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MAMA (critique)

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mama-posterMondo-mètre :
note 6.5
Carte d’identité :
Nom : Mama
Père : Andrés Muschietti
Livret de famille : Jessica Chastain (Annabel), Nikolaj Coster-Waldau (Lucas), Megan Charpentier (Victoria), Isabelle Nélisse (Lilly), Daniel Kash (le docteur), Javier Botet (la créature)…
Date de naissance : 2013
Nationalité : Canada, Espagne
Taille/Poids : 1h40 – 15 millions $

Signes particuliers (+) : Visuellement très stylisé et beau, un film d’horreur bien troussé, plutôt bien écrit, et surtout mené avec un grand sens de l’efficacité pour faire décoller le trouillomètre. Un premier film très sympathique.

Signes particuliers (-) : Les limites du scénario se dessinent assez vite et le final est un peu too much dans le démonstratif.

 

VOUS ALLEZ APPELEZ VOTRE MÈRE… A L’AIDE !

Résumé : En fuite avec leur père après le meurtre de leur mère, deux petites filles se retrouvent seules et abandonnées dans un cabanon au fond des bois après que leur paternel ait été enlevé par une mystère créature. Plusieurs années après, elles sont retrouvées dans la dite cabane, à l’état sauvage, visiblement aidée par la mystérieuse créature qui va les suivre dans leur nouvelle demeure…

Mama

Pour son premier long-métrage, le jeune cinéaste argentin Andrés Muschietti adapte, sous la glorieuse bannière « Guillermo Del Toro Présente » son propre court-métrage daté de 2008 sobrement intitulé Mamá. Deux petites sœurs y étaient terrorisées par une monstrueuse présence maternelle rôdant dans leur maison. Quatre ans plus tard, la version longue de cinéma est enfin terminée et va pouvoir connaître une carrière à l’image de son metteur en scène propulsé sur le devant de la scène par un film horrifique à petit budget mais qui se paye le luxe d’avoir en tête d’affiche, la star du moment, Jessica Chastain.

En marge de ses travaux de réalisateur (alors qu’il est en train de finaliser plusieurs prochains films), Guillermo Del Toro s’est mué depuis quelques années en découvreur de talent presque mécène. Ce fan du cinéma de genre repère, aide et produit les premiers longs-métrages de jeunes réalisateurs à l’image des Yeux de Julia de Guillem Morales (son deuxième pour le coup) ou de très bon Don’t Be Afraid of the Dark de Troy Nixey. Le moteur commun est généralement le cinéma fantastique, souvent calqué sur le style espagnol mêlant histoires de fantômes, secrets enfouis troubles et peurs primales.

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Mamá est donc une coproduction hispano-canadienne budgétée à 15 millions de dollars et jouant ouvertement la carte de la terreur sur fond d’histoire de fantôme donc, et de vieux secret enterré, encore donc. Un pur produit typique de la série des productions estampillées Del Toro et surtout, une œuvre très espagnole dans l’âme, ancrée dans cette nouvelle vague horrifique qui agite la péninsule ibérique depuis le début des années 2000. Grosso modo, il reprend l’idée du court-métrage de Muschietti, qu’il développe et étire pour en faire un film de longueur acceptable. Désormais, et pour la faire courte, deux petites filles en fuite avec leur père atterrissent dans une cabane au fin fond des bois, après un accident de voiture. Une mystérieuse présence les attaque et emporte leur père. Après quelques années passées dans ce lieu perdu et lorsqu’elles sont retrouvées, les deux jeunes gamines, aidée par cette étrange présence maternelle, sont devenues sauvages. Récupérée par leur oncle, elles ne sont visiblement plus seules désormais… Plus seules et terrifiées par quelque chose.

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Si l’on est souvent en droit de se méfier des « un tel présente » ou « une production un tel », capitalisant souvent sur un nom glorieux dans un but essentiellement marketing, ce n’est pas le cas des productions Del Toro qui se sent toujours concernés par les projets qu’il soutient. Et Mamá de ne pas faire exception tant on sent, en toile de fond, l’influence du réalisateur de L’Echine du Diable et du Labyrinthe de Pan. Même s’il est lancé dans une course effrénée au frisson garanti, Mamá ne s’interdit pas de le faire bien et de façon judicieuse. Muschietti prend soin, tout d’abord, à l’esthétique de son film. Indéniablement, le film est plastiquement beau avec sa photographie très travaillée, privilégiant les tons bleutés, ses effets spéciaux remarquablement faits et imaginés, sa créature fantomatique bien conçue et une réalisation élégante, le tout porté par une bande originale bien orchestrée pour soutenir les images. Autre point, le script. S’il ne brille pas par une folle originalité, il a au moins le mérite d’être bien ficelé, offrant à suivre de vrais personnages et pas seulement des faire-valoir insupportables dont on aurait rien a taper. Des personnages ensuite interprétés par des comédiens plutôt bons, des deux gamines qui assurent à une Jessica Chastain qui vient faire le job entre deux projets plus ambitieux (genre Zero Dark Thirty juste avant). Une Jessica Chastain, au passage pour les amoureux de la belle rousse, brune et les cheveux courts. Au moins, c’est précisé, pas de surprise.

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S’il n’est pas un instantané classique de l’horreur, Mamá est en tout cas une efficace petite série B bien emballée et qui remplit allégrement son contrat avec tout ce qu’il faut pour faire grimper le trouillomètre. Sobre, rondement mené, avec des climax suffisamment réguliers pour ne jamais ennuyer, le premier film de Muschietti se distingue par son savant dosage dans la gestion de sa narration et de ses effets, tout ça avec comme appui un scénario travaillé et troussé avec intérêt, là où nombre de ses congénères jouent la carte de la nonchalance je-m’en-foutiste. Le suspense n’en est que meilleur et agréable à suivre au rythme des jump-scares (ces effets surprises qui vous font sursauter) et des séquences effrayantes. Reste que Mamá aurait pu se montrer plus émouvant, plus intense. Assez limité dans sa conduite et sa direction, surtout quand il essaie justement de s’étoffer en jouant la carte du drama, et parfois un peu prévisible, le film a également le petit défaut de déboucher sur un final tout en grandiloquence là où l’on aurait bien aimé plus de retenue en lieu et place d’une débauche de spectacularité démonstrative. Un final qui cependant arrive quand même à nous surprendre sur certains points qu’il fallait oser.

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Dans son ensemble, Mamá est une petite œuvre fantastico-horrifique plutôt recommandable et distrayante. Muschietti essaie de s’extraire de la facilité de trop de films du genre et d’apporter un peu plus que la moyenne à son récit. Et même si ce n’est pas toujours fait avec finesse, on appréciera quand même un film à la fois efficace et honorablement écrit, alors que l’on pourra se laisser aller à tomber sous le charme de ses images de belle facture. Gérardmer ne s’y est pas trompé en lui décernant le Grand Prix.

Bande-annonce :

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