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HOSTILE de Mathieu Turi : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Hostile
Mère : Mathieu Turi
Date de naissance : 2017
Majorité : 26 septembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de Famille : Brittany Ashworth, Grégory Fitoussi, Javier Botet…

Signes particuliers : Quand Je suis une légende rencontre Mad Max !

LA FRANCE A UN INCROYABLE TALENT

LA CRITIQUE DE HOSTILE

Résumé : Dans un monde en ruine après une catastrophe inconnue, l’espèce humaine tente de se reconstruire. Les survivants ne sortent que la journée car la nuit venue d’étranges créatures sortent pour chasser. Juliette est la seule à oser s’aventurer près des villes. Un jour, sur le chemin du retour, elle perd le contrôle de sa voiture. Lorsqu’elle reprend connaissance, elle est blessée, coincée dans son véhicule, et… IL FAIT NUIT.

Faire du cinéma de genre en France est chose compliquée. Très compliquée. Problème de moyens injectés, de confiance et de courage de producteurs et distributeurs apeurésAprè, problème d’image aussi avec le mot « français » qui semble rebuter d’avance… Les contraintes sont nombreuses. Mais heureusement, il y a encore quelques audacieux et dans le cas de Hostile, espérons que la chance sourira à ces audacieux qui ont mené ce petit projet, d’une écriture commencée en 2011 aux salles de cinéma en 2018. On ne peut que souhaiter du bien à cette modeste série B fragile, car non seulement elle incarne une prise de risque devenue rare dans l’hexagone mais qui plus est, le film en lui-même est un pari, celui de mixer deux genres à priori opposés, dans une proposition couillue et assez originale.

Première réalisation du jeune Mathieu Turi (assistant-réal sur une pelletée de blockbusters américains), Hostile ose tenter le mariage hybride du drame romantique et du film de zombies. Pardon mais hein ?! Oui, vous avez bien lu, Hostile est autant une histoire d’amour qu’un survival post-apocalyptique dans un monde délabré, peuplé de flippantes créatures infectées. Et le pire, c’est que ça marche ! Il y en aura toujours pour se moquer et se marrer mais force est de constater que le scénario longuement pensé par Turi, s’exprime bien à l’écran. Hostile, c’est l’idée d’un 50/50. Le film nous attache à Juliette, une jeune femme badass qui parcourt les plaines désertiques de l’Amérique en ruines la recherche de provision pour nourrir son groupe de survivants. Mais au détour d’une mission, Juliette a un accident et la jambe brisée. Contrainte de devoir tenir en attendant l’arrivée des secours, la malchanceuse va devoir affronter ces humanoïdes affamés et avides de chair humaine. Parallèlement à sa fâcheuse situation présente, Hostile raconte son histoire passée à grands renforts de flashbacks distillés progressivement et entrecoupant le récit de survie. Ainsi, dans le présent, le film de Mathieu Turi est donc un film d’horreur. Dans le passé, il est un drame romanesque dressant le portrait d’une jeune femme revenue de l’enfer. Au bout, l’idée qu’il peut y avoir de la beauté dans toutes les laideurs, comme aimait le peindre Francis Bacon, dont quelques toiles montrées dessinent le message et la destinée du film.

Plutôt touchant dans sa love story dramatique qui tourne autour d’un couple né dans la douleur en nous attachant à ses beaux personnages bien écrits (ça change de bien des films d’horreur qui ne s’embarrassent guère de ce genre de détails), Hostile est également très efficace dans sa partie zombiesque. Certains lui reprocheront probablement de ne pas en faire « assez » côté horreur mais Mathieu Turi tient et affirme son choix avec courage, bien conscient que sa proposition ne plaira pas à tous, à l’image d’un final poétique qui sera sûrement très discuté. Reste qu’Hostile confirme qu’il y a des talents en France côté cinoche de genre, que l’absence de moyens est un moteur pour trouver idées et que l’on est encore capable de faire de bonnes péloches horrifiques dans l’Hexagone. Ici, le pari d’un mariage romance et horreur fonctionne car le script de Mathieu Turi est un modèle de structure équilibrée et de montage, chaque aller et retour étant parfaitement pensé et placé pour que les segments se répondent les uns les autres. Le pari narratif donne du corps et surtout du dynamisme à l’entreprise et si Hostile ne brille pas par son originalité (il faut dire que le registre a quand même sacrément labouré et Turi en a parfaitement conscience), il a le mérite d’être propre, bien foutu, haletant voire stressant, avec en guise de production value, des décors (marocains) savamment exploités, un gros travail sur le son permettant de faire monter la tension plutôt que de dévoiler trop vite les monstres, et une effrayante créature interprétée par l’incontournable Javier Botet, légende du cinéma vu dans Rec, Mama, Alien Covenant et autres Ca ou La Momie, atteint d’une maladie rare qu’il a su utiliser pour camper des créatures squelettiques au cinéma.

Bref, sans être le film de l’année, et humblement Mathieu Turi le sait très bien, Hostile est une proposition sincère, bourrée de qualités et exécutée avec soin et envie. Soyons bienveillants, c’est en soutenant ce genre de tentatives que le cinéma de genre français réussira à exister de manière pérenne. Bon, on attend maintenant avec impatience le prochain film de Mathieu Turi, un long-métrage de SF qu’il tournera à la fin de l’année !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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