[Note des spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Les Invisibles
Père : Louis-Julien Petit
Date de naissance : 2018
Majorité : 15 mai 2019
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : France
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Comédie, Drame
Livret de famille : Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky, Sarah Suco, Pablo Pauly, Brigitte Sy…
Signes particuliers : Un Blu-ray acheté, 1€ reversé au Samu Social. Les Invisibles, c’est le doublé gagnant, vous vous offrez un bon film et en plus vous faites une bonne action !
UN FILM IMPORTANT !
LA CRITIQUE DE LES INVISIBLES
Synopsis : Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !
Après s’être égaré du côté du thriller social avec la (maladroite) fiction Carole Matthieu, le réalisateur Louis-Julien Petit revient aux fondamentaux de son cinéma entrevus avec Discount, son excellent premier long-métrage sorti en 2015 qui l’avait fait connaître. Comédie dramatique haute en couleurs qui tente de défendre un vrai sujet de société en s’appuyant sur une volonté permanente d’authenticité, Les Invisibles marque le grand retour de celui que l’on pourrait appeler le Ken Loach français. Un sujet d’actualité, un grand travail de documentation, des rencontres avec des professionnels du secteur, des acteurs non-professionnels pour incarner les visages du film, voilà de quoi est composé Les Invisibles. Mais qui sont ces « invisibles » ? Des fantômes rodant autour de nous sans qu’on puisse les voir ? En un sens : presque.
Louis-Julien Petit n’est pas un réalisateur de cinéma fantastique et c’est dans la réalité la plus tangible qu’il va chercher ses histoires et ses sujets. Ses invisibles, ce sont tout simplement ces exclus de la société qui vivent à sa périphérie, à la vue de tous et pourtant rendus invisibles aux yeux des autres par leur condition. Ils sont SDF à la dérive, perdus dans un système qui ne semble pas avoir les bonnes clés pour les remettre à flot, et ils coulent, là sous nos yeux qui ne les regardent même plus tant ils font partie d’un triste décor social. Après avoir dénoncé la question du gâchis alimentaire avec Discount puis à la pression du monde professionnel moderne avec Carole Matthieu, Louis-Julien Petit s’intéresse aujourd’hui à la problématique du traitement des désespérés qui voudraient se réinsérer dans une société qui multiplie les incohérences quant à la manière de gérer leurs situations. Rendant au passage un vibrant hommage à tous les travailleurs sociaux volontaires et impliqués, qui n’hésitent pas à souvent dépasser leur fonction pour venir en aide aux gens dans l’impasse, Les Invisibles pointent du doigt les dysfonctionnements du système à travers une sorte de chronique chorale suivant une poignée de personnes en rupture mais désireuse de se raccrocher au bon wagon de la vie. Parfois drôle, souvent émouvant mais surtout d’une immense justesse et intelligence, Les Invisibles ne cherche pas à donner dans le moralisme coupable de bas étage mais seulement à montrer ce qui ne va pas ou plus, en espérant que des solutions soient trouvées.
Certains utilisent leur argent, d’autres donnent de leur temps, d’autres encore s’emploient en politique ou dans les médias. Louis-Julien Petit est cinéaste, et c’est via le cinéma qu’il contribue à l’effort de guerre contre la pauvreté et l’exclusion. Par le biais de la fiction (ou de la quasi docu-fiction chez lui tant il est doué pour illustrer la vérité), le réalisateur très engagé essaie de faire comprendre au plus grand nombre les impasses de notre société actuelle. Contrairement à un Ken Loach ou un Stephen Frears, Louis-Julien Petit fictionnalise moins ses histoires et utilise moins les ficelles de l’émotion démonstrative. Contrairement à un Stéphane Brizé, sa mise en scène est plus épurée, moins réfléchie, moins percutante, mais en revanche plus spontanée. Et enfin contrairement aux frères Dardenne, il sait capter l’attention et la retenir par sa propension à ne jamais s’enfermer dans la noirceur anxiogène, visant au contraire toujours la lumière de l’espoir. Sorte de chantre d’une sorte de néo-réalisme actuel, Louis-Julien Petit, c’est vraiment l’art de jouer sur la frontière du documentaire et de la fiction, pour dresser des portraits sociaux érigés en emblèmes des maux de nos sociétés. Et le résultat donne lieu à des films importants, comme Discount il y a quatre ans, comme Les Invisibles aujourd’hui.
LE BLU-RAY DE LES INVISIBLES
C’est une belle idée que cette opération Samu Social associée à la sortie vidéo du film Les Invisibles. En gros, pour chaque produit acheté, 1 euro est reversé au Samu Social. Belle initiative. Mais en plus d’une bonne action, vous vous offrez un film magnifique. Elle est pas belle la vie ? On a déjà dit plus haut tout le bien qu’il y a à dire du nouveau film de Louis-Julien Petit, parlons un peu de l’édition en elle-même. Techniquement, la galette Blu-ray éditée par AB Vidéo tient la route. Si l’image n’affiche pas une définition optimale, un cran en dessous des standards actuels, elle reste d’une qualité tout à fait honnête et se voit accompagnée d’une piste 5.1 correcte (plus une piste 2.0 qui sera utile aux moins équipés) à défaut d’être impeccable de finesse et de profondeur. Les suppléments maintenant. Le Blu-ray ne fait pas dans la profusion mais essaie de proposer quelque chose de cohérent. D’un côté, un making-of, de l’autre des scènes coupées. On aurait aimé en voir davantage, à commencer par des interviews de l’équipe voire des modules en rapport avec les causes défendues par le film mais il faudra se contenter de ces deux éléments. Le making-of (27 min.) nous plonge au coeur du tournage des Invisibles et fait intervenir comédiens et réalisateurs par petits bouts d’interviews. Les scènes coupées, au nombre de cinq,sont globalement intéressantes et l’on aurait justement aimé voir Louis-Julien Petit justifier leur retrait du montage final. En somme, des bonus pertinents en soi mais qui laissent sur notre faim. Également présentes, la bande-annonce du film et celle d’Anna & Otto, réalisé par L. J. Petit en 2014.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux