Mondociné

NIGHT FARE de Julien Seri : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

night fareMondo-mètre
note 6 -10
Carte d’identité :
Nom : Night Fare
Père : Julien Seri
Date de naissance : 2015
Majorité : 13 janvier 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h20 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de famille : Jonathan Howard (Chris), Jonathan Demurger (Luc), Fanny Valette (Ludivine), Jess Liaudin (le chauffeur), Edouard Montoute (le policier)…

Signes particuliers : Une petite série B de genre française bien fichue et ambitieuse, c’est pas si courant.

UBERCHOPATHE

LA CRITIQUE

Résumé : Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?518236416_1280 L’INTRO :

Le cinéma de genre français n’a jamais vraiment eu la côte auprès des amateurs, et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayer encore et encore. Les efforts se suivent et les critiques, tantôt injustes tantôt lucides, se ressemblent souvent, égratignant parfois avec une grande virulence, les efforts entrepris. Le déficit d’image perdure sans qu’il y ait amélioration et c’est dans ce contexte ô combien difficile, que déboule Night Fare et son chauffeur de taxi psychopathe qui va prendre en chasse de jeunes crétins qui ont voulu la jouer « taxi-basket ». Produit pour des cacahuètes après une première mise de départ indépendante, puis une levée de fonds via le site de crowdfunding Ulule accompagnée du soutien de plusieurs cinéastes de renom (Matthieu Kassovitz ou Jan Kounen, entre autres), Night Fare est le troisième long-métrage du réalisateur Julien Seri, cinéphile éminemment geek, amoureux du cinoche et ça se voit, en plus d’être une révélation bourrée d’un talent à encore polir pour ceux qui ne l’avaient pas encore distingué après sa pelletée de pubs et de clips, sa bonne dizaine de courts métrages, sa poignée de scénarios écrits, et ses deux précédents longs-métrages (Le Fils du Vent ou Scorpion). Julien Seri s’activait sur plusieurs fronts depuis 2007 et son dernier film en date, sans parvenir à concrétiser aucune entreprise. C’est finalement avec un projet « léger et rapide sur lequel il n’avait rien à perdre mais tout à gagner » comme il le qualifie, que le bonhomme a pu remettre se remettre en selle. Pari réussi, Night Fare a connu les honneurs des festivals de Strasbourg ou de Sitges.night-fareL’AVIS :

Avec les moyens du bord (budget total : 1 millions d’euros), Julien Seri propose une virée nocturne hallucinée visant le fun cher au survival racé et le cool d’une humble série B qui dépote. Sa course-poursuite acharnée dans une région parisienne moribonde aux allures de vaste terrain social déserté, se révèle efficace et haletante, en plus d’être bien tenue par un metteur en scène qui essaie sans cesse d’apporter de la valeur ajoutée à son travail et de dépasser le statut de « petit film fauché » en prouvant que le talent est le meilleur moyen de compenser un budget restreint. Night Fare aurait pu être plus violent, plus rugueux, plus impactant, moins sage, mais l’effort, sincère et honnête, est en l’état une bonne petite surprise nerveuse, dont on ne pourra que louer le formalisme très esthétisé, injecté par un cinéaste qui égrène ses références, de Maniac Cop à Drive, en passant par Kill Bill, Duel, Collateral ou Orange Mécanique.Night FareJulien Seri réussit surtout à iconiser chaque scène, à faire de son « boogeyman » une vraie figure de cinoche imposante et terrifiante, enracinée au centre de ce thriller intense à la beauté plastique sidérante (la photo et les cadrages brillent d’un éclat grandiose). Et si le final mythologique, à la fois déconcertant et audacieux, sera à double-tranchant, surprenant et bienvenu pour les uns, inadéquat et bancal pour les autres, il aura au moins le mérite d’élever soudainement les ambitions d’un petit film malin et créatif qui fonctionne au-delà des espérances. Night Fare a ses limites, elles sont même évidentes, mais les aventureux qui ne reculent devant rien et qui aiment découvrir de petites pépites de genre tout en acceptant leurs imperfections quand elles sont le fruit d’un travail monté avec passion et envie, sauront apprécier cette tentative louable qui fait du bien par où elle passe. Night Fare est ce que l’on peut appeler une « modeste réussite », le duel tout en tension entre deux traqués et un ange de la mort aux allures de machine inarrêtable et intraitable.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

2 thoughts on “NIGHT FARE de Julien Seri : la critique du film

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux