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Trois Hommes à Abattre et Pour la Peau d’un Flic : Deux classiques avec Alain Delon en versions restaurées – la critique des films

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Deux films avec Alain Delon (Trois hommes à abattre de Jaques Deray et Pour la peau d’un flic réalisé par l’acteur) sortent le 16 décembre dans de très belles éditions DVD/Blu-ray restaurées. L’occasion de (re)découvrir ou d’offrir, pour les fêtes de fin d’année, ces classiques du patrimoine cinématographique. Notons que trois classiques des années 30/40 adaptées des romans de Pierre Véry, Les Disparus de Saint-Agil et L’assassinat du Père Noël de Christian-Jaque, et Goupi Mains Rouges de Jacques Becker, paraissent dans la même collection (voir notre second article ici).

Capture d’écran 2015-12-13 à 20.10.59

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trois hommes a abattreMondo-mètre
note 5.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Trois hommes à abattre
Père : Jacques Deray
Date de naissance : 1980
Majorité : 16 décembre 2015
Type : Sortie Blu-ray/DVD
(Éditeur : Pathé)
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Polar

Livret de famille : Alain Delon, Dalila Di Lazzaro, Michel Auclair, Pascaline Roberts, Lyne Chardonnet, Jean-Pierre Darras, Bernard Le Coq, François Perrot…

Signes particuliers : Entretiens avec Alain Delon, Agnès Vincent-Deray, Alain Terzian et Olivier Rajchman (20 min). Film-annonce

Résumé : Ancien policier reconverti en détective, Choucas est engagé pour retrouver Marthe, une jeune fille portée disparue. Lorsque la mère de celle-ci est assassinée, Choucas tente de lever le mystère qui pèse sur l’affaire. Alors que son enquête progresse, il découvre qu’il est la nouvelle cible des meurtriers. Contraint pour se défendre de tuer l’un d’eux, c’est la police, à son tour, qui se lance à sa poursuite.

LA CRITIQUE

Années 70/80 en France. Deux stars mythiques se livrent un duel acharné au sommet du box office : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Les deux ont une notoriété énorme, mais le premier semble avoir une longueur d’avance en terme de sympathie alors qu’il commence à prendre également la main sur les entrées. Une différence notable commence progressivement à se marquer. Belmondo s’affirme de plus en plus comme une icône dans le cœur du public, là où le second laisse poindre ses premiers signes d’égo surdimensionné, eu égard à son passif de comédien à « belle gueule » ayant tourné avec les plus grands. La différence deviendra finalement simple. Bébel s’impose comme l’incarnation d’un populaire naturel, alors que Delon semble se forcer à le devenir (ou le rester) pour le supplanter. La bataille se jouera essentiellement sur le terrain du film policier. L’un dégaine, l’autre réplique, et ainsi de suite. En 1980, Belmondo vient de connaître un succès foudroyant avec Flic ou Voyou (puis dans la foulée, avec la comédie Le Guignolo). Alain Delon riposte en produisant Trois Hommes à Abattre, mis en scène par Jacques Deray, succès qui s’envolera à plus de deux millions d’entrées.3-hommes-a-abattre-1980-01-gL’AVIS :

Librement tiré d’un roman de Jean-Patrick Manchette dont l’adaptation est coécrite à six mains par Delon, Deray et Christopher Frank, Trois Hommes à Abattre a tout du Delon type de l’époque. Un rôle de dur aux allures de véhicule pour le comédien, un soupçon de romance sexy, des méchants, un gentil, une traque. Simple et efficace. Peut-être un peu trop, même. Car au final, Trois Hommes à Abattre viendra se fondre dans la masse des films du genre estampillé « Delon », au point qu’on les confondrait presque tous les uns les autres aujourd’hui. Loin des sommets de sa carrière (La Piscine ou Borsalino), Deray s’efface derrière sa star fortement mise en avant. Occupant plus un poste de faiseur sur un film ultra-calibré, le cinéaste déroule mécaniquement, sans grand génie, mais avec solidité. Trois Hommes à Abattre se suit sans déplaisir, comme un policier classique de sa période manufacturé pour faire le job, mais l’on n’en retiendra finalement que peu de choses. Au milieu d’une intrigue conventionnelle à la crédibilité très relative, brilleront surtout sa belle séquence de poursuite en voiture, le charme italien de Dalila Di Lazzaro (imposée par Delon au casting) ou son dernier plan à la sombre radicalité marquante.

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pour la peau d'un flicMondo-mètre
note 4.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Pour la peau d’un flic
Père : Alain Delon
Date de naissance : 1981
Majorité : 16 décembre 2015
Type : Sortie Blu-ray/DVD
(Éditeur : Pathé)
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Policier

Livret de famille : Alain Delon, Anne Parillaud, Michel Auclair, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Xavier Depraz, Jacques Rispal, Gérard Hérold, Pierre Belot, Mireille Darc…

Signes particuliers : Derrière la caméra (24 min). Film-annonce

Résumé : Ancien policier reconverti en détective, Choucas est engagé pour retrouver Marthe, une jeune fille portée disparue. Lorsque la mère de celle-ci est assassinée, Choucas tente de lever le mystère qui pèse sur l’affaire. Alors que son enquête progresse, il découvre qu’il est la nouvelle cible des meurtriers. Contraint pour se défendre de tuer l’un d’eux, c’est la police, à son tour, qui se lance à sa poursuite.

LA CRITIQUE

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même (à plus forte raison quand on est doté d’un tel égo), Alain Delon se chargera en personne de se faire briller en 1981. Restant dans le sillage du film policier qui vient de lui réussir avec Trois Hommes à Abattre, le comédien réalise son premier long-métrage, dans lequel il tient bien évidemment la vedette. Delon s’était déjà frotté à la mise en scène avec Les Granges Brûlées en 1973, sans toutefois être crédité au poste. Le désormais « réalisateur » s’associe à Christopher Frank (coscénariste du film précédent de Deray) et adapte encore une fois un roman de Jean-Patrick Manchette, Que d’os !.pour-la-peau-d-un-flic-02-gL’AVIS :

Delon dirige un Delon qui phagocyte l’écran en faisant du Delon, et en essayant de s’affirmer contre le seule et vraie superstar du genre en France. Voilà en somme comment l’on pourrait résumer Pour la Peau d’un Flic, énième policier interchangeable de l’acteur dans les années 80. Occupant l’espace de bout en bout, Delon se donne le beau rôle et n’a pas de scrupules à se construire lui-même un véhicule visant l’efficacité en reprenant tout ce qui plaît au public de l’époque, au diable ses qualités de metteur en scène. Car avouons-le, il ne brillera pas par ses aptitudes au poste. Pas plus qu’il ne brillait d’ailleurs par la finesse de son jeu ou ses qualités de scénariste. Au mieux regardable pour les amateurs du genre, Pour la Peau d’un Flic ne restera pas dans les annales, passant davantage comme une riposte à l’adversaire Belmondo dans un sacré concours de « qui aura la plus grosse ». Et à ce titre, on ne manquera pas s’attarder sur cette réplique où le sieur Delon envoie une pique bien sentie à son concurrent, en le mentionnant clairement, avec en fond, ce message pas des plus finauds : « lui, c’est du cinéma, moi, c’est la réalité« . En attendant, l’humble sympathie de Bébel lui permettait de laisser le charme opérer en toute simplicité, alors que Delon remuait ciel et terre pour l’atteindre, sans succès. Et Pour la Peau d’un Flic, au-delà de sa facture très moyenne, de sentir la frustration d’un artiste de plus en plus distancé.

 Par Nicolas Rieux

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