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SWEET THING de Alexandre Rockwell : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Sweet Thing
Père : Alexandre Rockwell
Date de naissance : 2020
Majorité : 21 juillet 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Will Patton, Karyn Parsons, Lana Rockwell, Nico Rockwell…

Signes particuliers : Moins de Covid et plus d’Alexandre Rockwell, voilà ce qu’il faudrait au monde pour tourner mieux.

 

 

LE MERVEILLEUX RETOUR D’ALEXANDRE ROCKWELL

NOTRE AVIS SUR SWEET THING

Synopsis : New Bedford, Massachusetts. Billie, jeune adolescente, et son petit frère Nico luttent pour trouver leur place dans une famille dysfonctionnelle. Partagés entre un père alcoolique mais aimant et une mère trop souvent absente, leur vie oscille entre malaises et incompréhensions. Lors d’un été mouvementé, ils rencontrent Malik, jeune garçon en quête de liberté et décident de fuguer avec lui afin de vivre leur propre aventure.

Son nom est moins connu que Sam (aucun lien de parenté) mais les cinéphiles adeptes de la scène indépendante américaine auront peut-être déjà entendu parler d’Alexandre Rockwell, grand passionné de cinéma, professeur à l’Université de New-York, ami de Quentin Tarantino (et de Sam Rockwell justement), et surtout cinéaste intermittent qui repasse derrière la caméra de temps à autre, quand il en ressent le besoin, quand les planètes s’alignent, quand il a quelque chose d’intéressant à raconter. Faire du cinéma pour faire du cinéma, ce n’est pas sa philosophie. Et c’est peut-être justement parce qu’il est rare que l’on chérit à chaque fois les retrouvailles quand elles se présentent. Pour cela et parce que ses œuvres sont magnifiques. Elles tiennent en une petite poignée de films et Sweet Thing y tiendra une place de choix aux côtés du mémorable Somebody to Love. Car l’air de rien, Rockwell vient peut-être de signer son plus beau film…

Sweet Thing est un petit bijou de délicatesse et de poésie tragique. Tragique sans être sombre ou déprimante. Alexandre Rockwell y raconte l’histoire d’une cavale joyeuse contre une vie merdique. Pas étonnant en y repensant, que la musique renvoie autant au thème de True Romance. Malgré la dureté de ce qui y est raconté autour de cette jeunesse victime de la trahison du monde des adultes, Sweet Thing demeure un film d’espoir, une balade lumineuse teintée d’un doux onirisme qui combat le Mal des familles dysfonctionnelles par des sourires espiègles et des yeux qui pétillent. Comme ceux de cette petite brochette de jeunes comédien(ne)s épatante qui donnent au film, une énergie solaire galvanisante.

Si Alexandre Rockwell est devenu enseignant de cinéma, il ne s’est jamais replié dans un temps idéalisé par les bouquins d’histoire. Toujours éperdument amoureux de son art et grisé par sa vigueur, le cinéaste a gardé la même passion qui lui avait fait réaliser ses premiers films dans les années 80 et l’on sent constamment une attirance énamourée pour l’image, les textures, les sensations, la beauté. Il y a plus de cinéma dans deux plans de Sweet Thing que dans deux heures de bien des blockbusters yankees. La minutie des angles et la perfection des cadrages, la beauté d’une photographie évanescente conjuguée à la magnificence d’un noir et blanc profond et magnétique, le soin accordée à la fabuleuse bande originale, les amusements plastiques (comme l’irruption très ponctuellement de la couleur) qui ne font jamais grigris gratuits… Rockwell a une maîtrise totale sur son film dont la petitesse n’a d’égale que sa grandeur d’âme. Oui, Sweet Thing est un petit film fragile. Mais c’est aussi -et surtout- une immense pépite à la puissance étincelante, de ces films confectionnés avec le cœur qui pourraient renverser des montagnes à la force des émotions qu’ils procurent.

Car oui, tout a été fait avec le cœur sur Sweet Thing. Devant la caméra, Lana et Nico Rockwell, les enfants du cinéaste, et Will Patton, un vieil ami. Derrière (au montage, à la photo ou aux décors), plusieurs de ses anciens étudiants de la fac. A la production, un autofinancement puis des inconnus sur Kickstarter et enfin des copains tels que Sam Rockwell, Steve Buscemi ou son ex-femme Jennifer Beals venus en renforts. Alexandre Rockwell s’est entouré d’une équipe de cœur prêt à le suivre au bout du monde. A défaut, ils l’ont suivi au bout de ses idées, en direction de la magie. Sweet Thing est une œuvre de magicien, un état de grâce hors du temps, hors du concret, hors des paramètres critiques. C’est d’ailleurs de cela dont il y est question au fond, d’une parenthèse en apesanteur. Pour ces trois enfants malmenés, le monde des adultes est impitoyable. Ils n’ont jamais pu y vivre leur âge et sa douce innocence. Alors si personne n’est capable de prendre soin d’eux, ils le feront eux-mêmes, solidaires, bras attachés, fronts baissés et course folle en direction d’une bulle faite de liberté et d’amitié où ils feront du désenchantement, un nouvel enchantement.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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