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THE MATERIALISTS de Celine Song : la critique du film

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Nom : The Materialists
Mère : Celine Song
Date de naissance : 02 juillet 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Comédie romantique

Livret de Famille : Dakota JohnsonPedro PascalChris Evans

Signes particuliers : Une comédie romantique entre sucre et acidité.

Synopsis : Une jeune et ambitieuse matchmakeuse new-yorkaise se retrouve dans un triangle amoureux complexe, tiraillée entre le  » match  » parfait et son ex tout sauf idéal.

REGARD ACIDE SUR L’AMOUR 2.0

NOTRE AVIS SUR THE MATERIALISTS

Celine Song avait fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma il y a deux ans avec son très beau Past Lives sur les multiples retrouvailles entre deux amis d’enfance au gré de leur vie. La réalisatrice sud-coréenne n’a pas perdu de temps pour enchaîner. Elle revient aujourd’hui avec The Materialists, une comédie romantique qui entend respecter les codes du genre tout en leur tordant un peu le cou pour verser dans la satire moderne. Ambitieux. Emmené par un succulent trio composé de Dakota Johnson, Chris Evans et Pedro Pascal, The Materialists se glisse dans les jolis talons de Lucy, une matchmakeuse qui travaille pour une agence de rencontres. Douée dans son travail, Lucy est en revanche célibataire depuis qu’elle a quitté John, son amour de jeunesse, un comédien raté qui bosse occasionnellement comme serveur pour survivre. Ce qu’elle veut, c’est un homme beau mais surtout un homme riche, très riche, assez riche pour lui offrir la vie qu’elle pense mériter. Cet homme pourrait être Harry par exemple, séduisant quarantenaire qu’elle rencontre au mariage de deux de ses clients et qui brasse des centaines de milliers de dollars en travaillant dans la finance…
Respecter les codes de la romcom tout en les détournant, il faut reconnaître à Celine Song d’avoir réussi son étonnant pari. Du moins en partie. Traditionnellement, on a coutume de dire qu’un film c’est une histoire qui va d’un point A à un point B. Et pour ce voyage, Celine Song respecte effectivement tous les ingrédients de la comédie romantique ultra-classique, voire naïve. En revanche, ce qui va différer et là où elle va en détourner un peu les codes, c’est dans l’itinéraire qui va emprunter des routes de traverse d’ordinaire peu voire pas fréquentées. Tout au long de son récit, la cinéaste va dénoncer le cynisme des relations sentimentales modernes en faisant elle-même preuve d’un cynisme drapé dans l’humour noir. Faire de son héroïne une jeune femme ne jurant que par la richesse de l’homme qu’elle aimera (dans la majorité des films du genre, elle aurait été la méchante détestable), décrire les relations sentimentales comme un deal devant satisfaire les deux parties, imaginer que tous les moyens sont bons pour être « attractifs » sur le marché, penser l’amour en termes de potentiel, de probabilités, de catégories, de compatibilité, de cases à cocher, de quête de sur-mesure… Celine Song amuse mais le rire ne fait que déguiser des réalités taboues que beaucoup pensent sans oser (se) l’avouer.

Dans le fond, The Materialists exprime des idées intelligentes avec lucidité et fort d’un regard clairvoyant sur les relations sentimentales 2.0. Son analyse est audacieuse, presque impertinente, certains diront même choquante. Malheureusement, Celine Song n’assume pas complètement son propos piquant et sent obligée de retomber dans la facilité d’un discours naïf pour préserver la bonne morale chère aux romcom enjolivées. On aurait voir la réalisatrice aller jusqu’au bout de sa démarche, de sa noirceur, de son cynisme, de son impertinence. Au passage, cela aurait raccourci un peu son film, beaucoup trop long au demeurant. Mais c’eut été manifestement trop et mieux valait boucler tout ça avec une chape de sucre glace.

 

Par Nicolas Rieux

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