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FRANCE de Bruno Dumont : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : France
Père : Bruno Dumont
Date de naissance : 2020
Majorité : 25 août 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h14 / Poids : NC
Genre : Comédie, Drame

Livret de Famille : Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay

Signes particuliers : On appelle ça « avoir les yeux plus gros que le ventre ».

 

 

BRUNO DUMONT S’ENFLAMME…

NOTRE AVIS SUR FRANCE

Synopsis : « France » est à la fois le portrait d’une femme, journaliste à la télévision, d’un pays, le nôtre, et d’un système, celui des médias.

Dire que le cinéma de Bruno Dumont est clivant est un euphémisme aussi doux qu’un shot d’absinthe dans un bar de Prague. Certains ont vu dans Ma Loute une farce burlesque virtuose là où d’autres (comme nous) ont ressenti l’effet d’une brûlure oculaire à l’acide. Certains ont vibré devant son Jeanne pendant que d’autres (comme nous) avaient des envies de suicide… France, sa nouvelle sortie, n’échappe pas à la règle. Comme elle n’échappe pas à une sélection cannoise d’ailleurs, le copinage demeurant une valeur référence du côté de la Croisette. Porté par Léa Seydoux, France dresse le portrait de France De Meurs (admirez déjà sur votre gauche la finesse de la métaphore « France – Meurs« ), une journaliste/présentatrice star de la télé dont le monde s’écroule lentement mais sûrement. Et à travers elle, Dumont veut aussi dresser le portrait d’un système et même d’un pays… Rien que ça !

Avec son éternelle mélancolie mortifère, Bruno Dumont s’attaque donc aux médias via une critique acide et acerbe des médias en général, tous plus ignobles les uns que les autres. Le cinéaste dépeint un monde de crabes répugnant, menteur, amoral, où le respect n’existe pas, ni entre ces « journalistes » et leur public, ni même entre eux-mêmes. Tous les moyens sont bons pour vendre, pour faire de l’audimat ou du click, et l’éthique est un terme qui semble dater d’un temps révolu. OK, rien de neuf là-dedans. Rien que l’on ne saurait déjà. Encore récemment, Michel Denisot en avait parlé dans son horriblissime Toute Ressemblance avec Franck Dubosc.

Oui mais là, c’est Bruno Dumont, ce n’est pas une grosse comédie potachounette serait-on tenté de répondre pour tuer dans l’œuf tout lien entre les deux films. Sauf qu’à vrai dire, Dumont essaie aussi de faire dans l’humour avec France. Pas à grands renforts de gags tape-cuisses mais en abattant la carte de l’ironie très noire. Problème, quand on n’est pas drôle soi-même, difficile de l’être dans ses œuvres. Et France de commencer à prendre l’eau, comme notre pays.

Des intentions, il y en a dans ce nouveau Dumont. Et le pire, c’est qu’on y perçoit par intermittence un certain génie de fond, des idées brillantes, des inspirations, des gestes. Comme si le metteur en scène avait couché plein d’idées intéressantes en vrac dans un petit carnet et qu’il ressortait ce précieux aujourd’hui pour tricoter un film à partir de ses réflexions éparpillées. Sauf que cette méthodologie se ressent à l’écran. France est confus, il manque de liant, il s’auto-ventile dans tous les sens sans aucune cohérence pour tenir l’édifice. Entre deux clichés tellement grotesques qu’ils désamorcent tout propos, on s’étonne de se dire qu’il y a de la matière là-dedans, sous cette gigantesque fumisterie de pacotille. Mais la critique de devenir une caricature de critique, une diatribe plus malaisante que pertinente où rien ne va, d’une approche formelle aux confins de laideur à une direction d’acteur en galère (Filmée la plupart du temps en gros plan le visage déformé par ses larmes de pénitente, Léa Seydoux ne peut rien faire pour sauver les meubles) en passant par une écriture capable d’une gênance épique (toute la trame de l’amoureux repenti – au secours). La satire aurait pu être grinçante, elle sombre sous les coups de butoir d’une lourdeur tragique absolument ridicule pendant que Dumont s’égare dans l’exagération exaspérante. Autant qu’il s’égare dans sa boulimie. Dumont voulait parler d’une femme, des médias, du système, du pays en général… Il voulait par de tout mais il le fait tellement mal que finalement, il ne parle de rien.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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