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[REC]³ GÉNÉSIS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : [REC]³ Génésis
Parents : Paco Plaza
Livret de famille : Leticia Dolera, Diego Martín, Ismael Martínez,Claire Baschet, Àlex Monner, Sr. B, Jana Soler, Emilio Mencheta…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Espagne
Taille/Poids : 1h20 – 5 millions €

Signes particuliers (+) : Quelques clins d’oeil humoristiques.

Signes particuliers (-) : Le changement de cap direction la comédie décomplexée. L’absence de cohérence dans la mise en scène chaotique. Les excès parodiques sombrant dans le ridicule et le cheap.

 

REC… PLAY… STOP… DELETE

Résumé : Le mariage de Koldo et Clara vire au drame lorsqu’un oncle invité, se transforme en zombie assoiffé de chair humaine…

Le tandem espagnol Paco Plaza et Jaume Balaguero avaient foutu sens dessus dessous la planète « horreur » en 2007, avec leur terrible Rec, premier du nom, petite pépite ibérique ultra-inventive, usant de la caméra subjective avec brio, pour pondre l’un des meilleurs films de zombies des années 2000 et l’un des meilleurs de terreur à l’état pur, par la même occasion. Succès obligeant, les deux compères avaient alors enchaîné, deux ans plus tard, avec un second volet plus explicatif et virant vers le film d’horreur théologique. Moins bon. Mais une trilogie semblait être la suite logique à cette séquelle, trilogie qui deviendra en réalité une quadrilogie, le troisième opus se déclinant en deux projets, le premier dirigé par Paco Plaza seul, le second par Balaguero, seul, chacun étant producteur du film de l’autre. L’occasion, insidieusement pour nous, de tirer un bilan de cette collaboration. Qui était le génie derrière ce premier Rec si bon ? Plaza ? Balaguero ? Ou l’association du talent des deux ? Au vu des filmo hors Rec, la réponse semblait virer vers Balaguero mais l’heure de la confirmation a sonné avec un premier élément de réponse.

C’est donc seul aux commandes de ce troisième volet intitulé Rec 3 : Génesis, que Paco Plaza se lance dans cette « presque » dernière aventure, la saga touchant à sa fin alors que Balaguero prépare son ultime opus, de son côté, en parallèle à ses autres projets. Et dans la droite lignée de ce que l’on a pu observer, la franchise Rec poursuit son déclin. Le premier volet était le meilleur, en plus d’être un vrai chef d’œuvre du genre. Le second était un cran en dessous, pas forcément désagréable mais décevant. Ce troisième film est la curiosité.

Au vu du résultat, on se demande bien, quelles ont été les véritables intentions de Paco Plaza sur le tournage de ce Rec 3 ? Le film est-il à prendre comme une sorte de semi-parodie horrifique décalée du genre et de la franchise ou l’humour est-il involontaire et alors, le reflet d’un film catastrophiquement mauvais ? La question est en suspens mais la réponse semble se diriger davantage vers la seconde possibilité. Le cinéaste souhaitait clairement s’inscrire dans la rupture d’avec les précédents volets. Si dans l’idée, pourquoi pas, dans les faits, c’est probablement sa plus grande erreur car il ne maîtrise visiblement pas du tout son virage et dérape dans le fossé avec perte et fracas. Rec 3 est une catastrophe. Thématiquement, Paco Plaza voulait un volet plus « rock n’ roll », plus fun, léger et surtout plus jouissivement gore et délirant. Stylistiquement, il rompt avec le concept de la caméra subjective après une entame sur ce ton pour assurer la continuité avant de vriller vers une mise en scène plus traditionnelle faite de travelling, de grue, de plans classiques et d’un montage suivant divers protagonistes éparpillés par une attaque qui les a séparés, à commencer par le couple vedette des mariés dont c’est le grand jour (Laeticia Dolera et Diego Martin). Une réalisation qui part complètement en sucette sous la caméra d’un Plaza qui fait du grand n’importe quoi, comme largué dans son concept. Si l’entame est cohérente, rapidement la caméra subjective n’a plus aucun sens diégétique, ne colle plus du tout avec l’action telle que devrait être filmé dans le métrage lui-même. À la limite, on pourrait évoquer l’idée bien fumeuse que les mutliples angles employés pour dépeindre la scène de l’attaque sont ceux des nombreuses caméras présentes filmant le mariage mais malgré cela, rien de ne semble coller. Pire que tout, le choix annihile totalement l’action que l’on attendait tous : 150 invités à une fête de l’amour, attaqués par une horde de zombies pour un massacre sanglant, général. L’emploi de la caméra subjective y est particulièrement mauvais au point que l’on ne savoure absolument pas le carnage, systématiquement entrecoupé de bug numériques, de plantage des appareils. Plaza foire d’entrée tout le potentiel épique de sa séquence la plus bandante. À partir de là, c’est un mélange maladroit de mise en scène classique et de réemploi inutiles de ladite caméra subjective qui donne un résultat brouillon en plus d’être incohérent. Autant dire que Rec 3 part mal, très mal…

Mais malheureusement pour les pauvres spectateurs que nous sommes, il ne s’agit là que la partie émergée de l’iceberg qui va couler ce Rec 3 pourtant si attendu, au point de nous faire regretter de ne pas être allé voir Titanic 3D à la place, sortant la même semaine. Plaza se lance dans une sorte de romance contrariée par une dimension horrifique remarquablement foirée dans les grandes largeurs. Sur un scénario mêlant très maladroitement humour et horreur, le cinéaste nous offre une purge insupportable en tout point. Plus gore,plus trash, Rec 3 essaie de se vouloir plus fun et rock n’ roll, comme prévu, à la force de séquences barrées à grands renforts de tuerie de zombies à la tronçonneuse, aux outils de cuisine, à la massue à piques. Plutôt que de s’orienter dans la terreur, ce qui faisait la marque de fabrique Rec soit dit en passant, Plaza privilégie la gaudriole et le gore grandiloquent rappelant les années 80. Mais du coup, point de trouillomètre à zéro cette fois-ci. Tout est prévisible, rien ne surprend, pas mêmes les tentatives peu imaginatives et reprenant facilement des codes éculés, de faire flipper un spectateur plus proche de l’atterrement que de l’enthousiasme. Sur un scénario bordélique et tournant en rond, Rec 3 suit donc deux mariés séparés par l’attaque et qui font tout pour se retrouver dans la vaste salle des fêtes louée pour l’occasion en évitant les morts-vivants agressifs rôdant un peu partout et qui sont, pour la plupart, les anciens invités transformés. Jouant la surenchère facile, l’humour à grands coups de clins d’œil appuyés et navrants, à son auditoire, Plaza gâche purement et simplement le plaisir des retrouvailles avec la fameuse franchise. Sa mise en scène chaotique, son peu d’imagination, sa manie incessante de fusiller tous les bons passages du film et son script chiant comme la pluie malgré sa volonté de le rendre dynamique (mais qui, pour le coup, est juste redondant) s’accumulent comme autant de défauts qui seront couronnés, façon cerise sur le gâteau, par un duo de comédiens jouant catastrophiquement mal, au point que l’on se demande vraiment un instant, si tout ça n’est pas une vaste plaisanterie parodique. Les scènes de romance participent certainement (en partie seulement) de leur prestation par leur surréalisme caricatural et exagéré, conférant au ridicule des pires moments de cinéma mielleux et débilitant.

Jouant la carte du gore décomplexé rigolard et grand-guignolesque, Plaza égare complètement la franchise et l’on ne peut désormais qu’espérer, que Balaguero remettra tout ça sur le droit chemin avec son prochain et final [REC] Apocalypse qui s’annonce comme une suite du deux et du coup, plus dans l’esprit de la saga et loin des conneries d’un Plaza qui a voulu se montrer inspiré et qui rate à peu près tout dans un film qui tend vers le ridiculement cheap et vers la série Z luxueuse, la faute à des ambitions non maîtrisées. D’autant qu’on voit bien mal en quoi ce volet ouvrirait une quelconque explication sur la genèse du virus et plus de se doter d’une petite incohérence mineure sur le fait qu’il serait une préquelle alors qu’il mentionne un point du premier Rec (l’oncle mordu par le chien dont on devine qu’il s’agit de celui de la fillette du premier opus). En somme, Rec 3 est juste, de fait, inutile. Ni drôle, ni flippant, ni exaltant pour son hémoglobine, ni éclairant et explicatif… Il est juste affligeant te la sucrerie fendarde recherchée se transforme en bonbon amer laissant un sale goût sur la langue.

Bande-annonce :

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