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MILLI VANILLI – DE LA GLOIRE AU CAUCHEMAR de Simon Verhoeven : la critique du film

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Nom : Girl You Know It’s True
Père : Simon Verhoeven
Date de naissance : 14 mai 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Allemagne
Taille : 2h03 / Poids : NC
Genre : Biopic, Drame

Livret de Famille : Tijan NjieElan Ben AliMatthias Schweighöfer

Signes particuliers : Un biopic bien plus passionnant qu’il n’en a l’air.

Synopsis : L’histoire de Rob Pilatus & Fab Morvan, qui ont conquis les hit-parades mondiaux sous le nom de Milli Vanilli à la fin des années 80. Leur gloire a tourné au scandale lorsque l’on a découvert qu’ils faisaient semblant de chanter sur la voix d’autres artistes.

L’UN DES PLUS GROS SCANDALES DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

NOTRE AVIS SUR MILLI VANILLI

Pour la jeune génération d’aujourd’hui, le nom de Milli Vanilli ne signifiera probablement pas grand-chose. A eux, non ce n’était ni une sorte de bonbons gélifiés ni une marque de cornets de glace. Mais aussi difficile à croire d’un point de vue de 2025, Milli Vanilli ont été des superstars planétaires. A la fin des années 80, leur tube Girls You Know It’s True a placé le groupe allemand sur le toit du monde. Des dizaines de millions de disques vendus, des concerts dans des stades plein à craquer, un triomphe aux Grammy Awards, Milli Vanilli provoquait l’hystérie chez leurs fans. Jusqu’à la catastrophe. Jusqu’à cette fameuse conférence de presse en novembre 1990 où la terrible vérité a éclaté. Les deux membres du groupe, Rob Pilastrus et Fab Morvan n’ont jamais chanté le moindre couplet sur leurs chansons. Ils n’étaient que des performers à belle gueule qui incarnaient sur scène en playback, la voix d’autres restés dans l’ombre. Ils ont été les marionnettes d’un producteur qu’ils accusent de manipulation. Patatras, c’est la chute, la disgrâce et la honte.

Réalisé par Simon Verhoeven (aucun lien avec Paul), Milli Vanilli – De la Gloire au Cauchemar retrace l’histoire du groupe et le mélange d’euphorie et de scandale qui a marqué son parcours aussi intense qu’éphémère. Le réalisateur du modeste Friend Request signe un film bien plus passionnant qu’il n’en a l’air sous son look de petit biopic germanique à la sauce pop vintage.

Oui, Milli Vanilli aurait pu n’être qu’un petit biopic lambda semblable à plein d’autres biopics lambdas sans grande vision ni envergure. Mais le cinéaste germano-autrichien a su saisir dans l’histoire du groupe, une substance qui dépasse le simple cas de Milli Vanilli. En creux de leur parcours, le film est l’occasion d’un portrait cinglant et terrible de l’industrie musicale, voire de l’industrie artistique en général. L’instrumentalisation des artistes, leur difficulté à exister librement dans un système gangrené par l’appât du gain, les ravages du marketing prenant le pas sur l’art et le créatif, l’opposition permanente entre artistes et producteurs, la volonté des uns contre le cynisme des autres… C’est de ça dont il est question dans Milli Vanilli. A travers le destin cruel de Rob Pilastrus et Fab Morvan, Simon Verhoeven pointe du doigt les mécanismes d’un monde destructeur qui piège les artistes dans une posture dont il est difficile de s’extraire une fois les griffes refermées. Opérer un virage, casser une image, changer un modus operandi, refuser d’être enfermé dans une case, paraît difficile voire impossible dans un univers aux allures de prison formatée.

Ils étaient jeunes, plein de rêves de gloire, avides de croquer le monde et de démontrer leur talent. Puis ils ont signé un contrat sans forcément comprendre dans quoi ils mettaient les pieds. Comme s’ils avaient pactisé avec le diable en signant un contrat avec leur sang. On leur a écrit et chanté une chanson, ils n’avaient plus qu’à l’incarner dans un clip. « Oui mais… on ne chante pas ? Quand est-ce qu’on va vraiment chanter ?« . On verra ça plus tard. Ce « plus tard » va être la pelle qui creusera leur tombe. Le mensonge Milli Vanilli est enclenché et il sera quasi impossible de faire marche arrière après. Milli Vanilli est justement l’histoire d’un mensonge planétaire. Mais qui étaient les vrais menteurs ? Pas forcément ceux que l’on a cru. Les menteurs en disgrâce n’auraient-ils pas plutôt été les victimes aliénées par une machine plus forte qu’eux ? Le duo mondialement détesté apres l’éclatement du scandale était-il vraiment fautif ? Le film de Simon Verhoeven rétablit quelques vérités en montrant que les malheureux Rob Pilastrus et Fab Morvan étaient simplement deux naïfs pris au piège d’une supercherie orchestré par un producteur peu scrupuleux et lui-même dépassé par la petite arnaque qu’il a créée.

A ce fond passionnant, Simon Verhoeven plaque une mise en scène inspirée et intelligente. Dans une chambre d’hôtel luxueuse, le cinéaste fait dialoguer les deux ex-stars du groupe sur leur parcours, leurs succès et leurs erreurs. « Ok, on n’était pas de Saints, mais…« . Voilà comment commence le film. La suite sera un spectacle pop et musical, tantôt drôle et grisant, tantôt amer et tragique. Et Milli Vanilli sera une success story au goût aigre, doublée d’une injuste tragédie.

 

 

Par Nicolas Rieux

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