Mondociné

GOLIATH de Frédéric Tellier : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs


Nom : Goliath
Père : Frédéric Tellier
Date de naissance : 2021
Majorité : 09 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h02 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller

Livret de Famille : Gilles LellouchePierre NineyEmmanuelle Bercot, Marie Gillain, Laurent Stocker, Jacques Perrin, Chloé Stéfani…

Signes particuliers : Un face à face sous tension illustrant un sujet important. 

Synopsis : France, professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, milite activement contre l’usage des pesticides. Patrick, obscur et solitaire avocat parisien, est spécialiste en droit environnemental. Mathias, lobbyiste brillant et homme pressé, défend les intérêts d’un géant de l’agrochimie. Suite à l’acte radical d’une anonyme, ces trois destins, qui n’auraient jamais dû se croiser, vont se bousculer, s’entrechoquer et s’embraser.

 

QUEL MONDE VEUT-ON POUR DEMAIN ?

NOTRE AVIS SUR GOLIATH

Le film policier avec L’Affaire SK1, le drame lacrymal avec Sauver ou Périr et maintenant le thriller judiciaire avec Goliath. En quelques films, le réalisateur Frédéric Tellier s’est construit lentement mais sûrement une filmographie marquée par un sens indéniable de l’efficacité, qu’elle soit dans le suspens ou dans l’émotionnel. L’efficacité, c’est justement le maître-mot qui va dicter toute la conduite de son Goliath porté par un face à face impitoyable entre Gilles Lellouche et Pierre Niney (formidable à contre-emploi dans le rôle de l’enfoiré), avec Emmanuelle Bercot, Laurent Stocker ou encore Marie Gillain au milieu. Récit fictif avec des personnages fictifs, Goliath prévient néanmoins d’entrée de jeu que toute ressemblance est « évidemment fortuite et absolument pas involontaire ». Le film est basé sur des éléments réels et met aux prises un avocat et des activistes écologiques contre une société de produits chimiques fabricant des pesticides considérés comme cancérigènes. Le début d’une bataille acharnée entre des idéalistes ou des meurtris et une multinationale armée de lobbyistes détestables prêt à tout pour étouffer la moindre affaire gênante.
Non sans ironie, la force du film de Frédéric Tellier, c’est qu’il s’exprime avec les mêmes outils que ceux qu’ils dénoncent. Pas le choix, il n’y a que ça qu’ils comprennent. Les lobbyistes utilisent des punchlines, des raccourcis, des stratégies offensives, ils biaisent, donne dans le cynisme et l’humour noir, ils ont recours à une méthodologie de communication agressive, exploitent des « faits » et des « chiffres » retournés à leur avantage. Très bien. Qu’il en soit ainsi. Ils ont choisi les armes, le camp adversaire s’y adaptera. Et Goliath de procéder à son tour comme son ennemi, résumer un combat de plusieurs années en 2 heures compactes, donner dans l’efficacité du traitement narratif comme de la dialectique, faire du contre-lobbyisme en faisant du… lobbyisme. L’adversaire joue l’ambiguïté, il jouera l’ambiguïté. L’adversaire résume, il résumera. L’adversaire aboie, il aboiera. L’adversaire ruse, il rusera. L’adversaire instrumentalise, il instrumentalisera. Le pouvoir néfaste des lobbyistes… Tout est résumé sur quelques minutes en introduction du film où la gueule d’ange de Pierre Niney arriverait presque à nous convaincre que le pétrole c’est bien et que l’hybride ou électrique, c’est de la merde.

Goliath, c’est deux heures d’intense propagande pour éveiller les consciences en retournant les armes contre ceux qui les pointent. Les lobbys ont leur arsenal médiatico-politico-marketing, Frédéric Tellier a le cinéma et ses possibilités. Possibilités d’un traitement narratif « choc », possibilités émotionnelles quitte à jouer sans vergogne la corde sensible (le camp opposé ne se gêne de rien, pourquoi s’en priver), possibilités d’adaptation du récit à tous les codes usités pour toucher un très grand public. Efficace, c’est définitivement ce qui résume le mieux l’entreprise férocement engagée du cinéaste, qui travaillait sur le projet depuis des lustres (depuis L’Affaire SK1 précisément). Goliath n’a peut-être pas la finesse d’un Dark Waters ou l’intelligence d’un Thank You For Smoking, mais il sait procéder pour atteindre ses objectifs et provoquer la colère souhaitée chez le spectateur.

Tellier a orchestré de toutes pièces son film de manière à aller droit au but pour déployer un propos fort en exploitant tous les artifices du médium cinématographique. En deux heures d’un film impactant calibré pour être clair, concis et intelligible, le réalisateur assène son discours tel un uppercut foudroyant. Et ça marche. On ressort de Goliath lessivé, révolté contre cette industrie chimique prête à tout (et donc à tuer) pour le profit, révolté contre la lâcheté du clan politique, révolté contre l’immobilisme de la justice, révolté contre ces sociétés communicantes (les fameux lobbys) sans pitié, révolté contre la marche d’un monde qui court à sa perte. Là où le film prend un peu de hauteur, c’est quand il tente de donner de la voix au camp adverse et à ses arguments. Dommage qu’en étant si manichéen dans son approche (l’avocat gentil vs le lobbyiste ignoble) pour mieux marteler son discours, il peine à lui octroyer le moindre crédit là où le débat peut paraître parfois plus complexe qu’au premier regard linéaire.
Sentiment de colère face à ce monde capitaliste déshumanisé, dramaturgie titillant les larmes à travers des scènes éprouvantes ou poignantes et souffle d’héroïsme devant un combat mené jusqu’au bout du bout, Goliath ne ménage pas les émotions pour produire son effet. Frédéric Tellier ne raconte ni ne montre rien de nouveau (tout ce qui est dit ou montré l’a déjà été mainte et mainte fois dans tout un tas de films précédents) mais la piqûre de rappel est importante car la cause est importante. Et la piqûre en question a le mérite d’être percutante car la tension constante du thriller répond au poignant du drame, le tout surplombé par une énième critique des mêmes enjeux politiques opposant l’humain et l’économie. En bref, un film solide, informatif, rondement mené, très bien interprété. Du cinéma carré visant à marteler un combat important pour l’avenir de nos enfants et de notre planète.

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “GOLIATH de Frédéric Tellier : la critique du film

  1. Le fond est peut être important mais sur la forme … le film est très mauvais. Ultra caricatural, bcp trop didactique (tous les dialogues sont sur écrits et rien n’est réaliste c’est comme si chaque personnage récitait un texte pour faire comprendre au spectateur à quel point les pesticide c’est mal sans que jamais ce soit crédible dans la scène). Le film est également d’une mièvrerie hallucinante avec des personnages secondaires inutiles qui nous assènent des vérités sur la vie la mort la paternité … ok utilise des enfants pour nous tirer des larmes. Et sur le fond on ne rappelle jamais que ce sont les agriculteurs qui plébiscitent les pesticides bref absolument nul

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux