Nom : Catch me Daddy
Père : Daniel Wolfe
Date de naissance : 2015
Majorité : 07 octobre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Thriller, Drame
Livret de famille : Gary Lewis (Tony), Sameena Jabeen Ahmed (Laila), Conor McCarron (Aaron), Anwar Hussein (Juneid), Laila Bano, Nichola Burley…
Signes particuliers : Anglais et thriller rugueux, une association que l’on aime d’habitude. D’habitude…
ATTRAPE MOI SI TU PEUX !
LA CRITIQUE
Résumé : Laïla, jeune fille d’origine pakistanaise et son ami Aaron, jeune anglais, tentent d’échapper à une véritable chasse à l’homme lancée contre eux. Poursuivis dans les contrées austères du Yorkshire, ils vont tout faire pour tenter de sauver leurs vies…L’INTRO :
Pour son premier long-métrage écrit avec son frère Matthew, le réalisateur Daniel Wolfe (auteur de quelques courts dont Time to Dance avec Jake Gyllenhaal) signe une sorte de thriller rugueux à la britannique à deux doigts du film de genre mâtiné d’une composante de réalisme social rageur. De ces plongées radicales dans un univers âpre et sombre où la violence la plus explosive, jaillit au milieu du drame social, comme des fulgurances primitives qui viendraient défigurer une civisme de façade. Présenté à Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, Catch me Daddy est une proposition de cinéma. Le problème, c’est que la proposition en question part peut-être de quelque-chose, mais elle ne va significativement nulle part, ou plutôt dans une direction qui n’était pas la bonne.L’AVIS :
Les intentions affichées par Daniel Wolfe, d’un film brut et sans concession, étaient sans doute nobles sur le papier, de même que ses mélanges de tons entre réalisme ancré et surréalisme crépusculaire, entre émancipation féminine et univers cruellement misogyne, entre esthétisme travaillé et radicalité primaire, entre romanesque poignant et déflagration de violence… Le cinéaste se réclamait d’une longue tradition du néo-polar britannique, inspiré des œuvres matricielles à la danoise telles que la trilogie Pusher. Problème, par inexpérience, arrogance et autosatisfaction mal placée, Daniel Wolfe rate complètement son premier effort, incroyablement prétentieux là il n’a manifestement aucune raison de l’être compte tenu de la faiblesse de ses qualités, tant et si bien que l’on puisse en trouver.Pistes ouvertes puis abandonnées, impasses narratives en permanence, script nébuleux rempli de scènes foutrement inutiles, incohérences et non-explications à la pelle, mise en scène pompeuse où Wolfe se regarde filmer avec une étonnante suffisance comme s’il croyait sérieusement être Stanley Kubrick, bande originale insupportable cherchant à nous faire croire au pseudo-film sensoriel, esthétisme de pacotille reposant sur une vision artistique difforme et incohérente (un film brut de décoffrage jouant la carte de l’épure, pourquoi pas, mais rien n’interdit le recours à un chef op car la pénombre, c’est bien, mais dans certaines limites)… L’éventail des tares à imputer au film de Wolfe est aussi longue que la liste des scandales de Berlusconi. Pire, Catch me Daddy semble faire reposer toute son entreprise sur ses personnages, sauf que Wolfe ne les a jamais travaillés et semble presque se foutre de leur sort comme de sa première paire de chaussettes. Résultat, on finit par l’imiter et toute sa galerie de personnages insupportables et fades pourrait bien y passer dans d’atroces souffrances, que l’on en aurait proprement rien à cirer car le cinéaste n’a vraisemblablement pas compris que le viscéral passe nécessairement par un attachement empathique s’il ne veut pas sombrer dans le grotesque.Au final, tout est loupé dans cette tentative de polar à l’anglaise croisé avec le drame familial et reposant sur une intrigue sans intérêt remplissant son vide par d’autres couches de vide. On voit pourtant pertinemment où Daniel Wolfe voulait en venir avec son exercice visant la virée intimiste nourrie à l’exploration des bas instincts. Mais rien ne fonctionne, au mieux par maladresse, au pire par médiocrité et mépris mal placé du spectateur. Les rares fulgurances affichées par le film ne peuvent pas sauver une entreprise d’une vacuité sans borne et qui se résume à une succession d’erreurs commises. Le naturalisme de la chose s’effrite à force de gratter à la porte d’un cinéma d’auteur qui lui refuse sa noblesse et pour cause. Catch me Daddy est une arnaque au film personnel, en réalité drame de genre sans la moindre originalité, sans le moindre point de vue, sans le moindre second degré, privilégiant l’effroi d’un fait divers authentique (qui a inspiré le film) au lieu de cristalliser ses enjeux autour de personnages vraiment intéressants et non faussement racés.Transpirant le cynisme mal déguisé, Catch me Daddy se paye une sortie de route violente avant de finir contre un mur. Et c’est avec un naturel surréaliste d’aplomb que Wolfe tente de nous faire gober sa tentative en la faisant passer pour une tragédie intimiste intelligente, là où elle n’est qu’une fumisterie profondément ennuyeuse, dont les apparats de film d’auteur social coup de poing ne masquent pas le moins du monde son indigence et son amateurisme.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux