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SHÉRIF JACKSON de Noah et Logan Miller
Critique – Sortie DVD (western)

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Spectateurs

21038688_20130911102925701.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre :
note 7
Carte d’identité :
Nom : Sweetwater (aka Sweet Vengeance)
Père : Noah et Logan Miller
Livret de famille : January Jones (Sarah), Ed Harris (Shérif Jackson), Jason Isaacs (prophète Josiah), Eduardo Noriega (Miguel), Stephen Root (High), Jason Aldean (Daniel), Vic Browder (Martin), Noah Miller et Logan Miller (Levi/Jacob)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 09/10/13 (en salles) / 10 février 2014 (en vidéo)
Nationalité : USA
Taille : 1h35
Poids : 7 millions €

Signes particuliers (+) : Un western comico-crépusculaire, mêlant sauvage violence passionnelle et humour décalé ravageur, dans une série B savoureuse à l’esthétisme magistral. Un must de recréation référentielle du western bis à l’ancienne hautement jubilatoire faisant revivre le genre en conjuguant ses références avec une folle créativité, sans tomber dans le délire grindhouse outrancier à la Tarantino et Rodriguez. Avec beaucoup d’intelligence et une inventivité folle, le souvenir des codes ultra-classiques d’un genre s’allie à une terrible modernité réjouissante pour un résultat magnifique, réjouissant et génialement interprété. Une tuerie !

Signes particuliers (-) : Un oeuvre mineure.

 

UN SHÉRIF PAS COMME LES AUTRES

Résumé : Les plaines arides du Nouveau-Mexique, Sarah, une ancienne prostituée, découvre le corps sans vie de son mari, sauvagement assassiné par un fanatique religieux à la tête d’une communauté voisine. Sa croisade vengeresse sera terrible alors que l’extravagant shérif Jackson rôde dans les parages, enquêtant sur un supposé double-meurtre…

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L’INTRO :

Mais qui sont en fait Noah et Logan Miller, les deux auteurs derrière ce Shérif Jackson, western de série B qui semble débarquer de nulle part, tout comme eux d’ailleurs ? Tout simplement, deux frères jumeaux passionnés de cinéma depuis leur plus tendre enfance, et qui avec une haute dose de débrouillardise, avaient réussi à monter leur premier film en 2008. C’était Touching Home, un drame sur le baseball avec déjà Ed Harris en tête d’affiche, que les deux jeunots avaient réussi à convaincre avec un culot monstre. Devenu leur mentor dans le métier et convaincu de leur talent, l’acteur culte a décidé de leur faire confiance et de les soutenir au maximum en produisant leur second effort, Shérif Jackson donc, un western décalé voire déjanté, doucement rétro et surtout hautement référentiel. Sans moyens déments (7 millions seulement) mais avec un élégant casting, Ed Harris en tête, January Jones en belle veuve revancharde, mais aussi Jason Isaacs en prédicateur taré ou Edouardo Noriega en petit fermier victimisé, Shérif Jackson débarque en salles chez nous de façon un peu anecdotique et c’est bien dommage car voilà une pépite totalement inattendue et pourtant sacrément excellente !

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L’AVIS :

Avec son ton marginal jouant bizarrement d’un étrange mélange des styles, naviguant entre la comédie noire et le western musclé, errant entre l’œuvre mineure d’exploitation bis et le film d’auteur aux plans léchés se permettant presque de convoquer Terrence Malik ou arborant un arc dramatique extrêmement basique mais agrémenté parfois d’une douce singularité d’approche le rendant follement original, Shérif Jackson est autant un western crépusculaire passablement décalé qu’une splendeur d’histoire de vengeance conjuguée au féminin. Magnifié par la mise en scène haute en couleurs du duo fraternel et par l’énorme prestation de ses comédiens, d’un Ed Harris fascinant de décalage drolatique à une January Jones magnifique dans son contre-emploi de revancharde badass, en passant par un Jason Isaacs terrifiant de folie, cet exercice réjouissant et roublard est déroutant parfois, jubilatoire souvent, magnifique toujours. Hautement référentiel et assimilant ses inspirations pour mieux les incorporer dans un délire sublime de modestie, Shérif Jackson  renvoie autant à Peckinpah qu’aux délires bis du tandem Tarantino et Rodriguez, en passant par les grandes heures du western d’exploitation à l’italienne ou même le Appaloosa signé justement par Ed Harris.

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On pourrait croire là, à nouveau un délire estampillé grindhouse si le film ne trouvait pas un meilleur équilibre dans la corrélation du second degré référentiel et du sérieux premier degré ne jouant pas outrance du renvoi à un style passé. Les Miller fourmillent de références et ça se sent avec une intrigue bâtie sur un amoncellement de clichés à commencer par la trame générale et les personnages typiques, mais elles ne les empêchent jamais de réaliser leur propre film profondément stylé et esthétisé. La violence et la sauvagerie y côtoie une classe hallucinante et une beauté de facture admirable, le gentiment bis évolue conjointement avec un débordement d’ambitions créatives, et l’ensemble assume à 100% son statut sans pour autant souffrir d’un quelconque complexe d’infériorité, au contraire, puisqu’il cherche sans arrêt et non sans malice, à exploiter ce qu’il est dans le fond pour en tirer le meilleur. Humour impayable et vengeance flick transposé au Far West, Shérif Jackson séduit sans peine, cocktail iconoclaste savoureux et rafraichissant qui prend son temps pour mieux nous entrainer vers son dernier tiers furieux qui se transforme en « kiff » simple mais efficace. Si le duo Tarantino / Rodriguez avait voulu faire une incursion westernienne moins parodique et outrancière, faisant revivre une époque avec sérieux et en la modernisant, ça aurait pu donner ça ! Cette délicieuse folie barrée, mineure mais récréative, qui aura de grandes chances d’irriter les non-amateurs de légèreté second degré avec son cynisme assumé, est aussi excentrique qu’elle n’est ludique et propose un beau de cinoche sans complexe rejouant une partition connue mais avec beaucoup d’inventivité et de caractère, ce qui lui permet de son hisser bien plus haut que sa visée de départ. Un régal bien mené qui prend son temps pour délivrer la pleine mesure de ses intentions pop-cool mais sans jamais perdre de vue que bis d’exploitation n’est pas incompatible avec virtuosité de la mise en scène. Une sacrée surprise !

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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