Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Bande de Filles
Père : Céline Sciamma
Date de naissance : 2014
Majorité : 22 octobre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h52 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Karidja Touré (Merieme/Vic), Assa Sylla (Lady), Lindsay Karamoh (Adiatou), Mariétou Touré (Fily), Idrissa Diabaté (Ismaël), Cyril Mendy (Djibril), Djibril Gueye (Abdou)…
Signes particuliers : Au tour de Céline Sciamma de s’intéresser au quotidien des jeunes ados des banlieues. La cinéaste essaie d’apporter un regard neuf, c’est à moitié manqué et ça manque de trop de choses pour convaincre.
LA JEUNESSE DANS LES BANLIEUES INSPIRE ENCORE…
LA CRITIQUE
Résumé : Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse. L’INTRO :
Réalisatrice de deux films très appréciés (Naissance des Pieuvres et Tomboy) Céline Sciamma signe la passe de trois avec Bande de Filles, chronique sur le quotidien d’un groupe de jeunes filles black issues d’une cité HLM banlieusarde comme on connaît que trop en Île de France. Mais au-delà de cette première apparence, Bande de Filles, qui a fait l’ouverture avec succès de la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, est surtout une œuvre sur la jeunesse et la fin de l’adolescence, sur « la naissance du désir, la pression du féminin et l’envie d’échapper à un destin tout tracé » comme l’explique son auteur. Devant sa caméra, Sciamma filme (majoritairement) de jeunes comédiennes non-professionnelles, recrutées par un casting sauvage dans les rues de Paris.L’AVIS :
Céline Sciamma vient s’insérer dans un cinéma d’auteur à la mode, celui de la représentation de cette jeunesse des banlieues défavorisées au centre d’une partie du cinéma d’Abdellatif Kechiche, du récent Papa Was not a Rolling Stone (dont on retrouve d’ailleurs un des comédiens) ou du moins récent Tout ce qui Brille de Géraldine Nakache. Cette jeunesse enragée, perdue entre espoir d’une autre vie et enlisement dans un quotidien « phagocyteur » qui ramène sans cesse ces jeunes gens plein de rêve, à leur condition misérabiliste. La réalisatrice fait preuve de beaucoup de justesse dans la peinture de ces « pseudos-racailles » qu’on croise fréquemment à Châtelet-Les Halles, Gare de Nord, ou sur les quais du RER. La démarche de plonger dans leur intimité pour mieux apprendre à connaître leur parcours, d’où elles viennent, où elles vont, qui sont-elles, que font-elles et à quoi elles aspirent, était aussi noble que sincère et le portrait réaliste et qui se veut touchant, est bien senti. Mais voilà, Bande de Filles est à double tranchant, comme ses héroïnes. Certains seront fascinés par cet abandon plein de spontanéité, autant que d’autres seront rapidement excédés par cette ribambelle de personnages faussement beaux mais réellement saoulant, faussement forts mais authentiquement clichés. Car si le film cherche la justesse et non la caricature, son absence de visée le limite à un égrainement de constats symptomatiques formant à sa manière, une caricature d’une bande de chieuses bruyantes et irrespectueuses cherchant à exister de la mauvaise manière. Et Sciamma de labourer son sujet en enfonçant des portes ouvertes, sans jamais hisser son discours au-delà d’évidences déjà traitées et en bien mieux ailleurs.
Bande de Filles a beau être esthétiquement splendide et travaillé, l’interprétation de ses jeunes comédiennes pleinde de vie et d’énergie a beau être admirable de conviction et de naturel, l’affaire n’en demeure pas moins vaine et sans réel but supérieur autre qu’une représentation presque facile de ce que l’on connaît que trop bien ou dont on se doute. Et le simple fait de vouloir s’immerger dans l’intimité de ces jeunes filles ne suffit pas à proposer quelque-chose. Bande de Filles essaie alors de s’étoffer en vrillant sur le tard vers une pseudo-histoire tragique, il n’en est que plus insupportable à sans cesse se contenter de se reposer sur l’énergie de ses actrices et son esthétique pop.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux