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BETTER MAN de Michael Gracey : la critique du film

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Nom : Better Man
Père : Michael Gracey
Date de naissance : 22 janvier 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Biopic, Musical, Drame

Livret de Famille : Robbie WilliamsDamon HerrimanAlison Steadman

Signes particuliers : Un grand film (que l’on avait franchement pas vu venir)

Synopsis : L’ascension du célèbre chanteur/compositeur britannique Robbie Williams. Devenu une star avec le Boy Band, Take That, dans les années 1990, ce dernier a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson « Angels ».

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NOTRE AVIS SUR BETTER MAN

On soulevait encore la question il y a peu au détour de la sortie de Monsieur Aznavour. Peut-on encore faire un biopic qui sorte du moule et ne soit pas trop conventionnel sachant que linéaire ou non-linéaire, plus rien n’est vraiment original aujourd’hui ? Et puis un film arrive. Souvent un que l’on n’attendait pas. Et les doutes sont balayés d’un puissant coup de serpillière. Ce film aujourd’hui, c’est Better Man, un biopic basé sur la vie de… Robbie Williams. Oui, Robbie Williams, le chanteur anglais qui a débuté dans le boys band Take That. Celui qui est devenu une star britannique en solo avec des tubes comme Stripping, Angels, Feel ou Supreme. Celui qui était un ingérable amuseur sur les plateaux télé. Celui qui a alimenté les Unes des tabloïds après avoir sombré dans l’alcool et la drogue. Celui aussi qui a cherché la rédemption et semble être aujourd’hui, une star d’hier. Après The Greatest Showman avec Hugh Jackman, c’est un autre « greatest showman » que met en scène le réalisateur Michael Gracey. Robert Williams a été une icône de la pop et « son film » est à l’image de sa vie, une œuvre folle qui brûle son récit par les deux bouts de la pellicule.
Un biopic sur Robbie Williams avec Robbie Williams incarné sous les traits d’un singe. Better Man remporte haut la main la palme du projet le plus what the fuck de ce début d’année 2025. La question qui interroge immédiatement, c’est pourquoi ? Pourquoi Robbie Williams ? Pourquoi les traits d’un singe ?! Mais parce que rien n’est vain dans Better Man, l’explication est imparable. Comme le prévient d’emblée la première phrase du film, Better Man n’est pas un film inspiré de la vie de Robbie Williams mais un film sur comment Robbie Williams lui-même se voit. Et il se voit comme un singe, une bête de foire, un animal qui amuse la galerie. Illustrer frontalement la métaphore était osé, mais que c’est brillant ! Le concept pour le moins étonnant fait aussi écho au trouble mental dont souffre le chanteur depuis longtemps, la dysmorphophobie. Sans rentrer dans de longues considérations médico-psychologiques, la dysmorphie corporelle est un état lié à la dépression qui consiste à se voir autrement que ce que l’on est réellement, à se sentir profondément haïssable de laideur en se voyant des défauts que personne d’autre ne voit. Un singe cochait toutes les cases sur le fond que comme sur la parabole. Restait à faire accepter pareille idée à des financiers. « Alors voilà, notre idée c’est que la star du film, on ne la verra jamais, ce sera un singe à la place… pendant tout le film« . La plupart ont fui, raccroché leur téléphone ou mis fin à la réunion. Il aura fallu six ans. Heureusement pour nous, quelques audacieux ont suivi malgré les risques, malgré le budget effets spéciaux pour avoir un singe numérique comme héros tout du long. Robbie Williams version La Planète des Singes fut un défi.
Passé le postulat, il y a ce que Michael Gracey en fait et ce qu’il propose. Et ô surprise, le cinéaste en tire un chef-d’œuvre éclatant, une véritable épopée musicale à la fois grisante, tragique, hilarante, romanesque, bouleversante, passionnante. Better Man craquelle le mythe pour percer à jour l’homme caché derrière le (sex) symbole. Profondément humain, souvent douloureux, parfois désopilant d’auto-dérision ou étincelant quand les projecteurs éclairent de mille feux une destinée incroyable, le film emporte le spectateur dans un tourbillon, celui d’un Robbie Williams qui est monté très haut, qui est retombé très bas, qui s’est relevé, qui a dû lutter pour rester debout car « the show must go on ». À l’inverse d’un Bohemian Rhapsody, le film de Michael Gracey n’occulte rien, ne lisse rien. La drogue, l’alcool, les erreurs, Robbie Williams y est livré à nu, sans filtre, et avec toutes les aspérités qui ont balisé son parcours. Son histoire personnelle devient un symbole fort, permettant à l’œuvre toute entière de questionner le statut de l’artiste, les angoisses de la création, la célébrité, ce qu’elle apporte et le coût réclamé par ce pacte avec le diable qu’est le star system. Lancé comme une fusée à deux mille à l’heure, Better Man impressionne à chaque seconde par sa remarquable intelligence, par son incroyable densité et consistance, par sa capacité à aller bien plus loin que son seul sujet, et par son fourmillement d’idées de fond comme de mise en scène. Artistiquement, le film est une explosion créative qui étale un génie permanent tant dans la manière de construire et agencer son récit et ses chansons que dans la manière de le filmer avec l’énergie qui était celle de son (anti-)héros. On vous met au défi de ne pas chanter, de ne pas rire, de ne pas pleurer.
Ou quand le sens du spectacle d’un Bohemian Rhapsody rencontre la volonté de fond d’un Rocketman. Conjugaison parfaite des deux avec leurs qualités mais sans leurs défauts, Better Man est brillant de bout en bout. Dans son portrait émouvant d’un gamin d’une famille pauvre qui voulait réussir pour prouver sa valeur à son père, dans le portrait cruel du monde des stars (que ce soit les Take That, Robbie Williams solo ou son grand amour Nicole Appleton des All Saints) ou dans son portrait d’un chemin vers la rédemption d’un homme déchu (quel final qui hérisse les poils !). Qu’on aime ou non Robbie Williams, qu’on soit curieux ou totalement désintéressé par la confession de l’homme ou de l’artiste, Better Man est un fabuleux voyage, un fabuleux coup de cœur à ne rater sous aucun prétexte. Quelle claque XXL ! Et on prend les paris qu’il sera un très sérieux candidat aux prochains Oscars ?

 

Par Nicolas Rieux

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