Mondociné

SUIS-MOI JE TE FUIS de Kôji Fukada : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs


Nom : The Real Thing
Père : Kôji Fukada
Date de naissance : 2021
Majorité : 11 mai 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Japon
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Win MorisakiKaho TsuchimuraShosei Uno

Signes particuliers : Délicieusement subversif. 

Synopsis : Entre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, à qui il sauve la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître.

 

LA SOCIETE JAPONAISE PAR KOJI FUKADA

NOTRE AVIS SUR SUIS-MOI JE TE FUIS

Déjà remarqué avec des films comme L’Infirmière ou Le soupir des vagues, le jeune cinéaste japonais Koji Fukada contribue à faire souffler un vent de modernité sur le nouveau cinéma japonais. Pensé comme un diptyque, Suis-moi, je te fuis (actuellement en salles) et Fuis-moi, je te suis (sortie prévue le 18 mai) constituent une œuvre délicieusement subversive et prend les habits d’une romcom afin de mieux tordre et inverser les mythes et clichés traditionnellement associés au couple et à la famille japonaise. Le film s’ouvre sur trois scènes symboliques. Dans la première, Tsuji, commercial modèle d’un fabricant de jouets (le choix du secteur n’est pas dû au hasard tant on connaît le besoin des japonais de se réfugier dans le « kawaï ») récupère -non sans vociférer en silence contre le patron du magasin- un stock de mini scarabées mécaniques présentant des défauts invisibles à l’œil nu (le fameux « zéro défaut » à la japonaise est à l’œuvre). La seconde scène oppose une chef de service (amante « libre » de Tsuji) à un employé grossier obligé de s’excuser devant toute l’entreprise pour des paroles et propos outranciers prononcés à l’encontre d’une jeune employé, elle-même flirtant par amour avec Tsuji et ignorant que sa chef le voit en secret. Cette séance d’excuse est une attitude rare et transgressive dans un monde professionnel rarement protecteur pour les femmes. Enfin, la scène du Konbini (sorte de petit magasin très courant dans les grandes villes japonaises) dans lequel Tsuji cherche vainement à attirer l’attention de la jeune et jolie Ukiyo, visiblement dépassée et perdue dans un quartier qu’elle ne connaît pas (symbole ici d’une société japonaise qui perd même ses contemporains par la complexité de ses règles).

La suite du film que l’on ne dévoilera pas, voit s’enchaîner une suite de situations qui font, au choix, songer au théâtre de Marivaux et de Feydeau ou à une Fotonovela subvertie par un Pier Paolo Pasolini. Toutes les figures de domination masculine sont ici décrites et renversées et le film en dit davantage sur l’absurdité des us et coutumes de la société japonaise que bien des œuvres plus académiques. La seconde partie en salles le 18 mai, promet une nouvelle fois son lot de surprises et de situations révélatrices et jubilatoires.

Par Bart Sampson

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux