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RUBBER (critique – horreur)

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note 7
Carte d’identité :
Nom : Rubber
Père : Quentin Dupieux
Livret de famille : Stephen Spinella (Chad), Roxane Mesquida (Sheila), Jack Plotnick (la comptable), Wings Hauser (l’homme handicapé), Tara Jean O’Brien (Martina)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h25 – 500.000 $

Signes particuliers (+) : Un film radicalement original, hors-système et loin des conventions et codes habituels. Une vraie découverte bourrée d’inventivité et sacrément décalée. Un cinéaste singulier est né.

Signes particuliers (-) : De petits soucis de rythme.

 

SPEEDY, LA PATTE DE L’EXPERT, QU’ILS DISENT !!!

Résumé : Dans le désert californien, des spectateurs installés à flanc de colline, suivent les aventures d’un pneu tueur fou…

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On a tout eu question « être tueur ». On a eu des tueurs humains, des tueurs monstrueux, des tueurs venus d’ici ou d’ailleurs et puis on a eu des tueurs atypiques, une moussaka dans le grec L’Attaque de la Moussaka Géante, un yaourt dans le déjanté Yogourt Attack, un ascenseur dans le simplement nommé L’Ascenseur ou une voiture dans le « kingien » Christine, un portable dans Hellphone ou une VHS dans Ring etc. Preuve d’une réelle vitalité d’un certain cinéma français quand il navigue hors des eaux ultra-commerciales et formatées, Rubber nous présente un nouveau type de tueur au cinéma, un pneu ! Le projet semble relever du pur délire vu de loin, il s’apparente à un superbe hommage à la série B vu de plus près et se révèle carrément génial autant dans l’idée que dans l’exécution, à la force d’une originalité et d’une marginalité à toute épreuve apportant enfin quelque chose de complètement frais et nouveau dans notre cinématographie se reposant de trop sur ses lauriers, bons ou mauvais. Derrière la caméra et ce projet barré et déjanté, Quentin Dupieux, connu dans la musique pour ses œuvres sous le pseudonyme de Mr Oizo.

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Il est des films où l’on est un peu sceptique avant même de se lancer, sentant venir la connerie à 20.000… Le projet Rubber, français de surcroit, semblait sur le papier tellement délirant et relevant du grand n’importe quoi (soyons honnêtes, un pneu tueur ?!) qu’il inspirait bien peu confiance. Que ce soit bien imprimé d’entrée pour partir sur des bases saines et sereines, Rubber n’est pas du tout le film d’horreur attendu où un miteux pneu en caoutchouc pourchasse des gens dans un authentique film d’horreur sérieux dans le ton. Non. Rubber est in fine une comédie totalement loufoque et « hommagisante » parlant à la fois de cinéma en général et à la fois d’un cinéma en particulier. Un peu comme si le décalé finlandais Aki Kaurismaki rencontrait le déjanté trio anglais Edgar Wright / Simon Pegg / Nick Frost. Que ceux qui s’attendent donc à un film d’horreur sur un pneu serial killer cessent immédiatement toute hésitation et foncent s’ils ne sont pas contre un effet surprise ou face machine arrière toute s’il ne veulent qu’un film premier degré et de facture classique.

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En 5 minutes d’intro d’une hallucinante intelligence d’écriture inspirée, Quentin Dupieux justifie tout le loufoque de son concept et balaye d’un revers de la main les potentielles inquiétudes sur le nanardesque de son histoire. Film intelligent « de » et « sur » le cinéma, Rubber n’est pas une bisserie débilitante mais plutôt à prendre comme un hommage, un film référentiel à une culture décalée, du film de zombie au western, de la comédie loufoque à la nordique aux films d’horreur des eighties et en particulier ces délicieuses série B voire Z aux postulats les plus hallucinants. Dupieux maîtrise son sujet et se montre très imaginatif en prenant un virage à 180° pour nous servir autre chose qu’un film stupide où un simple pneu tuerait des gens, motivé par ou justifié par un quelconque pseudo imbroglio scénaristique idiot du genre « mutation chimique » ou « incarnation d’une âme » à la mords-moi le nœud. En bonne intelligence, Rubber est surtout un film imaginatif, un souffle de fraîcheur dans notre cinématographie trop souvent enfermée dans sa connerie ou dans son récurrent premier degré, tous genres confondus. Le français opte pour un angle au second degré assumé, oscillant entre la bonne marrade sympathique et le film d’auteur renvoyant une réflexion par une belle mise en abyme sur l’écriture cinématographique et la position du spectateur au cinéma.

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Prenant pour héros un personnage inédit au cinéma, un pneu donc, Rubber pourrait être en fait la version comique et horrifique du célèbre et nostalgique Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse. Mais l’introspection, la réflexion sur le genre et le cinéma en général, transfigure le film pour le faire passer du simple film d’horreur à une comédie auteurisante intelligente et passionnante sans jamais oublier d’être fun. En clair : Rubber est un film barré sur un pneu serial killer mais surtout un film qui tient la route ! (pardon, je voulais la faire depuis le début)

Alors pourquoi certains aiment et d’autres pas ? Aucune raison.  Et ceux qui se lanceront, si ce n’est pas déjà fait, dans ce pastiche comprendront.

Bande-annonce :

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