THE TRIP de Tommy Wirkola : la critique du film [Blu-ray]

Qu’est-ce qu’on aime Tommy Wirkola. Le norvégien a toujours su nous régaler avec sa générosité qui n’a d’égale que l’humilité des séries B qu’il pond avec comme seul et unique souci d’amuser son audience. Quand il tourne dans le giron du genre (qu’il affectionne tant), ça donne la série des Dead Snow, diptyque qui avait expédié très haut le mélange d’horreur zombie et de comédie délirante. Quand il s’est attaqué au « blockbuster », ça avait abouti sur Seven Sisters, très belle surprise dans un registre au croisement entre la SF et le thriller d’action. On passera sur le plus moyen Hansel & Gretel : Witch Hunters, même si on pourra toujours lui trouver quelques qualités dans son improbable délire kitsch. Pour résumer Wirkola, c’est un homme de mélanges qui aime à croiser les genres et les tons. Et c’est exactement ce qu’il fait encore avec The Trip, un film bâtard à cheval entre le drame de couple, la comédie déjantée et le thriller hard-boiled assaisonné au gore.

The Trip, ou l’histoire d’un couple en pleine désintégration qui décide de se faire un petit week-end dans le chalet familial. Sauf que l’un comme l’autre, les deux époux ont chacun un plan, assassiner leur moitié et maquiller ça en accident. Simple et efficace, le postulat de The Trip avait tout pour régaler. Surtout quand le récit est dynamité par la folie de Wirkola qui imagine une sorte de croisement taré entre La Guerre des Roses, Funny Games et La Dernière Maison sur la Gauche. Quel rapport entre les trois ? Aucun… sauf dans The Trip, qui les conjugue avec un sens délicieux du jubilatoire. Fendard au possible et porté par deux comédiens qui s’éclatent autant qu’ils nous régalent (fabuleux Noomi Rapace et Aksel Hennie), le nouveau Tommy Wirkola est l’archétype parfait de la petite série B à savourer chez soi un samedi soir pluvieux. Contrairement à la « tendance », Wirkola ne cherche pas à ériger un propos ou à émettre un commentaire pertinent sur quelque chose (même si l’on pourra toujours y voir une métaphore sur le couple). Avant toute chose, il se contente de livrer un spectacle en quasi huis clos où les affrontements acharnés répondent aux bouffées de rire de situations jusqu’au-boutistes et loufoques. Et comme d’habitude avec le norvégien, c’est une nouvelle fois le mariage entre humilité et générosité jouissive qui porte ce nouveau long-métrage transcendé par son capital fun.