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RUSH de Ron Howard : critique du film & et Blu-ray

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Spectateurs

RUSH-Affiche-USA-1Mondo-mètre :
note 8
Carte d’identité :
Nom : Rush
Père : Ron Howard
Livret de famille : Chris Hemsworth (James Hunt), Daniel Brühl (Nikki Lauda), Olivia Wilde (Suzy), Pierfrancesco Favino (Ragazzoni), Alexandra Maria Lara (Marlene), Natalie Dormer (Gemma), Tom Wlaschiha (Harald), Christian McKay (Esketh)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 25 septembre 2013 (en salles) / 29 janvier 2014 (en vidéo)
Nationalité : USA, Angleterre, Allemagne
Taille : 2h03
Poids : 38 millions $

Signes particuliers (+) : Un bolide lancé à 400 à l’heure et piloté par un Ron Howard virtuose de la route. Rush est l’un des meilleurs films de l’année, dépassant sa seule condition de biopic sur la rivalité entre deux sportifs, pour embrasser des thématiques bien plus grandes sur l’homme, sur sa folie, sur le dépassement de soi, sur l’expérience du flirt avec les extrêmes limites de la vie pour en ressentir toute la saveur vibrante. Intense, angoissant, poignant, spectaculaire et viscéral, il offre au passage à ses deux comédiens stars, un superbe numéro d’acteur dans un film élégant et minutieux. Une claque magistrale tant visuelle que narrative et sensorielle.

Signes particuliers (-) : x

 

RON HOWARD PIED AU PLANCHER

Résumé : Années 70, deux pilotes talentueux se retrouvent face à face en Formule 3 et livrent une grosse bataille. D’un côté, le britannique James Hunt, playboy charmeur, cool et élégant apprécié de tous pour son charisme. De l’autre, l’autrichien Nikki Lauda, surnommé « face de rat », être renfermé, réfléchi et désagréable. De cette concurrence entre deux personnalités fortes renvoyant à deux idéaux de vie diamétralement opposés, va naître un duel de légende de l »histoire du sport, à la rivalité exacerbée…

RUSH
L’INTRO :

Deux ans après l’échec de son anecdotique Le Dilemme, sorti en France dans l’indifférence générale, le père de Cocoon et Willow Ron Howard fait un retour fracassant avec Rush, récit investissant les années 70 pour narrer la rivalité sportive sur les circuits de Formule 1 entre deux compétiteurs de légende, Nikki Lauda et James Hunt, combat qui aura atteint son paroxysme au terme d’une saison mémorable et historique en 1976. Ron Howard conjugue deux exercices qu’il a déjà approché à plusieurs reprises par le passé, le biopic sous tension et le film sur le monde du sport. Ou quand Apollo 13 entre en collision avec De L’ombre à la Lumière (déjà un biopic sportif sur l’histoire d’un boxeur) et que de leur choc frontal nait un chef d’œuvre dépassant le récit de sa simple histoire vraie pour embrasser des thématiques plus grandes. Cerise sur le gâteau, Rush est dominé par une superbe distribution offrant à deux excellents comédiens mésestimés, l’occasion de se livrer à un immense numéro d’acting, d’un côté le germanique et talentueux Daniel Brühl qui incarne un Nikki Lauda au physique atypique dit de « rat » et de l’autre, l’américain Chris Hemsworth, acteur trop catégorisé et qui se glisse là dans la peau du pilote charmeur irrésistible James Hunt. Un casting où l’on retrouve également l’élégante Olivia Wilde, la sexy Natalie Dormer ou encore l’épatant italien Pierfrancesco Favino (ACAB)…

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L’AVIS :

Si vous aimez la F1, alors vous aurez l’illustration intense et magnifique de l’un des plus beaux et des plus grands duels de l’histoire du sport. Et si au contraire vous n’aimez pas, aucune importance, Rush étant avant tout une terrible histoire de folie humaine, de compétition, d’égos, de passion et de rage, une histoire forte sur l’expérience du flirt avec les limites de l’abandon total à l’ivresse de l’existence dans toute son essence et son ressenti, sublimée par un Ron Howard que l’on n’avait pas vu aussi brillant depuis son excellent Apollo 13. Une passionnante affaire d’hommes où l’exploration des frontières de la vie passe par la confrontation dangereuse avec la lisière de la mort. Ou comment des êtres extrêmes peuvent aller jusqu’à la défier pour vraiment se sentir vraiment vivant.

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Ron Howard met en scène et fictionnalise un sommet de l’histoire de la F1 dans un film avant tout sur l’essence même du sport et le rapport intrinsèque et viscéral qui le lie si férocement à l’homme, qui le pousse, qui le transcende, qui le libère et le déchaîne. Angoissant, exaltant, palpitant, Rush est le pendant en film d’un documentaire comme Senna (chef d’œuvre d’Asif Kapadia), une odyssée exceptionnelle sur deux hommes exceptionnels que tout opposait. L’un était un playboy hédoniste redoutable et obsessionnel, un chasseur impulsif et inconscient mué par la force de la passion brute et de l’instinct, l’autre un homme plus réservé, plus réfléchi, concevant son métier avec calcul et raisonnement, compensant son manque de folie sensorielle par une intelligence aiguisée et une maîtrise totale de son environnement.

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C’est un Ron Howard sublimé que l’on retrouve ici, plus virtuose que jamais. Ses comédiens avalent l’asphalte tandis que lui nous fait renifler le fuel, l’odeur du caoutchouc des pneus surchauffés, au son des moteurs vrombissants et de la vitesse à filer des frissons. Rush prend aux tripes, les nouent, les met aux supplices, à plus forte raison si l’on ne connait pas l’épilogue de ce bras de fer d’anthologie entre deux rivaux acharnés. Tout est parfait dans ce travail plus que méritant, de la BO d’Hans Zimmer rajoutant des litres d’emphase aux prestations du duo star au sommet de leur talent, du travail sonore surpuissant à la reconstitution de l’époque millimétrée et minutieusement étudiée. En chef d’orchestre, le cinéaste se montre brillant avec une mise en scène tendue au cordeau, épique, virevoltante et créative, soulignant le duel exacerbé de ces fous du volant pour le porter au rang de claque désarçonnante. Les changements de rythme du film se font au diapason des changements de rapport de ces boîtes à vitesses monstrueuses, l’utilisation des archives est faite avec parcimonie dans un summum d’émotion, la réalisation est inspirée comme jamais dans sa filmographie avec un imparable jonglage entre courte et longue focale, plan à raz du bitume et vue d’ensemble, en adéquation avec un montage malléable alternant le cut efficace implacable et la mobilité gracieuse impeccable. Mais rien n’aurait pu être si transcendé sans un scénario rendant de façon optimale cette opposition divine entre deux dieux en leur royaume. Et là encore, en plein dans le mille. L’intelligence du découpage s’approchant de la perfection se nourrie d’une narration magistrale (le script est signé Peter Morgan, derrière Le Dernier Roi D’Ecosse, Frost/Nixon, Skyfall ou The Damned United, magnifique pépite sur le monde du football anglais des années 70, déjà) naviguant entre ses deux co-héros, un exercice pourtant au combien difficile, par des mouvements dramaturgiques et narratifs irréprochables d’équilibre, de finesse et de grâce. Au gré des minutes, au gré des courses qui s’enchaînent, des caractères qui s’affirment, Rush monte crescendo en puissance et en régime pour se diriger fatalement vers un final étourdissant livrant sa plus belle bataille et prouesse.

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Impressionnant et dantesque, Rush est la démonstration que le sport et son sens du dépassement de soi peuvent livrer les plus belles aventures humaines. Au volant d’un bolide lancé à plein régime et fendant l’air sur son passage, Ron Howard nous fait vivre une expérience terrassante, immersive et inoubliable, une balade spectaculaire baignant dans l’ambiance des paddocks avec toute la pression qui anime et agite ce monde au souffle suspendu le temps de courses aussi craintes qu’exaltantes. Ce souffle en apesanteur, on l’a aussi, comme si on y était, la peur au ventre, la pression lourde sur les épaules, tout ça mêlé à l’excitation, comme si l’on était coincé avec ces amoureux du danger dans ces sièges baquets de ces monoplaces semblables à des cercueils sur roues ou à des bombes lancées à pleine vitesse à travers la piste. Récit d’une addiction effrayante pour l’adrénaline comme source de l’euphorie primaire de la vie, Rush restera comme l’un des plus beaux films de cette année 2013 et une formidable histoire de rivalité/amitié/respect entre deux pilotes, deux géants, deux idéaux et philosophies de vie diamétralement antagonistes, mais unis par un même sport, par une lutte à la fois fraternelle et jalousement haineuse. Pourtant, il se dégage de toute cette impression de non-sens futile, un parfum d’aventure que l’on souhaiterait presque connaître, auquel on souhaiterait presque goûter. Plus qu’un film au sujet rebutant pour les non-initiés, un moment fort et ahurissant de cinéma à couper le souffle porté par un suspense tétanisant. Ron Howard signe une réussite incontestable, un déflagration percutante traversée de choix judicieux et marquée par une maîtrise de chaque instant époustouflante. Appelé à devenir un classique du genre, ce tour de force au lyrisme palpable nous balançant d’un grand coup dans le dos au bord de la piste au plus près du danger et des sensations, est une surprise stupéfiante et inouïe, remplissant plus qu’allègrement les intentions dessinées par son cahier des charges en se dédouanant des pièges qui le guettaient (surenchère d’effets spéciaux et d’action bourrine, facilités d’écriture, dénaturalisation de l’esprit et des valeurs du sport etc). Une claque aller/retour qui redonne ses lettres de noblesse au genre en ayant l’intelligence de ne s’aliéner aucun public par son accessibilité à tous. Montez dans vos voitures, enclenchez la première et foncez (avec prudence) en salles pour assister sur grand écran à l’une des plus belles batailles faite homme de l’année.

Rush Movie(Les vrais James Hunt et Nikki Lauda)

Le Test DVD/Blu-ray : Si comme vous pouvez vous en doutez, on conseille fortement l’achat de Rush, film indispensable à toute étagère de cinéphile mais aussi tout simplement aux amateurs de bons films, on ne saurait que trop vous diriger vers l’achat du Blu-ray. Incontestablement, Rush se prête idéalement au format HD de part la qualité de son image et le soin apporté à son esthétique et aux détails. La découverte de Rush en blu-ray est un choc visuel qui fait écho à sa découverte en salles. L’image haute définition magnifie le travail de Ron Howard et met littérairement le spectateur à genoux, le souffle coupé. Le travail sonore fournit un puissant DTS-HD en 5.1 qui achève de rendre cette claque non seulement spectaculaire mais aussi fichtrement immersive. Une expérience qui ne perd absolument rien dans son passage du grand au petit écran grâce à une galette plus que soignée dans son rendu image. Côté bonus, grâce à un documentaire passionnant, il est possible de revivre la véritable histoire du duel Lauda/Hunt à partir d’archives extraordinaires. Le traditionnel making of permet quant-à lui d’en savoir plus sur les prouesses techniques époustouflantes d’un film admirable de réalisme (le tout pour un budget étonnamment réduit). Enfin, 14 minutes de scènes coupées. Le meilleur reste à venir. Fidèle à sa politique tarifaire honnête, Fox Pathé Europa propose un lancement à seulement 14,99€. A ce prix là, n’hésitez plus, foncez comme une F1 !

Bande-annonce :

Nicolas Rieux, 13 septembre 2013

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