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MARIO de Marcel Gisler : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Mario
Père : Marcel Gisler
Date de naissance : 2018
Majorité : 1er août 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Suisse
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre
: Drame, Romance

Livret de famille : Max Hubacher, Aaron Altaras, Jessy Moravec…

Signes particuliers : Le 03 juillet en DVD et le 1er août au cinéma.

LE TABOU DE L’HOMOSEXUALITÉ DANS LE FOOTBALL

LA CRITIQUE DE MARIO

Résumé : Pour la première fois de sa vie Mario, un jeune footballeur, tombe amoureux de Léon, nouvel attaquant venu d’Allemagne. Mais dans l’équipe, des rumeurs commencent à circuler sur leur relation et Mario voit sa carrière compromise pour intégrer un club de première division.

La Coupe du Monde bat son plein (ou vient de se terminer selon quand vous lirez ces lignes) et l’on parle encore un peu de football mais d’une manière très différente. Pas côté stades russes bondés de supporters qui chantent à tue-tête pour encourager leur équipe, mais côté salles obscures cette fois, où sort le drame Mario, long-métrage suisse signé Marcel Gisler (le documentaire primé Electroboy). A travers le parcours d’un jeune footballeur prometteur qui rêve de passer professionnel, Mario aborde la question taboue de l’homosexualité dans le football, voire dans le sport tout court de manière plus générale, et son propos s’articule autour d’une touchante histoire d’amour meurtrie par les règles d’un monde où l’on ne parle pas de ces choses-là.

Faire un coming-out quand on est un jeune footballeur connu ou prêt à l’être, mais vous n’y pensez pas voyons ! Les fans de ballon rond le savent mieux que personne, les footballeurs professionnels assumant leur homosexualité se comptent sur les doigts d’une main, et encore il faut bien chercher pour les dénicher. Pour les autres qui ne seraient pas au fait de la question, on vous l’apprendra peut-être mais aussi triste que cela puisse être, l’homosexualité n’a pas sa place dans les vestiaires des équipes de foot, et par extension dans la plupart des vestiaires de sport collectif. On est en 2018 et l’homosexualité dans le sport est encore une sorte d’interdit qui pourrait faire paniquer n’importe quel Président de club, n’importe quel sponsor, n’importe quel coéquipier d’une équipe apprenant que son « pote » est un « PD ». C’est sur cette absurdité qui met en exergue le chemin qu’il reste encore à parcourir dans ce milieu, que Mario se penche dans un élan de tendresse et de dureté. La tendresse vient de l’histoire d’amour homosexuelle entre deux jeunes joueurs qui nous est contée avec beaucoup de subtilité et de bienveillance. La dureté, elle, vient de la souffrance que le film de Marcel Gisler pointe du doigt, cette souffrance de devoir cacher sa nature pour se conformer aux stéréotypes de masculinité en vigueur dans le monde du sport, cette souffrance de devoir ravaler sa sensibilité car dans ce milieu, sensibilité est un synonyme de faiblesse. Et l’on veut des « hommes », pas des faibles.

Si l’on pourra reprocher au film une mise en place un peu rapide de la « romance tragique » qui sert de moteur à son propos, reste que Mario est un film fort, pertinent, bien interprété, dont on apprécie surtout la démarche pudique mais émouvante, autant que la justesse de son regard qui n’a jamais besoin d’en faire trop pour filer au but. Et dire que Mario sort au cinéma alors que le dernier Mondial de foot se tient (ou s’est tenu) en Russie et que le prochain aura lieu au Qatar, deux pays reconnus pour leur propension à opprimer les homosexuels… Quelle ironie ! On le disait, le chemin risque d’être encore long car visiblement, l’argent a encore un net avantage sur les droits de l’homme.

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BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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