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BORG/McENROE de Janus Metz Pedersen : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Borg vs McEnroe
Père : Janus Metz Pedersen
Date de naissance : 2017
Majorité : 08 novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Danemark
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre
: Sport, Biopic

Livret de famille : Shia LaBeouf, Sverrir Gudnason, Stellan Skarsgård…

Signes particuliers : Un film efficace à défaut d’être malin dans son approche.

LE MATCH DU SIÈCLE

LA CRITIQUE DE BORG/McENROE

Résumé : BORG/McENROE est un film sur une des plus grandes icônes du monde, Björn Borg, et son principal rival, le jeune et talentueux John McEnroe, ainsi que sur leur duel légendaire durant le tournoi de Wimbledon de 1980. C’est l’histoire de deux hommes qui ont changé la face du tennis et sont entrés dans la légende, mais aussi du prix qu’ils ont eu à payer.

Wimblebon, 1980. Numéro un mondial incontesté, Björn Borg est probablement le plus grand tennisman de l’histoire. Il se présente sur le mythique court londonien pour briguer un cinquième titre consécutif en terres britanniques. Face à lui, l’impétueux John McEnroe incarne une nouvelle adversité prête à tout pour faire tomber le champion. Deux hommes, deux adversaires, deux tempéraments diamétralement opposés. Borg est le beau héros suédois froid et mutique adoré du public, McEnroe est le colérique bad boy américain imprévisible et expressif souvent conspué pour son comportement borderline. De leur rivalité exacerbée par la pression, va naître l’un des plus grands duels de l’histoire du sport, et l’un des plus grands matches de l’histoire du tennis.

Parce qu’à l’instar du cinéma, le sport est une affaire de passion, de suspens et d’émotions, il a souvent été cinégénique. Incarné par Sverrir Gudnason et Shia LaBeouf, Borg/McEnroe allait pouvoir se faire le témoin sur grand écran, de cette poignée de jours où le tennis a vécu une histoire encore plus lyrique qu’un film de David Lean ! Les grands affrontements de l’histoire du sport transposés au cinéma ont jusqu’ici donné lieu au meilleur comme au pire, à des navets tels que Le Prodige comme à de grands films tels que Raging Bull. Et justement, parlons-en du chef d’œuvre de Martin Scorsese. Quand il évoque ses intentions sur Borg/McEnroe, c’est vers cette référence suprême que se tourne le réalisateur Janus Metz Pedersen. Pour lui, Borg/McEnroe est au tennis ce que le classique avec De Niro est à la boxe… Autant dire que le jeune réalisateur danois au passé de documentariste avait tout intérêt à ne pas se rater pour éviter le ridicule.

Borg/McEnroe est une parfaite illustration de comment réussir à faire un film suffisamment efficace pour tenir en haleine tout en passant complètement à côté de son sujet. Par sa superbe direction d’acteur, par l’intensité qu’il met au service de son suspens (cela dit éventé pour ceux qui connaissent l’histoire), par la subtilité nichée au cœur des scènes intimistes, ou par la rage injectée dans la mise en scène des scènes de match filmées avec une énergie démente, Borg/McEnroe parvient à faire illusion, à s’imposer comme un solide film de sport, et surtout comme une valeureuse reconstitution de cet incroyable Wimbledon 1980 où la planète tennis a fait un tour sur elle-même en apnée, face à ce qui restera comme l’un des moments les plus incroyables de son histoire tant un simple match s’est transformé en combat de gladiateurs en puissance, opposant deux hommes, deux caractères, deux âmes prêtes à se transcender. Malheureusement, Janus Metz Pedersen n’ira jamais vraiment plus loin que l’anecdote, ou du moins, ses tentatives seront bien trop maladroites pour parvenir leurs fins.

S’il réussit à reconstituer de manière remarquable l’odyssée de Wimbledon 1980 incarnée dans l’opposition dantesque entre deux hommes qui se ressemblaient plus qu’ils ne pouvaient le penser au-delà de leurs radicales différences, Janus Metz Pedersen ne souhaitait pas se contenter d’illustrer factuellement un épisode mythique du tennis. Mais bien malgré lui, c’est exactement ce qu’il a fait. Car au final, ses deux figures narratives que son Borg et McEnroe disparaissent derrière l’ampleur de leur rivalité portée à ébullition. Incapable de les faire ressurgir derrière le simple déroulé des faits, incapable de faire exister McEnroe autrement que comme la Némésis de Borg, incapable d’aller chercher en profondeur ses deux figures héroïques en mettant ne exergue leur parcours et leur passé, Pedersen loupe complètement le virage psychologique de son film, comme il loupe le portrait de ces deux extraterrestres et surtout le regard sur leur relation. Et de se poser la question si le principal problème n’est finalement pas l’angle choisi. L’intéressant derrière cette rivalité sportive était la relation entre Borg et McEnroe, jadis ennemis jurés devenus meilleurs amis au terme d’une rivalité aussi éphémère qu’intense. En se limitant au seul tournoi de Wimbledon en 1980, le cinéaste évacue 80% de ce qu’il aurait été pertinent de raconter. Borg/McEnroe se résume à un épisode là où il aurait pu devenir une formidable épopée humaine au suspens insoutenable, sorte de saga Rocky en un seul métrage. Au lieu de cela, Pedersen préfère distiller quelques flashbacks expéditifs flirtant avec la psychologie de comptoir, s’étend trèèèès longuement sur cette finale mythique et scrute en pointillé la pression médiatique qui écrase les grands sportifs. Dommage, il y avait tellement plus à dire. Et Borg/McEnroe de chuter là où Ron Howard avait réussi son Rush sur l’affrontement James Hunt vs Niki Lauda en Formule 1, ne parvenant pas à donner de l’ampleur à son film et raconter quelque chose de passionnant au-delà de l’anecdote d’un match.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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