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ILLANG – LA BRIGADE DES LOUPS de Kim Jee-woon : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Père : Kim Jee-woon
Date de naissance : 2018
Majorité : 19 octobre 2018
Type : Disponible sur Netflix
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 2h19 / Poids : NC
Genre : Action, Thriller, SF

Livret de famille : Woo-Sung Jung, Hyo-ju Han, Dong-won Gang…

Signes particuliers : Une bonne approche mais un résultat un peu confus.

JIN-ROH VERSION LIVE

LA CRITIQUE DE ILLANG, LA BRIGADE DES LOUPS

Synopsis : En 2029, une unité spéciale de la police sud-coréenne, surnommée Illang, fait face à un groupe de terroristes qui menace de détruire des années de travail pour rapprocher les deux Corées.

19 ans après la sortie de Jin-Roh, chef-d’œuvre de l’animation coréenne adapté d’un pan de l’œuvre culte de Mamoru Oshii, La Brigade des Loups est de retour, cette fois-ci sur le petit écran, propulsé par la surpuissante plateforme Netflix, là où tout semble se passer de nos jours. Nouvelle réalisation du talentueux Kim Jee-woon (J’ai Rencontré le Diable), Illang se réapproprie le matériau d’origine pour une adaptation live assez fidèle aux travaux d’Oshii sur bien des aspects, plongeant le spectateur dans une Corée de 2029 proche de la réunification. Alors que les négociations des traités traînent en raison de leur complexité, la situation au sein du pays devient de plus en plus explosive, entre les inquiétudes du reste du monde, les manifestations du peuple qui se multiplient, la répression étatique, les exactions d’un groupuscule terroriste qui s’oppose au projet, et les actions d’une unité d’élite policière très critiquée. Un véritable sac de nœud posé sur un baril de poudre qui va finir par exploser.

Les fans de Jin-Roh auront tout de suite noté le principal changement narratif de cette nouvelle adaptation. L’action est délocalisée du Japon de la fin des années 50 vers une Corée futuriste. L’occasion pour Kim Jee-woon d’ancrer son film dans un cadre plus moderne, qui fait au passage écho à la situation géopolitique de la Corée actuelle, dont les relations avec le Nord semble se dégeler lentement. Pour le reste, Illang conserve les mêmes thématiques que l’animé et l’œuvre d’Oshii, évoquant les dérives totalitaristes, la répression policière sans visage dans une société tentaculaire, ou encore les libertés personnelles annihilées au nom de la préservation de l’ordre établi quand la société est soumise à remous et tensions.

Et justement, en parlant de liberté, parlons de la liberté selon Netflix. De l’aveu de bien des cinéastes, l’avantage quand on travaille avec la plateforme américaine, c’est justement cette fameuse liberté accordée aux artistes. Et pour le coup, Illang en est un bel exemple. L’intelligence de l’œuvre originelle que tente de reprendre Kim Jee-woon, couplée à la noirceur du film auraient pu être un frein pour une large distribution en salles, d’autant que le travail du cinéaste voudrait échapper au carcan du simple blockbuster spectacle. Mais rien ne semble être un problème pour Netflix. Dès le départ, on pense assister à un récit de rédemption injecté d’humanité émouvante mais rapidement, c’est un gigantesque complot manipulatoire qui se met en branle, étouffant dans l’œuf tout espoir d’ambiance positive, pour ne laisser place qu’à de l’amertume. Dès le départ, on pense aussi tenir un actioner bourrin, mais rapidement, le film dévie vers l’œuvre plus ambitieuse.

Cependant, Illang paye un peu cette limite de vouloir être plusieurs choses à la fois. D’un côté, on sent la volonté de coller à la densité de l’œuvre d’Oshii à travers un film qui n’hésite pas à foncer tête baissée dans le politisé complexe. De l’autre, on perçoit l’envie de pouvoir s’adresser aux néophytes (par opposition aux connaisseurs de Jin-Roh et d’Oshii) avec un actioner ultra-spectaculaire, nourri par de gros moyens. Le film embarque le spectateur dans une intrigue dense faite de complots, de trahisons et autres manipulations politiques, le tout entrecoupé de séquences d’action dantesques. Le mariage n’est pas toujours très adroit, et il est à la fois la force et le principal défaut du long-métrage de Kim Jee-woon, qui peut compter sur un scénario riche et élaboré, mais lequel à force d’excès de densité, pourra perdre son public dans les méandres d’une intrigue emberlificotée pas toujours simple à suivre, que l’apport d’un souffle épique ne compense pas toujours.


BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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