Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Detour
Père : Christopher Smith
Date de naissance : 2016
Majorité : 14 mars 2017
Type : Sortie DVD
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Tye Sheridan, Emory Cohen, Bel Powley…
Signes particuliers : Déjà disponible en VOD depuis le 22 février.
DE TOURS EN DÉTOURS, CHRISTOPHER SMITH NOUS BALADE !
LA CRITIQUE DE DÉTOUR
Résumé : Harper, un jeune étudiant, déteste son beau-père, responsable d’un accident qui a plongé sa mère dans le coma. Un soir, alors qu’il noie son chagrin dans l’alcool, il élabore un plan avec un voyou et une stripteaseuse pour l’assassiner. Le lendemain, à peine remis de sa cuite, Harper n’a pas le temps de se souvenir de sa rencontre qu’il se retrouve embarqué dans une virée vengeresse, contraint d’assumer ses choix… Détour… Si la première chose qui viendra à l’esprit des cinéphiles, c’est le classique d’Edgar G. Ulmer (1945), il s’agit en réalité d’évoquer le nouveau méfait de l’excellent Christopher Smith, dont on a eu cesse de vanter les mérites après Creep, Severance, Triangle ou Black Death. Pour son sixième long-métrage, le premier tourné aux États-Unis avec des acteurs américains et le premier sans éléments horrifiques ou fantastiques, le réalisateur britannique revient à ses premiers amours après la parenthèse comique Get Santa, avec un film de genre, précisément un thriller à la structure complexe illustrant un scénario alambiqué, truffé de fausses pistes et cherchant au passage, à rendre hommage à certains hauts faits du film noir américain. Emmené par l’étoile montante Tye Sheridan (Joe, Mud, X-Men : Apocalypse), Détour est une virée entre le cauchemar infernal et le road movie frénétique, où il est impératif de se méfier de la moindre carte abattue, car tout ne pourrait être qu’illusion et tour de passe-passe.
Avec Détour, Christopher Smith fait l’énième démonstration de son savoir-faire en matière de dialectique de montage, cette étape de la production d’un film où une œuvre peut être carrément réécrite ou re-mise en scène une seconde fois. Sur le papier, le script de Détour a tout de la banale histoire digne d’un thriller de série B. Un étudiant qui déteste son beau-père, une cuite dans un bar, une rencontre avec un voyou et sa prostituée de copine, et un plan machiavélique élaboré pour assassiner ledit beau-paternel et ainsi venger sa mère, plongée dans le coma par sa faute. Mais à son réveil le lendemain matin, Harper a oublié cette soirée où l’alcool lui a fait dire beaucoup de conneries. En revanche, la soirée ne l’a pas oublié lui, et il va devoir en assumer les conséquences…
Partout où il est passé, le nouveau Christopher Smith s’est attiré les louanges d’un public généralement conquis et happé par cette histoire aux allures de spirale infernale sans cesse ponctuée de surprises relançant le récit vers de nouvelles directions. Jusqu’à un épilogue final où l’art de l’écran de fumée narratif culmine à son sommet. C’était le secret de Christopher Smith, qui pendant une heure et demi, aura beaucoup joué avec l’écriture, la mise en scène, le montage, et surtout le spectateur. On pensera immédiatement à l’effet produit par Triangle il y a cinq ans, mais Détour est pourtant, son plus exact opposé. Si le premier avait recours à une mise en scène complexe pour illustrer une histoire complexe, Détour est davantage épuré et illustre une intrigue au final, très simple. Et si le film pourra paraître tortueux, ce ne sera que le résultat d’un montage ô combien malin. Peut-être même un peu trop. Car au final, Détour capitalise énormément sur son art de la construction joueuse menant vers une fausse-complexité d’apparat, mais la destination ne s’avère pas à la hauteur du voyage, pour peu que le voyage ait été brillant, ce qui n’est pas forcément toujours le cas.
Au fil des minutes, Détour perd de sa superbe, en même temps que sa folie initialement introduite. Lentement, le scénario s’étiole inexplicablement, payant ses astuces de montage survalorisées par un effet de désintéressement, tant de l’histoire que des personnages. Si l’on parvient à s’accrocher à l’intrigue sans trop de mal, ce ne sera que de loin, Détour n’offrant rien de follement palpitant sur le fond, malgré quelques artifices virtuoses sur la forme. Et l’effort de Smith de trop rarement nous happer, en raison de son manque de consistance, de son manque d’intensité, e surtout, de son manque d’inventivité au-delà du jeu de petit malin orchestré par son auteur, qui semble s’amuser comme un petit fou derrière sa table de montage, sans vraiment se soucier du spectateur. Et au final, Détour de passer pour le jouet d’un mec qui s’est bien amusé tout seul, dans son coin, nous laissant regarder son affaire sans avoir le droit d’y toucher. Sympathique certes, mais sans plus.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux