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SUING THE DEVIL (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Suing the Devil
Parents : Timothy A. Chey
Livret de famille : Malcolm McDowell (Satan), Bart Bronson (Luke), Tom Sizemore (l’avocat télé Tony Anzalo), Shannen Field (Gwen)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h35 – 400.000 $

Signes particuliers (+) : Une idée géniale au potentiel dément. La présence de Malcolm McDowell qui se livre à un délicieux numéro d’acteur. Quelques bons gags et réparties inspirées.

Signes particuliers (-) : Une réal en dessous de tout, proche d’une épisode de Dawson. Musique, plans, narration : horribles. Un potentiel monstrueux sabordé par son non-talentueux créateur.

 

SUING THE DEBILE DIRECTOR…

Résumé : Un jeune étudiant en droit excédé par le monde qui l’entoure, qui s’enfonce dans la haine et la violence, décide de prendre ses responsabilités et d’attaquer le véritable responsable de cette spirale infernale devant les tribunaux. L’accusé ? Le diable Satan en personne ! Et surprise, ce dernier à qui l’on réclame 8 milliards de dollars se pointe à son procès ! Que les jeux commencent…

L’idée d’un jeune et pieux avocat qui, dégouté par le devenir fou du monde qui l’entoure entre meurtres, violence, maladies, famines ou guerres, décide de prendre ses responsabilités et de d’attaquer rien de moins que le Diable en personne en justice (!?) avait tout pour déboucher sur une foldingue petite série B aux accents loufoques à la limite du surréaliste. Quand on y repense, le pitch de Suing the Devil est quand même furieusement génial et jouissif, aussi grotesque puisse t-il paraître de prime abord. A partir de ce postulat fou d’originalité (et fou tout court, même) le scénariste/réalisateur Timothy Chey, un petit gars de l’ombre qui n’a jamais rien fait de vraiment palpitant à ce jour si ce n’est un plutôt bien côté Live Fast, Die Young, développe une histoire improbable (quoique pas si bête) croisant la comédie noire et le film de tribunal pour un délire que n’aurait pas renié le David E. Kelley de la série Boston Legal. Mais si l’idée de traîner Satan devant les tribunaux n’est pas si farfelue pour l’auteur de Suing the Devil, alors pourquoi ne pas envisager également d’y traîner dans le même Tim Chey, le réalisateur, coupable ici de nous foutre en l’air la pépite espérée la plus bandante de l’année !

Sur fond de thématique horrifique, Suing the Devil enchaîne les bonnes idées dans son récit, entre intensité et hilarité, débusque des argumentaires aussi inspirés qu’intelligents et s’appuie sur le jeu charismatique d’un comédien de rêve pour le rôle, Malcolm Orange Mécanique McDowell. Tout en truculence, en verve et en grandiloquence, l’acteur de Caligula ou de La Féline, immortalisé par son rôle de sociopathe sadique dans le classique de Stanley Kubrick, s’en donne à cœur joie dans un film qu’il produit lui-même, seulement freiné par les limites d’un scénario qui aime à régulièrement se tirer une balle dans le pied par sa naïveté, sa bêtise dans les grandes et grossières lignes de son histoire, enchaînant les moments jubilatoires avec des séquences entières ahurissantes de ridicule.

Réalisé comme un épisode de la série Dawson, avec les dialogues idiots et les musiques pop-mélancoliques-lamentables qui vont avec, Suing the Devil annihile sans cesse son potentiel terrifiant et passionnant, de même que sa charge sérieuse, par un comique involontaire à dissocier du comique volontaire issu de la personnalité d’un diable joueur et mesquin plutôt bien cerné. Un Diable qui trouve l’interprète idéal avec un McDowell énorme. Qui de mieux que l’acteur popularisé par un personnage dément de méchanceté gratuite, sorte de Satan personnifié dans le cops d’une jeunesse à la dérive, aurait pu se glisser dans la peau du plus grand fléau biblique pour l’humanité ? Sauf que face à lui, pour lui tenir la dragée haute et former un tout cohérent comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, on aurait aimé du répondant et ce n’est certainement pas ce qu’apporte le catastrophique Bart Bronson et ses cheveux blonds mi-longs qui ferait presque passer à lui seul Casper Van Dien pour l’un des plus grands génies sortis de l’Actors Studio ! A baffer, complètement à côté de la plaque quand il récit ses dialogues surréalistes de crétinerie dans un surjeu permanent à la limite de la parodie, Bronson est censé être le côté « Bon » de cette lutte entre le Bien et le Mal devant une cours de justice qui fait office de bataille théologique entre partisans de Dieu et admirateurs corrompus du Malin. Mais le « comédien » est juste l’un des nombreux éléments qui font de Suing the Devil un film bourré de bonnes idées visuelles, narratives, argumentaires mais que l’on pourrait résumer comme du chocolat gourmet servi dans un pot de chambre. C’est avec une profonde frustration que l’on traverse ce gâchis monumental qui à partir d’une idée géniale, réussit à accoucher d’une bouse sur la forme car, sur le fond, la matière est là. Et c’est bien ça le pire d’ailleurs ! Il manquait juste une vraie équipe de cinéma aux commandes en lieu et place d’un tâcheron qui n’a rien d’un cinéaste, et dont le script était entièrement à retoucher (en commençant par la fin qui ressemble frappée du syndrome « je sais pas comment faire finir mon film ») ainsi qu’un vrai producteur qui se serait rendu compte qu’il y avait un sérieux problème avec le casting dont seul émergent McDowell bien sûr mais aussi un Tom Sizemore dans un petit rôle assez délicieux de consultant juridique sur une émission de télé suivant ce « procès du siècle » qui perd sacrément de sa superbe tant il est sous-traité. Ah on va le ruminer longtemps ce sacrilège cinématographique car bon sang, ça aurait pu être énorme. Une bonne partie de la matière était déjà là. En fait, la seule chose qui nous reste, c’est le rêve. Le droit de rêver à un autre traitement reprenant le meilleur ici présent (McDowell en tête) pour un remake plus ambitieux, avec de vrais moyens, un vrai réalisateur, plus d’ampleur, développant tout ce que Suing the Devil laisse de côté (l’armée d’avocats de Satan par exemple, l’opinion publique suivant ce moment historique ou des pans entiers de sujets à aborder au procès). « Si seulement », comme le dit la bande-annonce…

Bande-annonce :

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