[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Le jeune Karl Marx
Père : Raoul Peck
Date de naissance : 2017
Majorité : 27 septembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Allemagne
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre : Biopic, Drame
Livret de famille : August Diehl, Stefan Konarske, Vicky Krieps…
Signes particuliers : Un biopic un peu trop rigide.
LE SENS DE LA CRITIQUE
LA CRITIQUE DE LE JEUNE KARL MARX
Résumé : 1844. De toute part, dans une Europe en ébullition, les ouvriers, premières victimes de la “Révolution industrielle”, cherchent à s’organiser devant un “capital” effréné qui dévore tout sur son passage. Karl Marx, journaliste et jeune philosophe de 26 ans, victime de la censure d’une Allemagne répressive, s’exile à Paris avec sa femme Jenny où ils vont faire une rencontre décisive : Friedrich Engels, fils révolté d’un riche industriel Allemand. Intelligents, audacieux et téméraires, ces trois jeunes gens décident que “les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, alors que le but est de le changer ». Entre parties d’échecs endiablées, nuits d’ivresse et débats passionnés, ils rédigent fiévreusement ce qui deviendra la “bible” des révoltes ouvrières en Europe : “Le manifeste du Parti Communiste”, publié en 1848, une œuvre révolutionnaire sans précédent.
Il y a quelques mois, le réalisateur Raoul Peck avait tous les projecteurs braqués sur lui dans la foulée du succès de son documentaire I am Not your Negro, sacré aux Oscars. Fort de ce vent de popularité, celui qui est également Président de la Fémis revient (déjà) avec un film historique à travers lequel il tente de nous intéresser à l’une des figures majeures de l’histoire de la pensée moderne : l’essayiste-sociologue-philosophe allemand Karl Marx. D’un documentaire engagé citant Baldwin pour évoquer la condition des afro-américains aux Etats-Unis à un biopic sur le fondateur de l’idéal communiste, Raoul Peck explique vouloir revenir à des fondamentaux en ces temps de « fin des idéologies ». Avec Le Jeune Karl Marx, il n’est pas question de se pencher sur la vie du penseur allemand, mais plutôt de comprendre comment ont pu germer ses œuvres les plus fondamentales, telles que Le Manifeste du Parti Communiste ou Le Capital.
Conscient qu’avec la durée acceptable d’un long-métrage actuel, il aurait été impossible de dresser un portrait intégral d’une figure aussi complexe que Karl Marx, de même qu’il aurait été impossible de synthétiser sa pensée, Raoul Peck a choisi de se pencher sur la jeunesse du célèbre penseur germanique. Plus précisément, sur cette période charnière où, alors qu’il était en exil, il a commencé à construire et assembler les idées qui vont le mener à rédiger ses plus grands écrits. Sur le fond, Raoul Peck tente de schématiser comment Marx en est venu à théoriser les bases du communisme. Sur la forme, le cinéaste tente de séduire en conjuguant propos et esthétique, notamment avec une photographie aux tonalités grisâtre incarnant à elle-seule, l’esprit ambiant d’une Europe ouvrière au bord de l’implosion. Mais malgré la noblesse de son sujet passionnant et de ses intentions, Raoul Peck se met en échec, Le Jeune Karl Marx déclinant doucement vers l’ennui poli en raison du statisme d’un style qui ne donne pas suffisamment de vigueur aux longs échanges didactiques de ces théoriciens réfléchissant sur la condition du prolétariat. A bien des égards, le film de Raoul Peck est très intéressant, mais l’on en vient vite à se demander si ce portrait de « critiques critiquant la critique avec un esprit critique », était vraiment un sujet cinématographique ?
BANDE-ANNONCE :
Par David Huxley