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EGŌ de Hanna Bergholm : la critique du film [VOD]

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Nom : Pahanhautoja
Mère : Hanna Bergholm
Date de naissance : 2021
Majorité : 26 avril 2022
Type : sortie VOD
Nationalité : Finlande, Suède
Taille : 1h26 / Poids : NC
Genre : Horreur

Livret de Famille : Siiri SolalinnaSophia HeikkiläJani Volanen

Signes particuliers : Un film d’épouvante malaisant. 

Synopsis : Tinja a 12 ans. Sa mère la pousse à faire de la gymnastique, exerçant sur elle un perfectionnisme malsain. Une nuit, la petite fille va faire la découverte d’un œuf bien étrange, qu’elle va cacher, puis couver. Jusqu’à l’éclosion d’une inquiétante créature…

 

 

L’OISEAU ET L’ENFANT (mais rien à voir avec Marie Myriam)

NOTRE AVIS SUR EGO

Ça ne date pas d’hier, le cinéma nordique est plutôt adroit quand il touche à l’épouvante (on ne s’est toujours pas remis du norvégien The Innocents). La dernière sensation en date est ce Egō tout droit descendu des fjords finlandais. Réalisation de la cinéaste Hanna Bergholm, Egō a fait sensation au dernier festival de Gérardmer où il a raflé le prestigieux Grand Prix. L’histoire ? Une famille modèle en apparence, un corbeau qui s’infiltre dans le salon, la mère qui le butte sèchement et le début d’un cauchemar. Tinja, l’ainée des deux enfants, récupère un œuf du volatile. Elle en prend soin, il grossit et donne naissance à une créature étrange.
Du gore, il n’y en a pas vraiment dans Egō. Et pourtant, cela n’empêche pas le film d’Hanna Bergholm d’être l’un des trucs les plus ragoûtants vu depuis des lustres. Des plus malsains aussi. En cause, sa créature qui diffuse un puissant pouvoir répulsif. Ensuite, son histoire troublante, dérangeante, inconfortable. Cela dit, non seulement Egō est un excellent film d’épouvante pour les émotions qu’il procure, mais c’est aussi une œuvre d’une grande intelligence dans laquelle chaque idée horrifique est au service d’une métaphore, donnant ainsi du corps au coffre (ou du coffre au corps – comme vous voulez). Tout commence par l’image instagrammée d’une famille parfaite. Une jolie famille, des sourires, du bonheur, deux beaux enfants, une maison bien propre, bien rangée, lumineuse, rien qui dépasse… Un cadre presque trop idyllique. Puis l’arrivée d’un corbeau qui passe par la fenêtre. Paniqué, il va détruire la moitié du salon. Une touche de noir vient briser la blancheur paradisiaque de la scène familiale. Une touche de sauvagerie dans un cocon calme. Comme un oiseau de mauvaise augure qui vient faire voler en éclats les apparences. Et l’acte aussi soudain que violent de la mère va provoquer la suite. Tinja, la gamine, va trouver cet œuf dudit volatile. Marqué par le geste traumatisant de sa mère, elle va le garder, le veiller comme prise d’un élan de culpabilité. Et celui-ci va grossir, grossir, grossir, pour donner naissance à quelque chose de protéiforme. Cet œuf est un peu comme la charge émotionnelle d’une fillette qui grandit, avec cette évidence qu’elle finira par craquer pour libérer un mal-être que l’on pressent enfoui. L’œuf personnifie ce mal-être grandissant prêt à éclore. L’âge de l’adolescence à l’horizon, mais pas que. La coquille d’une vie pseudo-parfaite qui se craquelle sous le poids des illusions et des non-dits.
Mais attention, Egō n’est pas qu’un film cérébral misant tout sur son allégorie au détriment de la terreur. On est venu pour avoir peur, on va en avoir pour notre argent. Sur un niveau de lecture premier, Egō est avant tout un film de monstre craspec qui chérit une ambiance malfaisante particulièrement anxiogène et oppressante, laquelle laisse filtrer quelques scènes d’horreur bien efficaces comme il faut. Du fond et de la forme avec un parfait équilibre entre les deux, Egō est un coup totalement gagnant.

 

Par Nicolas Rieux

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