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AUX YEUX DE TOUS de Billy Ray : la critique du film

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aux_yeux_de_tousnote 2 -5
Nom : Secret in their eyes
Père : Billy Ray
Date de naissance : 2015
Majorité : 23 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h51 / Poids : 19,5 M$
Genre : Thriller

Livret de famille : Julia Roberts, Chiwetel Ejiofor, Nicole Kidman, Alfred Molia, Joe Cole, Dean Norris, Michael Kelly…

Signes particuliers : Une relecture américaine du bijou argentin « Dans ses Yeux« .

DE L’INUTILITÉ DES REMAKES

LA CRITIQUE

Résumé : Une enquêtrice du FBI découvre avec horreur que l’une de ses filles a été brutalement assassinée. Les conséquences sur son équipe seront nombreuses.aux_yeux_de_tous_3L’INTRO :

Aaaaah l’Amérique… Ses burgers, son baseball, sa Maison Blanche, le coca-cola, Hollywood, ses blockbusters, son ciné indépendant et ses remakes… Car oui, au milieu de l’extrême diversité du cinoche yankee, il y a ce point noir récurrent et agaçant, cette sale manie de préférer « remaker » les belles œuvres venues d’ailleurs plutôt que de les faire découvrir à son large public, frileux dès qu’il s’agit de « se taper un film dans une autre langue que la sienne ». Quantité d’œuvres étrangères sont déjà passées par la moulinette hollywoodienne et rarement avec succès, même si quelques exceptions pourront être notées. La dernière en date, c’est Dans ses yeux, le sublime drame policier argentin de José Campanella avec Ricardo Darin, sorti en 2009 et qui avait décroché l’Oscar du Meilleur Film Etranger. Un petit bijou sud-américain, aujourd’hui « torturé » par Hollywood, qui nous pond Aux Yeux de Tous, thriller conduit par Billy Ray (réalisateur de Agent Double et scénariste du premier Hunger Games) et porté par Chiwetel Ejiofor, Nicole Kidman et Julia Roberts. Bienvenu (encore) dans la misère du remake à l’américaine.aux_yeux_de_tous_4L’AVIS :

Et pour la énième fois, toujours la même question : « Pourquoi ?« . On aura beau écouter les motivations des uns et des autres, rien ne saura vraiment balayer cette interrogation et justifier l’intérêt de cette entreprise dont la finalité n’est pas honteuse mais d’une inutilité profonde. La force de Dans ses Yeux, avait été d’insérer son histoire de polar sombre dans un contexte socio-politique fort, celui des années 70 où le pays vacillait après l’échec de la Révolution Argentine et s’apprêtait à entrer dans une nouvelle dictature une paire d’années plus tard. Expurger complètement ce cadre et ces fondements, aurait conduit ce remake droit dans le mur et ça, fort à parier que Billy Ray le savait pertinemment. Le scénariste/réalisateur a donc opté pour une transposition. De l’année 1974 en Argentine, on passe donc à l’année 2001 aux Etats-Unis et qui dit 2001, dit 11 Septembre, avec tout ce que cette date terrifiante appelle de psychose ambiante, de mauvais souvenirs et de paranoïa d’une Nation endeuillée et apeurée. L’idée n’était pas mauvaise, d’autant que Billy Ray s’en sert plutôt adroitement dans son script, soulignant les difficultés d’une enquête sur un meurtre sordide car entrant en collision avec des investigations jugées « plus importantes », sur une cellule terroriste dormante.aux_yeux_de_tous_2Malheureusement, si Aux Yeux de Tous parvient à reprendre à son compte l’histoire originelle et à, non sans habileté, la réinsérer dans l’histoire américaine, reste que sa tentative échoue quand même et vient s’abîmer sur les rivages de la fadeur. A la base, ce remake devait être l’œuvre d’Anthony Minghella avant que ce dernier ne décède subitement en 2008. Allez savoir pourquoi ce projet refait surface si longtemps après, mais toujours est-il que Aux Yeux de Tous souffre plus de son formatage que de sa réelle médiocrité. Malgré son casting trois étoiles, ses bonnes idées scénaristiques servant de terreau à l’histoire, et son efficacité générale, Billy Ray ne parvient jamais à nous saisir dans son univers. Il ne parvient surtout jamais à nous captiver comme Dans ses Yeux avait su le faire, déroulant mollement son récit sans réelle emprise sur lui. Les séquences les plus puissantes de l’original ne trouvent aucun écho dans cette nouvelle lecture américanisée (celle du stade de football par exemple), l’émotion bouleversante de son modèle disparaît au profit d’une terrible absence de saveur, la subtilité s’efface derrière un surlignage permanent, la profondeur socio-politique ne témoigne pas de la même force et ainsi de suite. Si vous avez eu l’occasion de découvrir l’original argentin, passez votre chemin, rien ne saura de nature à vous surprendre dans cette contrefaçon. En revanche, si vous n’avez jamais eu l’occasion de le voir, mieux vaut alors rattraper ce manque plutôt que de plonger dans cette ineptie, interprétée sans conviction par une distribution au regard vague et à l’âme absente.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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