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MICKEY 17 de Bong Joon Ho : la critique du film

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Nom : Mickey 17
Père : Bong Joon Ho
Date de naissance : 05 mars 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Corée du Sud, USA
Taille : 1h37 / Poids : 150 M$
Genre : Thriller, Action, SF, Comédie

Livret de famille : Robert PattinsonNaomi AckieSteven Yeun, Mark Ruffalo, Toni Colette…

Signes particuliers : Pas le meilleur Bong Joon Ho.

Synopsis : Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.

 

DES MICKEY PARTOUT

NOTRE AVIS SUR MICKEY 17

Six ans après le triomphe exceptionnel de ses Parasite (1 Palme d’Or, 4 Oscars, entre autres), le coréen Bong Joon Ho fait son grand retour avec Mickey 17, une comédie de science-fiction coproduite entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, avec Robert Pattinson dans le rôle-titre. Adaptation d’un roman d’Edward Ashton, Mickey 17 s’amuse du destin tragicomique de Mickey Barnes. Pour échapper aux griffes d’un mafieux à qui il a emprunté de l’argent avec un ami, Mickey s’engage comme « remplaçable » pour le compte d’une expédition humaine traversant la galaxie pour aller coloniser la planète glaciale Nilfheim. Sauf qu’il n’avait pas lu les « petites lignes ». Remplaçable est un job très particulier. Il s’agit de tester des dangers qui pourraient mettre en péril la mission et de mourir continuellement. A chaque mort, Mickey est re-téléchargé dans un nouveau corps. Jusqu’au bug. Un jour, Mickey 18 est créé alors que Mickey 17 n’était pas encore mort.
Avec Mickey 17, Bong Joon Ho fait du Bong Joon Ho. Le cinéaste coréen mélange humour grinçant, film de genre et propos sociétal féroce dans un divertissement qui se veut à la fois distrayant sur la forme et intelligent dans le fond. Cette fois, le divertissement est assuré par la folie SF d’un scénario délirant où les péripéties sont aussi nombreuses que les effets spéciaux, où la drôlerie empreint de second degré est aussi savoureuse que l’action. Mais là où un blockbuster hollywoodien aurait accouché d’un film aussi fun que vain, Bong Joon Ho emboîte chaque idée narrative pour qu’elle serve son discours éminemment politique. En creux de l’aventure interstellaire, Mickey 17 est une parabole acérée sur notre monde actuel, barbare et déshumanisé, où les hommes et les femmes sont considérés comme des objets exploitables et échangeables. A l’image des différentes versions de ce Mickey perçu comme un outil jetable plus que comme un être humain. Au sommet de cette pyramide cynique, un politicien assoiffé de pouvoir cachant sa profonde stupidité derrière un populisme de la pire espèce dicté par son épouse qui murmure à l’oreille du mégalo-chef. Donald Trump (et sa Melania), si tu entends le souffle…

Malin comme pas deux, Mickey 17 étale son intelligence tout au long de la remuante aventure de son Mickey… ou plutôt de ses Mickey devrait-on dire. À ce propos, impossible de ne pas souligner la performance jouissive d’un Robert Pattinson formidable, et à ses côtés d’un Mark Ruffalo hilarant en parodie évoquant le grotesque locataire actuel de la Maison Blanche (mais aussi d’une Toni Collette machiavélique et flippante). Visuellement séduisant, le film brille également par sa capacité à jongler avec les genres. Est-ce une comédie mordante ? Un thriller de science-fiction ? Un blockbuster d’action ? Un body horror ? Une romance décalée ? Un film politique ? Impossible à classer dans une catégorie réductrice, Mickey 17 est tout cela et passe avec aisance d’un registre à l’autre en suivant sa démonstration allégorique comme un berger suivrait son étoile. C’est rare de nos jours de voir une superproduction aussi libre de ses mouvements cinématographiques, aussi déjantée et corrosive aussi.

Problème, là où Parasite était quasi parfait dans sa narration à la fluidité admirable, Mickey 17 perd des points quand son scénario donne l’impression de tourner un peu rond une fois une idée explorée, générant parfois des longueurs un poil pesantes. 2h15 en réel, 3 heures en ressenti, Mickey 17 c’est un peu le coup des températures météo. En cours de route, Bong Joon Ho répète des idées et si sa proposition satirique est en bourrée, il piétine un peu dans son évolution par moments poussive. L’ensemble a de la maîtrise, du fun et de la consistance, mais son potentiel efficacité s’en trouve légèrement diminué.

Par Nicolas Rieux

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