[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : My Pure Land
Père : Sarmad Masud
Date de naissance : 2018
Majorité : 30 mai 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Pakistan, Angleterre
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de famille : Suhaee Abro, Eman Malik, Razia Malik…
Signes particuliers : L’improbable rencontre entre Asghar Farhadi et le Michael Bay de 13 Hours !
FORT ALAMO AU PAKISTAN
LA CRITIQUE DE MY PURE LAND
Résumé : Dans une région isolée du Pakistan, les terres sont l’objet de toutes les convoitises et les querelles de famille se règlent les armes à la main. Quand son père est injustement emprisonné, Nazo une jeune fille de 18 ans, se retrouve seule avec sa sœur et sa mère, assiégées par des bandits armés, engagés par leur oncle pour s’approprier leur maison. Mais Nazo, comme le lui a enseigné son père, ne se soumet pas.
D’ordinaire, les films qui nous viennent de pays moyen-orientaux comme l’Iran ou le Pakistan, sont généralement des drames d’auteur intimistes essayant de souligner les maux de leur société, souvent pour dénoncer leur archaïsme ou leur conception rétrograde des rapports humains. Avec My Pure Land, le réalisateur anglo-pakistanais Sarmad Masud, dont c’est le premier long-métrage, apporte sa pierre à l’édifice mais tente une approche très différente, tellement qu’elle ne manque pas d’interpeler par l’originalité de sa démarche. Si son film a clairement pour but de défendre certaines causes sociétales, le cinéaste a opté pour un traitement plus ludique, My Pure Land étant une sorte de western d’action basé sur une histoire vraie bien connue au Pakistan. A la mort de son père, la jeune Nazo voit débarquer son oncle, désireux de récupérer la maison familiale sur laquelle il estime avoir des droits. Mais face au refus prévisible de la jeune femme, l’oncle ne débarque pas seul. Il est entouré d’une milice de bandits armés prêt à en découdre, assiégeant la maison et quelques ses occupants. Les lieux vont devenir le théâtre d’un affrontement acharné façon Fort Alamo !
A travers My Pure Land et l’histoire vraie de Nazo Dharejo, surnommée « la femme la plus coriace du Pakistan« , Darmad Masud entendait dénoncer d’une part la gestion erratique des conflits au Pakistan, qui se résolvent très souvent kalachnikov à la main, d’autre part la corruption galopante des institutions, et enfin le sort réservé aux femmes dans un pays où leur liberté et leurs droits sont souvent mis à mal. Et le message passe bien. Très bien même. Car malgré le peu de moyens dont il disposait (on sent un tournage à l’économie), le jeune cinéaste a su parfaitement accorder son récit à suspens et les problématiques qui en sont à l’origine, et qu’il avait à cœur de traduire tout au long de son récit dynamique porté par un spectaculaire intimiste. My Pure Land parvient à nous immerger dans son histoire que Masud rend haletante et afin de parer à toute redondance d’un récit d’opposition entre gentils et méchants, le réalisateur a opté par une structure à flashbacks revenant sur le passé de cette famille, de sorte à entrecouper les échanges armés pour justement creuser les thématiques engagées du film.
Le résultat souffre de nombreux défauts difficiles à occulter. My Pure Land peine à injecter émotion et tension viscérale à son scénario malgré ses tentatives, le schématisme de l’intrigue le laisse végéter dans un manichéisme digne du cinéma occidental, et l’épilogue transpire la facilité. Mais malgré ces points dommageables, le film de Sarmad Masud demeure une bonne surprise, qui a le mérite de casser un peu les codes du cinéma local et de tenter une conciliation assez improbable entre le drame social défendant le féminisme dans les sociétés sous tutelle coranique et le survival de fusillade.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux