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LE BRIO d’Yvan Attal : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Le Brio
Père : Yvan Attal
Date de naissance : 2017
Majorité : 22 novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique

Livret de famille : Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha…

Signes particuliers : Une comédie qui essaie de se montrer intelligente.

LE NOUVEAU BRIO D’YVAN ATTAL

LA CRITIQUE DE LE BRIO

Résumé : Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés. 

La passe de cinq pour Yvan Attal. Après Ma femme est une actrice, Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, Do Not Disturb et le mésestimé Ils sont partout, Le Brio est le cinquième long-métrage de l’acteur-réalisateur, qui réunit la jeune Camélia Jordana et le vétéran Daniel Auteuil, pour une confrontation truculente sur fond de concours d’éloquence et de commentaire sur le racisme. Dans Le Brio, Neïla rêve de casser le cliché de la banlieusarde et de devenir avocate. Lorsqu’elle débarque à l’Université d’Assas, elle est immédiatement la cible de Pierre Mazard, un professeur borderline aux préjugés flirtant avec le racisme. Mais à la suite d’un énième dérapage et pour éviter le bannissement en conseil de discipline via une action symbolique, Mazard va accepter de coacher son étudiante pour le prestigieux concours d’éloquence. Pour cela, les deux vont devoir dépasser leur animosité.

Comme souvent chez Yvan Attal, le fond est plus intéressant que la forme. Si le scénario reprend l’éternel poncif du professeur qui va se lier d’amitié avec une élève et l’aider à sortir du lot, c’est derrière le masque estampillé « comédie » que l’on trouvera la richesse d’un film qui défend un, voire plusieurs propos très intéressants et observateurs sur nos sociétés actuelles. Peut-être un peu trop d’ailleurs, au point que l’on a du mal à faire émerger l’idée directrice et motrice de l’intention alors que le film veut parler de choses à la fois quitte à être submergé par ses ambitions. Mais après tout, mieux vaut encore un film trop riche qu’un film trop pauvre.

Humain voire humaniste, alors qu’il tente de démontrer que le dialogue est le meilleur moyen pour apprendre à se connaître et à se comprendre au-delà des différences, Le Brio est d’abord un pamphlet sur l’intolérance. Mais pas seulement. Yvan Attal profite de cette « dramedy » comme il l’a qualifie, pour surtout mettre en avant qu’il est important de ne pas se contenter de ce que l’on est et de ce que l’on a. En se confrontant à ce professeur en tout point son opposé, la jeune Neïla va s’enrichir, changer, trouver la force de briser les clichés sociaux qu’elle pouvait traîner dans son sillage. C’est probablement là le cœur d’un film qui s’applique à défendre l’importance d’apprendre à réfléchir par soi-même, de se construire une personnalité, un bagage pour se défendre, et de refuser la résilience. Sans tourner le dos au milieu d’où elle vient, Neïla va se battre pour avancer en détruisant les barrages cimentés aux préjugés qui se dresseront sur sa route. Elle va surtout devoir apprendre à canaliser sa colère pour se défendre par les mots. Et Attal, grand pacifiste dans l’âme, de faire la démonstration que l’art des mots est plus valeureux et efficace que la haine ou la colère primaire. Dans son récent Maryline, Guillaume Gallienne s’attendrit du parcours chaotique d’une jeune femme qui n’a pas les mots pour se défendre. Quelque part, Le Brio et Maryline ont cela en commun, montrer que les mots et une pensée réfléchie et construite, sont les premières barrières de défense contre les attaques faciles. Un portrait acerbe de nos sociétés qui aiment à ranger les gens dans des cases selon des préjugés sociaux expéditifs, un regard sur l’état de nos banlieues, une mise en valeur de notre héritage culturel qui peut être un réel moteur quand il est un peu maîtrisé, l’épopée d’une jeune fille qui va combattre les à priori… et la question de savoir si l’expression du mal est nécessaire. Encore un autre sujet qui gravite autour du script de ce Brio. Pour prendre un exemple concret, et si les Marine Le Pen et autre Eric Zemmour étaient finalement des maux nécessaires ? On extrapole un peu mais quelque part, c’est une question qu’inspire le film d’Yvan Attal aux entournures de son édifiant récit à tiroirs. Dans la lignée de son Ils sont Partout, le cinéaste se frotte encore à un sujet pas facile. Si l’on ne croise pas le visage du mal, si l’on ne croise pas l’abject ou le cynisme, si l’on a jamais l’occasion de se confronter à lui, comment savoir qu’il existe et comment le reconnaître ? Avec Le Brio, le réalisateur philosophe là-dessus, opposant une étudiante issue de l’immigration et un professeur borderline aux provocations fondées sur des préjugés un peu racistes (qui n’est pas sans rappeler le polémiste Zemmour justement). Pourtant, ces deux-là que tout oppose, vont se servir l’un de l’autre, vont se servir des armes ou des options qu’ils peuvent s’apporter mutuellement, sans pour autant renier leurs différences. Et à partir de là, Attal de montrer que l’adversité est un bon moyen pour aiguiser ses armes, que le dialogue est un bon moyen pour réévaluer sa pensée et ses préjugés, et que la confrontation intelligente aura toujours plus de force que n’importe quelle action irréfléchie.


Engagé, mais en même temps drôle et léger, Le Brio est une intéressante confrontation de la comédie et du film politico-social. Le regret sera seulement de voir Attal, piéger ses idées dans une forme peut-être trop légère et didactique sur la forme, son film n’échappant pas à un soupçon de naïveté et à un certain schématisme qui limite un peu l’impact de ses propos.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

9 thoughts on “LE BRIO d’Yvan Attal : la critique du film

  1. Je pensais voir un film intelligent, j’ai vu un film intellectuel avec des perroquets qui jouaient un rôle, mais n’étaient pas du tout crédibles. S’il fallait se tenir droit et être bien habillé pour être intelligent : il y en aurait beaucoup sur terre pourtant ils se font bien rares !! L’intelligence n’est pas réservée aux bavards et aux diplômés. Il y a de simples ouvriers qui sont plus intelligents que ceux qui sont instruits. L’intelligence ne s’apprend pas : elle est innée. De plus les grossièretés « gratuites » ne m’ont pas aidé à me convaincre au contraire. Dommage car la trame de ce film aurait pu être bonne et d’habitude Daniel Auteuil est un très bon acteur.

    1. « L’intelligence ne s’apprend pas : elle est innée »
      Dommage alors que tu n’en sois pas dotée, tu n’es ainsi pas la meilleure personne pour en parler… ce qui explique peut-être pourquoi tu n’as pas compris le film. 🙂
      Et si, l’intelligence ça se cultive.

  2. LE BRIO – Très grand film de M.Attal, classe internationale enfin!
    Mené tambour battant, Auteuil impressionnant, un de ses meilleurs rôles.
    La jeune actrice promet.Ah, quand il veut, le cinéma français !

  3. Je viens de voir ce film et j ai été très intéressée par le jeu des acteurs et surtout de Carminât Giordana touchante et brillante. Les dialogues sont passionnants.
    Il y est démontré que l humanisme peut avoir raison de la haine et des préjugés quand on a les bons mots pour les combattre.

  4. Bonne analyse de la réalité sociale que ce film décrit. Je ne l’ai pas vu mais cette critique me conduit à aller le voir

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