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JUMBO de Zoé Wittock : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Jumbo
Mère : Zoe Wittock
Date de naissance : 2019
Majorité : le 22 juin 2020
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique, France
Taille : 1h33 / Poids : NC
Genre : Drame, Romance

Livret de famille : Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon…

Signes particuliers : Un film déroutant, qui arrive à fasciner par de-là ses maladresses.

 

(Sortie initialement prévue le 18 mars – repoussée)

UNE ROMANCE PEU ORDINAIRE

NOTRE AVIS SUR JUMBO

Synopsis : Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments envers Jumbo, l’attraction phare du parc. 

Belge d’origine, Zoé Wittock est un talent brut qui s’est poli doucement mais sûrement. Il suffit de voir le parcours de la jeune femme pour s’en convaincre. Après avoir bourlinguée aux quatre coins du monde dans son enfance, forgeant ainsi un goût prononcé pour l’inconnu et les expériences par la découverte constante de nouvelles cultures, elle entre à l’EICAR à Paris à seulement 17 ans, signe plusieurs courts-métrage et se fait remarquer aux « Talent Campus » du festival de Berlin… avant d’être sélectionnée pour le Conservatoire du prestigieux American Film Institute de Los Angeles. Bourse d’excellence et Major de promo plus tard, elle retourne en Europe et signe un nouveau court, à Demi-Mot, remarqué sur OCS et Netflix. Puis c’est le grand bain. Jumbo est son premier long et il se retrouve d’emblée à Sundance puis à Berlin. L’histoire d’une jeune femme timide qui est embauchée comme gardienne dans un parc d’attraction. Un soir où elle traîne son spleen, Jeanne fait la connaissance de Jumbo, l’une des tractions du parc, et en tombe amoureuse. Le début d’une étrange relation sentimentale…

Les principales craintes avec Jumbo étaient de voir l’étrange histoire de Zoé Wittock s’abîmer dans un ridicule embarrassant (s’il était pris au premier degré) ou à l’opposé, de sombrer dans le piège de l’effort pompeux qui tiendrait sur une idée, celle ultra-revisitée de l’amour vrai qui est plus fort que les préjugés. Et par moments, Jumbo donne justement cette impression d’être limité, de s’étioler à mesure qu’il évolue, de tourner en rond autour de sa seule idée fondatrice. Mais curieusement, une forme de fascinante magie opère et permet à la curiosité de la cinéaste de tenir debout, de traverser les difficultés, de faire face à ses évidentes faiblesses et de balayer le danger d’être la risée. Cette magie tient dans une étrange forme de poésie fantastique que la réalisatrice ne refuse jamais pour éviter de se cantonner à l’œuvre métaphorique suffisante. C’est probablement parce que Zoé Wittock croit fermement dans ce qu’elle raconte, qu’elle réussit finalement à nous y embarquer. La metteur en scène épouse le genre autant qu’elle prend soin de ne pas s’y enfermer, signant ainsi comme un songe tragique qui tient autant à cheval sur la thématique de la folie que sur celle de l’amour. L’étrange Jeanne, jeune femme-enfant bizarre, est-elle complètement folle, imaginant des choses pour combler une existence triste et dénuée de sens, ou est-elle en train de vivre une véritable histoire d’amour atypique avec une entité tangible mais différente ? Faut-il intervenir pour son bien ou la laisser, car après tout elle ne fait de mal à personne ? Jumbo ménage le mystère, s’inclinant aux pieds du drame psychologique et de la romance fantastico-fantaisiste, pour mieux émouvoir à travers un personnage attachant, véhicule d’une plongée dans un absurde rendu réel. Parfois, Zoé Wittock s’emporte, en fait un peu trop, dérape vers le symbolisme pompeux en oubliant le délicieux onirisme qu’elle tente d’apposer sur son long-métrage. Dans ces moments, Jumbo pourra rappeler des ofni façon Under the Skin… en moins bon. Mais on finit par pardonner à cette œuvre finalement très sincère, car elle a du cœur. Un cœur qui bat au rythme du film, et de la sensibilité de Noémie Merlant, formidable d’intensité contenue. L’actrice parvient à faire adhérer le spectateur à sa cause, et à tirer quelques chaudes larmes émues.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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