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SELON LA POLICE de Frédéric Videau : la critique du film

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Nom : Selon la police
Père : Frédéric Videau
Date de naissance : 2021
Majorité : 23 février 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h51 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Patrick d’AssumçaoSofia LesaffreLaetitia Casta, Alban Lenoir, Simon Abkarian, Emile Berling, Agathe Bonitzer…

Signes particuliers : La dernière apparition de Jean-François Stévenin au cinéma.

Synopsis : Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde, que tous dans son commissariat appellent Ping-Pong, brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir. Durant un jour et une nuit, ses collègues le cherchent, le croisent et le perdent dans Toulouse et sa banlieue. Mais chaque heure qui passe rapproche un peu plus Ping-Pong de son destin.

 

LA POLICE DEPRIME

NOTRE AVIS SUR SELON LA POLICE

Scénariste du salué Vif-Argent, Frédéric Videau ne s’est jamais vraiment illustré à la mise en scène. En témoigne les décevants (pour ne pas dire mauvais) Variété Française ou Moi Seule. Avec Selon la Police, son nouveau long-métrage, le cinéaste s’entoure d’un casting très prestigieux pour plonger dans le blues d’une police à bout de souffle. Une police qui n’a plus les moyens, plus la force, une police qui a vu l’idéal porteur d’espoir de la fameuse « police de proximité » s’effondrait à peine lancée quand Nicolas Sarkozy l’a balayée. Sur le mode de la chronique chorale, Selon la Police dresse le portrait d’une poignée de flics d’un commissariat près de Toulouse, le temps d’une journée et d’une nuit en recourant à la méthodologie du puzzle revisitant les évènements selon différents points de vue (comme le récent Police d’Anne Fontaine).
Selon la Police ou le film le plus déconcertant du mois. A tel point que l’on ne sait jamais trop si Frédéric Videau signe un film fascinant loin des clous et codes traditionnels ou s’il est l’auteur de l’un des plus gros ratages vus ces derniers temps. L’atmosphère ambiante baigne dans une sorte de surréalisme déroutant, comme si Videau cherchait à ancrer son hyper-réalisme dans un lunaire poétique et métaphorique. A moins que son entreprise se veuille vraiment sérieuse et premier degré et auquel cas, tout s’effondre tant l’effort sonne faux, de ses scènes décousues à la construction chorale en passant par les dialogues, le jeu des comédiens ou ses passages les plus abscons. Problème, la lecture des notes d’intention du metteur en scène mettent vite sur la voie… et c’est malheureusement pas la bonne.
C’est d’autant plus dommage que les thématiques en présence sont passionnantes. Frédéric Videau a recueilli de vrais témoignages de policiers pendant des mois pour filmer leur quotidien. Pas celui des agents de la BAC aux aventures spectaculaires, pas celui des enquêteurs aux investigations haletantes, juste les simples flics, ceux qui arpentent le pavé, ceux qui prennent les dépositions au « bureau des pleurs (traduction, l’accueil d’un commissariat), ceux qui remplissent les petites tâches du quotidien. Leur blues, leur lassitude, la paye minable, les temps qui ont changé, la méfiance et la défiance dont est victime cette « flicaille », les racistes, les violents, les introvertis, les bleus qui s’écrasent, ceux qui n’ont pas la vocation, ceux qui ne supportent plus leur hiérarchie, ceux qui ne comprennent plus leur métier… Videau offre à voir un portrait large, épuré, un portrait anti-spectaculaire qui se voudrait authentique et simplement observateur d’une réalité déprimante avec fatalité et amertume. Mais tout est balayé par l’extrême artificialité de la chose. Dans ses pires moments, Selon la police flirte même au choix avec le malaise ou le profondément ridicule (la scène de l’agression du jeune recrue dans un parc est un must d’involontairement drôle). Pile, on y verrait un effort brillant d’originalité par sa radicale marginalité. Face, c’est l’un des pires films de l’année avec son image téléfilmée et sa propension au risible. Pour une fois, la vérité ne semble pas être quelque part entre les deux, elle sera l’un des deux selon comment vous abordez cette étrangeté. On retiendra du naufrage quelques jolis moments, un fond intéressant et Laetitia Casta. Le reste est tristement à fuir.

 

Par Nicolas Rieux

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