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MEN, WOMEN & CHILDREN de Jason Reitman
Critique – Sortie Ciné

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note 5.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Men, Women & Children
Pères : Jason Reitman
Date de naissance : 2014
Majorité : 10 décembre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Ansel Elgort (Tim), Jennifer Garner (Patricia), Adam Sandler (Don), Rosemarie Dewitt (Helen), Judy Greer (Donna), J.K. Simmons (Père d’Allison), Dennis Haysbert (l’amant d’Helen), Olivia Crocicchia (Hannah), Kaitlyn Dever (Brandy), Elena Kampouris (Allison), Katherine C. Hugues (Brooke)…

Signes particuliers : Pour son sixième long-métrage, Jason Reitman se lance dans une adaptation ambitieuse d’un roman dense, analysant sous de nombreuses facettes, l’être humain moderne.

ÉTUDE DU GENRE HUMAIN MODERNE

LA CRITIQUE

Résumé : Men, Women & Children brosse le portrait de lycéens leurs rapports, leurs modes de communication, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et leur vie amoureuse. Le film aborde ainsi plusieurs enjeux sociétaux, comme la culture des jeux vidéo, l’anorexie, l’infidélité, la course à la célébrité et la prolifération de contenus illicites sur Internet. Tandis que les personnages s’engagent dans des trajectoires, dont l’issue est parfois heureuse et parfois tragique, il est désormais évident que personne ne peut rester insensible à ce bouleversement culturel qui déferle sur nos téléphones, nos tablettes et nos ordinateurs.la_ca_0901_men_women_and_children L’INTRO :

Pour son sixième long-métrage, le deuxième en 2014 après le sublime Last Days of Summer, Jason Reitman adapte un roman de l’un de ses auteurs favoris, le controversé Chad Kultgen, souvent présenté comme un écrivain spécialisé dans les écrits tournants autour de la sexualité des américains. Une transposition ambitieuse et risquée pour le cinéaste, tant le livre éponyme affiche une densité très littéraire dans l’âme et ardue à matérialiser dans un langage cinématographique alliant fluidité et respect de l’ouvrage. Men, Women & Children prend la direction d’une petite ville américaine et va dresser plusieurs portraits, des lycéens, des femmes, des hommes, des parents. Plusieurs récits qui se croisent ou se côtoient, entre un adolescent paumé après le divorce de ses parents, une fille complexée de ne pas avoir encore couché, une bimbo rêvant de devenir star, sa mère la poussant de façon discutable, une autre étouffée par la sienne contrôlant abusivement ses connexions internet, un couple en panne dans leur sexualité et embourbé dans l’ennui, un père seul, des parents inquiet devant l’anorexie de leur progéniture etc… On pourrait croire au film choral et pourtant, pas vraiment, Men, Women & Children n’en ayant pas les oripeaux traditionnels. Devant la caméra, ce joli monde est incarné par un casting riche alignant l’étoile montante Ansel Elgort, Jennifer Garner, Adam Sandler, Rosemarie Dewitt, Judy Greer, J.K. Simmons, Dennis Haysbert ou les jeunettes Olivia Crocicchia, Elena Kampouris, Kaitlyn Dever et Katherine C. Hugues.men-women-children-01L’AVIS :

Jusqu’ici, le cinéma de Jason Reitman brillait par sa propension à cerner un sujet et en l’étoffer par de subtiles petites touches composant une toile parfaite de finesse et de fluidité. En voulant s’attaquer à un roman extrêmement (voire excessivement) riche sans rien délaisser, le cinéaste livre une œuvre curieuse, bancale, à la fois étude intelligente du genre humain moderne et fable indigeste et confuse. Avec Men, Women & Children, Reitman semble surtout avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Les ambitions de son drame teinté de comédie dramatique, finissent par se noyer dans un océan de thématiques certes connectées entre elles, mais dont l’étendue fait perdre au film tout entier, fluidité, concision et esprit d’analyse pertinente. D’autant plus dommage que le metteur en scène cible et aborde avec beaucoup de justesse certaines d’entre elles, voire toutes, pourrait-on dire. Du moins séparément.MEN, WOMEN & CHILDREN

Ses réflexions sur l’adolescence, la parentalité, l’amour, le tout-connecté et dans le même temps le sentiment de solitude extrême, la dépression, la monotonie du couple, la sexualité chez les adolescents, celle chez les adultes, les dérives d’internet, ce que la toile apporte et inculque à la jeunesse… On ne pourra pas dire que Men, Women & Children n’est pas pertinent, au contraire. Et l’essai cinématographique, limite ethnologique, de Reitman ne manque pas d’intérêt. Comme quand le réalisateur met en image les difficultés des parents modernes confronté à un monde qui a évolué, partagés entre sur-protectionisme ou laxisme. Comme quand il aborde avec délicatesse le bourbier dans lequel s’enferment certains couples abonnés aux habitudes néfastes. Comme quand il décrypte les moyens de communication de la jeunesse actuelle, la façon dont internet dicte leur idéaux ou leur vision de la réalité. Ou comme quand il s’applique à disserter sur notre petitesse dans ce vaste monde sans s’enfermer dans un discours dépressif, s’ouvrant au contraire vers un positivisme dès lors qu’il tend à montrer que l’on est pas un point minuscule dans la galaxie mais le point central de notre propre galaxie.men-women-children-will-peltz-elena-kampouris-600x398

On le savait fin observateur de ses congénères et Jason Reitman ne déroge pas à sa réputation avec ce nouveau film mais qui, tout aussi juste soit-il, se perd en route à brasser trop de choses en même temps au point de perdre son cœur en chemin. Les destinées heureuses ou tragiques de ses personnages s’enchaînent et s’entrecroisent, le portrait de l’être humain moderne sous une nuée de facettes est intelligent quoiqu’un brin moralisateur voire réactionnaire, mais tout ceci est bien trop long, bien trop indigeste. Men, Women & Children aurait pu être un grand film. Encore eut-il fallu que Reitman fasse des choix, plutôt que de survoler tant de choses, au risque d’en bâcler certaines en enfonçant des portes ouvertes ou en se retrouvant dans l’impossibilité de les explorer réellement, au risque aussi de limiter son œuvre à un simple constat démonstratif et lénifiant fait de schématismes et d’une rhétorique lourde à manœuvrer. Dommage car Men, Women & Children recelait tant de bonnes choses en son sein.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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