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SEULES LES BÊTES de Dominik Moll : la critique du film

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Spectateurs

La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Seules les bêtes
Père : Dominik Moll
Date de naissance : 2019
Majorité : 04 décembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Allemagne
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre : Drame, Policier

Livret de famille : Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Valeria Bruni-Tedeschi, Nadia Tereszkiewicz…

Signes particuliers : Noir mais teinté d’humanité.

LE GRAND RETOUR DE DOMINIK MOLL

NOTRE AVIS SUR SEULES LES BÊTES

Synopsis : Une femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé́ loin de cette montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle, et où la pauvreté n’empêche pas le désir de dicter sa loi.  

S’il n’a pourtant pas fait que ça dans sa carrière, Dominik Moll reste pour beaucoup le réalisateur d’un film, le thriller Harry, un ami qui vous veut du bien, succès de l’année 2000 qui avait été en lice pour la palme d’or à Cannes avant de briller aux César. Depuis, Dominik Moll n’a jamais été du genre très prolifique et c’est peut-être à cause de cette discrétion artistique, que chacune de ses réalisations intrigue. Avec Seules les Bêtes, son cinquième long-métrage en 20 ans, il revient au grand écran quatre ans après Des Nouvelles de la Planète Mars, dans un registre qu’il connaît et maîtrise bien. Adaptation d’un roman de Colin Neil, Seules les Bêtes débute au lendemain d’une tempête de neige dans la rugueuse campagne du Causse Méjean en Lozère. Une femme a disparu, la police enquête, mais le film se concentre sur les portraits de cinq personnes liées de près ou de loin à cette affaire.

Comme avec Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming ou Le Moine, ce qui fascine le plus chez Dominik Moll, c’est cette capacité à nous plonger dans une ambiance auréolée de mystère où tout peut se produire. Ce sens inné de l’imprévisibilité, le cinéaste le fait fructifier une fois de plus avec Seules les Bêtes, plongée dans les méandres retorses d’un microcosme campagnard où la blancheur de la neige fraîchement tombée tranche avec les quelques habitants que l’on suit à travers cette enquête menée. La seule certitude du script, mais aussi du spectateur, c’est que justement personne n’est vraiment « blanc » dans cette contrée, personne n’est vraiment innocent dans cette affaire. Et l’intrigue va habilement effeuiller ses protagonistes pour dévoiler leurs petits mensonges au rythme des basculements du film. On démarre ainsi confortablement installé devant un policier classique avec un fait divers et des questions, puis Seules les Bêtes dérive, traversant le drame social ou familial, la poésie glauque, la tragédie romanesque… On est tour à tour dans un cadre fermier exigeant puis dans un décorum bourgeois, et l’on peut atterrir en un battement de cil de l’autre côté du monde, au fin fond de l’Afrique. Cette impression de conduite hasardeuse est en réalité remarquablement maîtrisée par Dominik Moll, qui gère de main d’orfèvre son exercice quasi choral en suivant un chemin serpentueux aux nombreux virages brusques. La sortie de route était un danger permanent mais le cinéaste tient son affaire, signant un film aussi sombre qu’attachant. Car grâce à son regard nuancé et à ses excellents comédiens qui évoluent tous sur le fil de l’empathie, les protagonistes de l’histoire sont tous d’une touchante humanité malgré la noirceur qui habite leurs trajectoires.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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