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FLEUVE NOIR d’Erick Zonca : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Fleuve Noir
Père : Erick Zonca
Date de naissance : 2016
Majorité : 18 juillet 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h54 / Poids : NC
Genre
: Polar

Livret de famille : Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain, Elodie Bouchez, Charles Berling, Hafsia Herzi…

Signes particuliers : Un polar tellement raté que ça en devient embarrassant.

UN POLAR AU CASTING DE ROIS DÉCHUS

LA CRITIQUE DE FLEUVE NOIR

Résumé : Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. François Visconti, commandant de police usé par son métier, est mis sur l’affaire. L’homme part à la recherche de l’adolescent alors qu’il rechigne à s’occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Yan Bellaile, professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève et propose ses services au commandant. Il s’intéresse de très près à l’enquête. De trop près peut-être…

Erick Zonca est plutôt discret sur grand écran, Fleuve Noir n’étant que son troisième long-métrage de cinéma depuis La Vie Rêvée des Anges… sorti en 1998 ! Adaptation d’un roman policier de l’écrivain Dror Mishani, ce polar au visage particulièrement sombre suit l’enquête d’un commandant de police usé, à la recherche d’un adolescent de bonne famille qui a mystérieusement disparu sur le chemin de l’école.

Malgré un casting de stars qui conjugue pourtant les meilleurs talents français, Fleuve Noir restera dans l’histoire de ces débâcles surréalistes, de ces projets qui ont complètement dévissés pour finir en roue libre dans le cimetière des ratages monumentaux. Avec Fleuve Noir, le pourtant doué Erick Zonca s’inspire de la célèbre collection de romans éponyme pour signer un polar convoquant tous les codes emblématiques du genre. Mais à l’arrivée, le résultat est incompréhensible. À tel point que l’on aurait presque du mal à saisir exactement ce que le cinéaste avait comme idée derrière la tête. Voulait-il faire un polar sombre et nihiliste, un film policier anxiogène, ou une comédie parodiant le registre auquel il se frotte ? Si la question se pose, c’est tout simplement parce que Fleuve Noir a une telle capacité à flirter avec le grotesque que l’on en vient à remettre en question la volonté de sérieux de l’entreprise. En filigrane, on a surtout cette vague impression que Zonca a voulu évoluer pas loin du génial Série Noire d’Alain Corneau et son ton tragi-comique, avec notamment un Cassel qui rappelle parfois le pathétique de l’anti-héros jadis joué par Dewaere. Le tout croisé avec une conduite rappelant Les Rivières Pourpres. Mais rien ne fonctionne, ou plutôt la moindre intention du metteur en scène prend l’eau et devient une mauvaise idée alimentant encore un peu plus un projet qui s’englue dans son ridicule permanent pour mener à un immense moment de gêne où l’embarras du spectateur se mêle à des rires étouffés symptomatiques du malaise ambiant.

Que (ou qui) pointer du doigt ? Les comédiens ? On connaît bien Vincent Cassel, Romain Duris et Sandrine Kiberlain. Trois noms, trois stars, trois talents reconnus. Les malheureux se retrouvent pourtant privés de toute direction crédible, livrés à eux-mêmes dans ce bateau en perdition. Eux aussi en roue libre, ils ne font qu’incarner la catastrophe, jouant mal ou jouant faux un millefeuille de clichés dont les différentes couches ne sont qu’autant de coups d’épée dans le flanc du long-métrage. Vincent Cassel par exemple, composant dans un élan de cabotinage bouffon, un flic totalement grotesque. Un inspecteur usé, forcément ça picole sévère, forcément sa femme s’est barrée et son fils est en rébellion, et forcément ça traîne une dégaine miteuse personnifiée par des cheveux hirsutes et un long imper à la Columbo. Romain Duris en prof de français suspect ? Le pauvre trimballe un look précieux et donne des cours de soutien dans sa cave royalement glauque. Quoi de plus normal voyons… Et épargnons la malheureuse Sandrine Kiberlain (qui d’ailleurs se désolidarise de la promotion du film) dont l’air hagard traduit vraiment son « Mais qu’est-ce que je fous dans cette galère ?« . Si leurs prestations catastrophiques n’est sans doute pas de leur fait mais plutôt le fruit d’une combinaison « mauvais script et mauvaise direction d’acteur », alors les regards se tournent vers Erick Zonca, que l’on n’imagine pas autrement que conscient de sa déroute.

Multipliant les incohérences grossières, les égarements narratifs coupables et les pistes et sous-intrigues qui ne servent strictement à rien (l’histoire du fils de Cassel en petit dealer de bas étage ou l’attirance physique entre cet inspecteur bourru et la mère-victime Kiberlain), Fleuve Noir ajoute à sa piètre conduite scénaristique, des scènes improbables de stupidité dont on peine à croire qu’elles puissent exister dans un film de ce standing. Mention à cette séquence sous la pluie ou l’inspecteur Cassel demande à la désemparée Kiberlain en pleurs, si « ça ne va pas ?« . Bah si, tout va très bien voyons, son fils a disparu et il est peut-être mort mais à part ça… Difficile d’en dire plus sur les moments de gêne les plus grotesques sous peine de déflorer certaines « surprises » que réservent le film mais une chose est sûre, elles sont savoureuses de ridicule et dignes des plus cocasses nanars. En bref, Fleuve Noir est un grand moment de rigolade involontaire, une authentique purge née d’un projet ambitieux parti en quenouille.

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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