SOUS LA SEINE de Xavier Gens : la critique du film [Netflix]

Des requins en plein Paris qui bouffent les gens dans la Seine pendant les JO… On l’aimerait d’amour très très fort un film pareil. Ça tombe bien, il existe enfin. À la petite nuance que les prochains Jeux Olympiques sont remplacés par un grand triathlon servant justement de petite répétition à la mairie de Paris question accueil et organisation, en vue du grand barnum sportif à venir cet été. Pour le reste, on est bon : les humains ont niqué la planète à force de balancer du plastoc dans les océans, les animaux essaient de s’adapter à leur nouvel environnement, comme des requins qui ont réussi s’acclimater à l’eau douce et ainsi remonter la Seine pour s’inviter en plein dans la capitale ! Bandant sur le papier.

Sauf que t’as beau être un film de rêve avec tous les atouts d’une bonne série B alléchante, tu peux pas lutter quand t’es plus nul que le résultat des dernières Européènnes, que t’as des acteurs qui jouent aussi mal que ceux d’une sitcom AB et que tu traînes des effets spéciaux dignes d’une application gratuite de smartphone. Pourtant c’était pas Sharknado le bordel, il y avait un peu de budget (20 patates), des stars, des ambitions, un réalisateur chevronné aux commandes (Xavier Gens, le papa de Frontière(s) ou Farang) et la puissance Netflix en sous-main. Mais bon sang que c’est mauvais.

Parce qu’on aimait le concept, parce qu’on avait envie d’aimer le film et l’amusement jouissif et déglingo qu’il promettait, une petite voix tente de nous susurrer à l’oreille pendant tout le film que oui, « c’est nul mais c’est tellement cool et rigolo« . Le pire c’est que ce n’est pas complètement faux puisqu’on finit par s’en auto-persuader. A vrai dire, on s’amuse un peu devant ce Sous la Seine… mais tout en ayant conscience que ce semi-plaisir est en bonne partie gâché par un potentiel sabordé. Sous la Seine n’est ni séduisant comme un doux nanar, ni flippant comme le film d’épouvante qu’il aurait du être, il n’est ni savoureux, ni vraiment généreux, ni bourré de second degré et son niveau qualitatif part rejoindre ses requins numériques… sous la Seine. Visuellement c’est dégueulasse et comme l’affaire a un peu plus d’ambitions que les daubasses rigolotes type Sharknado, ça picote sévère et ça peine à s’excuser. C’est écrit avec les pieds, c’est réalisé avec des moufles (l’attaque inaugurale est à pisser du sang par les yeux), bref il n’y a pas grand-chose qui va. Le pire c’est qu’on arrive presque à prendre un demi-kiff intermittent dans ce naufrage. Peut-être parce que dans un coin de notre tête, on passe tout le film à fantasmer ce que l’on voudrait voir et qu’il n’y a pas à l’écran.