (Valérie), Julien Boisselier (Pierre), Louis-Do de Lencquesaing (Stéphane), Philippe Lefebvre (le directeur du CTC)…
Signes particuliers : Le film qui n’est pas tout à fait celui que l’on croit.
BIENVENUE À MARSEILLE
LA CRITIQUE
Résumé : Devant l’insistance de son frère Joseph, qu’il n’a pas revu depuis 25 ans, Paolo se résout à abandonner quelques jours sa vie calme et harmonieuse au Canada, pour revenir à Marseille au chevet de son père accidenté. Il part donc, son fils sous le bras, bien décidé à ne pas s’attarder dans cette ville qu’il a fui, des années plus tôt, à la suite d’un drame. Il n’imagine pas que l’affection de sa famille retrouvée, sa rencontre amoureuse avec une jeune femme et la solidarité joyeuse et simple des Marseillais le réconcilieront avec cette ville qu’il n’aurait jamais voulu quitter… Marseille.L’INTRO :
C’est le film mal-aimé du moment depuis la parution de son affiche et de sa bande-annonce, le film sur lequel tout le monde semble vouloir s’acharner en lui tirant dessus à l’aide de boulets rouges chargés d’un cocktail explosif fait de préjugés mal placés et de jeu de bashing gratuit amusé. Pourquoi ? Parce qu’une comédie revendiquant peut-être un peu trop fièrement son régionalisme égocentrique. Parce que le spectre d’une réponse sudiste au Bienvenue chez les ch’tis de Dany Boon. Parce que Kad Merad aussi (et encore), qui par-dessus le marché se repaye un passage derrière la caméra en jouant à nouveau les réalisateurs après Monsieur Papa et Mais qui a retué Pamela Rose ?. Et enfin, parce que Patrick Bosso, comique qui déplaît autant qu’acteur improvisé sous la caméra de son ami. Mais Marseille mérite t-il vraiment ce règlement de compte aux allures de procès d’intentions ? Justement, non.L’AVIS :
Coécrit à six mains par Kad Merad, Patrick Bosso et la comédienne Judith El-Zein, Marseille n’est pas le film que l’on croit, et c’est sans doute le plus triste dans l’histoire. Non, Marseille n’est pas une gaudriole caricaturale déballant une lourdeur comique à faire pâlir un ours polaire. Non, Marseille n’est pas le pendant sudiste des Ch’tis et non, il ne lui ressemble ni de près ni de loin. Non, Marseille n’est pas juste un ramassis de clichés empilés dans un long-métrage aux allures de succession de gags piqués dans un mauvais one man show. Non, Marseille n’est pas une nouvelle couche de consternation dans un cinéma français aux abois. Et enfin non, Marseille n’est pas une grosse (et grasse) farce idiote repliée sur elle-même et exclusivement destinées aux régionaux fiers de leur ville-partie qui s’y verront comme dans un miroir-déformant. Marseille n’est rien de tout ça, ou plutôt, Marseille est un peu de tout ça par petites touches sporadiques, mais pas forcément dans le mauvais sens du terme.Curieusement et contre toute attente, Kad Merad se révèle un metteur en scène capable de bien plus subtilité que son voisin boonesque. Avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité, « Kad le cinéaste » signe non pas la comédie débilitante attendue, mais une comédie dramatique partagée entre drôlerie amusée, tendre naïveté, mélancolie touchante et nostalgie émerveillée. Le Marseille de Kad et de Bosso, ce n’est pas le Marseille des faits divers, le Marseille de la violence, de la mafia, des quartiers dangereux ou de l’insalubrité. C’est plutôt un Marseille à tendance pagnolesque, un Marseille joyeux, haut en couleurs, hétéroclite et cosmopolite, un Marseille gouailleur où il fait bon vivre, où tout n’est pas parfait comme partout, mais où la bonhomie locale, le soleil, la mer, la beauté des environs et la générosité des habitants, en font une citée phocéenne aussi bien-aimée de l’intérieur, que détestée jalousement de l’extérieur. Oui, Marseille est naïf. Très naïf. Oui, Marseille occulte bien des choses pour ne garder que le meilleur, que le côté « carte postale » dépaysante, à l’image d’ailleurs d’un film dans lequel on se sent bien, pas forcément parfait et abouti, mais en tout cas agréable et chatoyant, où l’humour gentiment brocardeur coexiste avec une douce émotion nuançant le ton général. En somme, un film chaleureux.Contrairement aux idées reçues, Marseille n’est surtout pas une vaste blague potache indigente visant le bon gros rire chronique à gorge déployée en égrenant un à un, tous les clichés faciles pour mieux en filtrer leur substance parodique. Avec comme ambition première de filmer la ville qu’il aime et les habitants truculents qu’il a pu y côtoyer en compagnie de son acolyte Bosso, Kad Merad s’aventure entre les lignes, justement là où on ne l’attendait pas forcément. Si son film-hommage ne manque pas de piquant et de traits comiques dont l’efficacité tient avant tout dans l’authenticité des portraits dépeints, c’est dans les notes de drame que le réalisateur surprend le plus, Marseille laissant la part belle à quelques envolées émouvantes loin de la franche rigolade à se taper les mains sur les cuisses. Souvent intimiste, lorgnant vers un certain idéal de la comédie italienne d’antan, Marseille est une chronique familiale à la fois simple et sincère, faite de joies et de peines, d’un soupçon d’idéalisme et de quelques pointes sociales bienvenues. La mise en scène, comme l’écriture ou le jeu pourront parfois se révéler approximatif, mais qu’importe, Marseille est modeste et Marseille est une bonne surprise, dont les qualités sont allés chercher au-delà de son affiche, de bandes annonces ne sachant pas trop comment le vendre et surtout, au-delà des préjugés tout faits.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Un bon navet pour les sudistes….
Réellement déçue. ..