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LES FEMMES DU 6e ÉTAGE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Les Femmes du 6e Etage
Père : Philippe Le Gay
Livret de famille : Fabrice Luchini (Jean-Louis Joubert), Sandrine Kiberlain (Suzanne Joubert), Natalia Verbeke (Maria), Carmen Maura (Concepcion), Lola Dueñas (Carmen), Berta Ojea (Dolores)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h46 – 7 millions $

Signes particuliers (+) : x

Signes particuliers (-) : Une comédie nauséabonde venant vanter avec lourdeur les mérites et les valeurs d’une vieille France « à l’ancienne ». Nul, abject, construit sur des clichés, interprété par un couple de comédiens cabotins, on se croirait dans une page propagandiste nationaliste pour un retour à la belle France d’antan avec une idéologie déguisée très limite. Gerbant et insultant et un très mauvais film en soi de surcroit.

 

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Résumé : Dans le Paris des années 60, Jean-Louis Joubert est un banquier, petit bourgeois coincé de la haute. Il va découvrir par hasard un monde dont il ne soupçonnait pas vraiment l’existence : le sixième étage de son immeuble, celui où vivent les « bonnes à tout-faire espagnoles ».

Quand parfois résigné on dit que le cinéma français va mal, très mal, on se rassure en se disant que l’on exagère, que l’on déforme, que l’on amplifie, qu’il y a quand même de bonnes choses dans notre cinématographie assez variée finalement comparée à nos voisins européens. Et puis hop, une piqûre de rappel vient nous rappeler que les plus profondes abysses de la nullité, celles que l’on pensaient insondables, ne sont finalement pas si inexplorées que l’on ne le croyait et qu’au contraire, nous y faisons bien quelques petites visites régulières à fréquence chronique.

Les Femmes du 6e étage pourrait presque s’apparenter à une parodie des Nuls de la grande époque si le film n’était pas tristement une réalité cinématographique ayant, cerise sur le gâteau, connu un succès plutôt honorable dans nos salles. Le « cinéaste » Philippe Le Guay, dans un élan de franchouillardise puante de démagogie étalant tous les clichés possibles et imaginables des années De Gaulle, rend une copie vomitive et désespérante dont la caricature est risible. En lieu et place d’une comédie doucement rétro tirant des sourires amusés, on se retrouve presque gêné devant ce navrant spectacle proposant une overdose de bons sentiments dégoulinants tellement tartignoles et débiles, qu’ils caractérisent le projet à eux seuls comme pathétique. Basé sur un scénario pouvant fièrement se définir comme un programme à la limite de l’ultra-nationalisme, Les Femmes du 6e Etage apporte une consternation rare. Luchini, dont le nom ne devient plus synonyme de culture et d’inspiration intelligente, vient s’y auto-parodier en bon petit bourgeois banquier propre sur lui et n’ayant aucune conscience de la misère qui l’entoure juste à côté de lui, dans son propre immeuble. Son personnage de pseudo-riche vivant avec des œillères, va trouver la voie de la lumière, de la rédemption en découvrant le monde de ces bonnes espagnoles vivant dans des chambres miteuses, au dernier et sixième étage de son immeuble. Des bonnes qu’il côtoie bien évidemment tous les jours mais auxquelles il n’a jamais prêté cas. Ouvrant la boîte de Pandore en faisant leur connaissance par hasard, il va découvrir un monde joyeux et coloré, loin du sien terne et morne, entre flamenco et paella ou derrière leur dur labeur quotidien ingrat, ces femmes « exceptionnelles » croquent la vie à pleines dents, solidaires les unes des autres et toujours de bonne humeur malgré leur harassement en fin de journée. Et bien évidemment notre Luchini de se rendre compte que l’argent ne fait pas le bonheur, que la vie doit être vécue avec folie et passion, avec enthousiasme, légèreté et gaieté car c’est comme ça que l’on est heureux…

Que dire de plus ? Le scénario résume presque tout à lui seul. En clair, estimez-vous heureux de travailler chaque jour peu importe votre salaire. Regardez ces femmes, elles en chient à longueur de journée, elles accomplissent les pires besognes et pourtant, elles ne se plaignent pas, elles gardent leur joie de vivre et profitent des petites choses et des petits plaisirs. Non satisfait d’être sans saveur, sans imagination, ratée à tous les niveaux (mon dieu le final ressemblant à une pub pour de la lessive Le Chat Machine) le film de Philippe Le Guay se double d’un discours abject à faire tressaillir d’effroi le moins des syndicalistes engagés. Véhiculant des idées et concepts de vieille France dépassée et poussiéreuse, Les femmes du 6e Etage fait vraiment partie de que le cinéma français a pu faire pire depuis longtemps car en plus d’être aberrant de connerie et de ringardise, en plus d’être d’une pauvreté à toute épreuve et à tous les niveaux, il se permet de doubler sa bêtise d’une idéologie gerbante. Et au passage, sous ses apparences faussement tendres en forme de lourd coup de coude au spectateur, il est une belle insulte aux espagnoles immigrées dénaturant leur condition pour l’enrober d’une esthétique mignonne et désuète à la Amélie Poulain croisée avec Les Choristes. Au secours !

Bande-annonce :

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