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DARK SHADOWS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Dark Shadows
Parents : Tim Burton
Livret de famille : Johnny Depp (Barnabas Collins), Michelle Pfeiffer (Liz Collins), Eva Green (Angélique Bouchard), Chloe Grace Moretz (Carolyn), Helena Bonham Carter (Dr. Hoffman), Jackie Earle Haley (W. Loomis), Johnny Lee Miller (R. Collins), Christopher Lee (Clarney), Bella Heathcote (Victoria/Josette), Ray Shirley (la servante), Alice Cooper…
Date de naissance / Nationalité : 2012 – Etats-Unis
Taille/Poids : 1h52 – 150 millions $

Signes particuliers (+) : Drôle, enlevée, déchaînée, une comédie fantastique rappelant celles des années 80-90. Un décalage temporel jubilatoire. Burton sort la tête hors de l’eau.

Signes particuliers (-) : On reste loin de la grande époque de Tim Burton.

 

VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ?

Résumé : Barnabas Collins, un riche héritier dont la famille anglaise a immigré en Amérique au XVIIIème siècle, est l’un des membres les plus influents de la communauté de Collinsport, ville fondée par sa famille à son arrivée dans le Maine. Séducteur impénitent, il va commettre l’irréparable en brisant le cœur d’Angélique Bouchard, une sorcière qui va se venger en le flanquant d’une terrible malédiction faisant de lui, un vampire. Enterré dans un cercueil durant presque deux siècles, Barnabas va être, par un hasard opportun, libéré par des ouvriers en… 1972 !

Adaptation d’une célèbre série télévisée éponyme diffusée sur le réseau ABC dans les années entre 1966 et 1971, Dark Shadows marque une énième (la huitième) collaboration entre le cinéaste très tendance Tim Burton et son acteur fétiche Johnny Depp. Ou plutôt ses comédiens fétiches puisque outre le bellâtre bohème de ses dames, l’on retrouve également la femme du metteur en scène, Helena Bonham Carter qui figure au casting de chacun de ses films. On pouvait crainte que Burton ne s’enfonce encore davantage dans la redite, lui qui semble se reposer pas mal sur ses acquis depuis plusieurs années et à plus forte raison depuis le début des années 2000 avec un cinéma qui joue sur son style qui a fait son succès avec facilité sans vraiment chercher à se réinventer, à proposer autre chose. Fainéant, Burton donne l’impression de signer sans cesse le même film, au point que l’overdose n’était pas loin. L’affiche donnait le ton d’ailleurs et laissait crainte le pire. Et rebelote, Johnny Depp avec un teint blafard de derrière les caveaux, un style gothique qui en devient usé jusqu’à la corde, des jeux d’éclairages et d’ombres que l’on a l’impression d’avoir vu mille fois, des décors aussi récurrents que familiers… Bref, Dark Shadows où le film de trop d’un metteur en scène à bout de souffle ? Burton était attendu au tournant par ses détracteurs autant qu’il était attendu par ses fans, pour la plupart déçu du ratage de Alice au Pays des Merveilles, probablement l’une des œuvres les plus faibles de son auteur alors que le sujet semblait lui coller à merveille. Mais comme quoi, il suffisait d’être patient, la surprise est à la hauteur de l’attente trépignante de revoir un Burton en grande forme.

Comédie fantastique dans l’esprit des meilleures œuvres d’un genre en vogue surtout dans la deuxième moitié des années 80 et au début des années 90 (Vampire, vous avez dit Vampire ?, Les Sorcières d’Eastwick, La Mort vous va si Bien, La Famille Adams, Beetlejuice -déjà- de Burton…) Dark Shadows marque le retour en force du cinéaste, déchainé comme on ne l’avait plus vu depuis un moment. Enjoué et mené tambour battant par un casting détonnant,  ce nouvel opus a une saveur emballante et un parfum réjouissant qui a bien des chances de réconcilier les déçus du cinéma de Burton avec un cinéaste qui a quand même, il faut bien le reconnaître, un talent dingue et une imagination débordante. Tout d’abord, il y a Johnny Depp, une fois de plus épatant tant il est à l’aise dans le cinéma de son fidèle compagnon, et qui s’éclate dans la peau du vampire Barnabas Collins, confronté au décalage temporel entre son époque, le rigide XVIIIème siècle et des années 70 en plein effervescence psychédélique entre génération hippie et musique disco ou rock, c’est selon. Des années 70 qui voit l’avènement de la télé, de McDonald’s, de la libération et de l’affirmation de la gente féminine. Et bien sûr, Burton de jouer avec tous les gags possibles que laisse ce postulat souvent utilisé au cinéma. Depp cabotine avec délectation dans son personnage, sans jamais agacer, déclenchant au contraire des éclats de rire par un jeu épousant parfaitement la vision de Burton. Mais Dark Shadows a beau avoir des allures de Johnny Depp show en apparence, il ne néglige pas toute une galerie de personnages savoureux venant lui donner la réplique. Chez les Collins, la trop rare Michelle Pfeiffer pour commencer, en matriarche de la nouvelle famille version seventies, qui n’avait besoin que d’être boostée pour redevenir une femme à poigne, dirigeant son clan. Puis, la fille, la jeune star montante Chloé Moretz (Kick-Ass, Laisse-moi Entrer, Hugo Cabret) en adolescente en pleine rébellion dans toute sa splendeur, en désaccord par principe. Johnny Lee Miller en frère peu aimable, la déjà évoquée Helena Bonham Carter en médecin pochtronne, Gulliver McGrath en jeune bambin haut comme trois pommes attachant et la belle et douce Bella Heathcote, jeune et nouvelle employée qui va exalter le cœur d’un Barnabas de nouveau amoureux, complètent les pensionnaires du somptueux manoir des Collins, un véritable personnage à part entière sous ses allures de demeure lugubro-gothico-austère. Mais la réelle réplique va venir de la pire ennemi de Barnabas, son amante éconduite lui ayant infligé sa terrible malédiction, Angélique Bouchard alias notre sculpturale française Eva Green qui décidément, mène une carrière époustouflante outre-Atlantique. S’éclatant comme jamais en méchante de service ne digérant pas la romance passionnelle qui lui a été refusée, la comédienne se déchaine sous la caméra de Burton et offre un numéro jubilatoire qui va faire des étincelles lorsqu’elle va de nouveau se mesurer à Barnabas/Depp dans une lutte sans merci aussi drôle que délirante. Et histoire de peaufiner les plus petits rôles, l’inconnue Ray Shirley interprète une vieille servante délicieuse et hilarante mais on retiendra surtout des apparitions de Christopher Lee (en guise de petit clin d’œil au plus célèbre des vampires de l’histoire du cinéma) ou même de la rock star Alice Cooper !

Ce casting cinq étoiles va s’entredéchirer devant l’objectif d’un Burton retrouvé qui emballe le tout avec une gouaille et un style empruntant beaucoup aux films des eighties. Bourré d’humour noir, pêchu, inventif, sans temps mort, plein d’effets spéciaux des plus somptueux sans jamais qu’ils ne prennent le pas sur une narration laissant la part belle aux personnages,  Dark Shadows est un enchantement radieux malgré ses tonalités sombres. Burton fait du Burton mais le fait bien, autant que Depp fait du Depp mais avec classe et fougue. Le cinéaste ne tourne pas le dos à son cinéma traditionnel et à ce qui a fait son succès mais il parvient enfin à se réinventer, à changer de disque et livre un petit bijou efficace et foisonnant qui ravit les papilles gustatives au rythme d’une BO géniale. Tour à tour soap fantastique, léger film d’horreur, comédie farceuse et ravageuse, Dark Shadows est définitivement du Burton avec ses excès et ses envolées gothiques mais duquel se dégage une sincérité folle et une volonté démesurée de réjouir son audience devant une œuvre décalée et peu sérieuse mais flamboyante et souvent parodique. Feu d’artifice génial d’un cinéaste qui tourne le dos à des années de Big Fish, de Sweeney Todd ou d’Alice au Pays des Merveilles qui manquaient peut-être justement de légèreté, de fun, où Burton semblait se regarder le nombril sans trop savoir quoi faire pour s’amuser, Dark Shadows conjugue le divertissement fantasque et la virtuosité d’un auteur qui renoue avec l’une de ses plus illustres œuvres : Beetlejuice, auquel on pense instantanément. La fantaisie est ce qui sied le mieux à Burton. Il le prouve ici en montrant qu’il a encore du jus et qu’il est encore capable d’éveiller foison de sentiments. Et dire qu’un deux est déjà prévu si ce premier volet rencontre le succès, ce qui semble être le cas pour l’heure !

Dark Shadows marque le retour en grâce d’un artisan de génie qui s’était un peu engoncé dans ses valeurs sûres, peut-être par fainéantise, peut-être par manque d’inspiration au point de lasser. Une chose est sûre, Burton is back. On est loin de la poésie qui animait son cinéma d’il y a un bail maintenant, bien avant l’époque de la collaboration éculée et répétitive avec les mêmes têtes et de son statut d’auteur tendance banalisé, mais en toute modestie, il nous offre un bon moment de cinéma léger et hautement sympathique en plus d’être esthétiquement très beau, rondement mené et duquel se dégage une patate qui transpire de l’écran, à la fois dans l’humour et dans la tragédie romantique. Et ça fait du bien par où ça passe avec une rock n’ roll attitude dissonante d’un protagoniste venu d’un autre temps. Le choc est merveilleux.

Bande-annonce :

3 thoughts on “DARK SHADOWS (critique)

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