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AU-REVOIR LÀ-HAUT d’Albert Dupontel : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Au-revoir là-haut
Père : Albert Dupontel
Date de naissance : 2017
Majorité : 25 octobre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique, Guerre

Livret de famille : Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne, Michel Vuillermoz, Philippe Uchan, Kyan Khojandi…

Signes particuliers : L’un des meilleurs films français de l’année !

ÉPOPÉE TRAGI-COMIQUE

LA CRITIQUE DE AU-REVOIR LÀ-HAUT

Résumé : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

Comment ne pas aimer le cinéma si délicieusement barré d’Albert Dupontel ? Comment ne pas aimer la singularité comique de ses Bernie, Le Créateur, Enfermés Dehors ou 9 Mois Ferme ? Dans le paysage de la comédie française, Albert Dupontel est l’un des rares auteurs, l’un des rares à avoir une patte, un style capable de faire rire sans pour autant verser dans le lourd cabotinage de la comédie populaire crasse. Dupontel, c’est synonyme de franche rigolade inspirée, d’amusement intelligent sans être prétentieux. Bref, Dupontel, c’est tout un poème. De quoi expliquer pourquoi chacune de ses nouvelles sorties cinématographiques est toujours très attendue. Avec Au-revoir là-haut, l’acteur-réalisateur porte à l’écran le bijou littéraire de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013. L’histoire de deux rescapés de la Grande Guerre, qui vont monter une arnaque aux monuments aux morts. Cynique… mais jubilatoire !

Et le cinéaste de faire mouche. Il y a tout dans ce Au-revoir là-haut, époustouflante réussite d’un Albert Dupontel qui signe là, probablement son plus beau film à ce jour. Le plus ambitieux aussi, alors qu’il peut se vanter d’une reconstitution historique admirable, portée par une texture de l’image qui lui rend justice. Visuellement splendide, drôlement sarcastique, profondément émouvant, Au-revoir là-haut réussit l’exploit d’apporter de la fraîcheur à un sujet pourtant usé jusqu’à la corde : la guerre et l’après-guerre de 14-18. Encore récemment, Emmanuel Courcol s’y était cassé les dents avec son ampoulé Cessez-le-feu avec Romain Duris. Le mérite de ce coup d’éclat est en grande partie à mettre à l’actif de Pierre Lemaître, mais pas seulement. Car Dupontel a su trahir le roman pour le bien de son film, le tout avec l’aval de l’auteur. S’il prend quelques libertés qui surprendront les aficionados du livre, Au-revoir là-haut n’en reste pas moins pour autant, une adaptation fidèle et respectueuse du roman, notamment de son essence et de ses thématiques. Car le génial Albert a su conserver le mordant corrosif qui faisait de l’ouvrage de Lemaître, un récit à la fois historique et très moderne. Derrière l’anecdotique épopée de ces deux escrocs inoffensifs, se cache surtout une truculente satire du système capitaliste et ses mécanismes éhontés. Presque cent ans séparent le cadre du récit et notre époque, et pourtant Au-revoir là-haut, tout film historique qu’il soit, paraît si actuel avec sa formidable relecture de la lutte des classes opposant le prolétariat brimé et les puissants sans scrupules, opposant le cynisme des bourgeois favorisés et la souffrance des marginaux. Au final, le livre comme le film n’est ni plus ni moins qu’une illustration quasi intemporelle, de ce système où des riches profiteurs piétinent les plus pauvres pour mieux s’engraisser sur leur dos, où ces oubliés sont contraint de flirter avec l’illégalité pour tenter de survivre, copiant leurs modèles fortunés mais sans pouvoir bénéficier des mêmes passe-droits…

Si Dupontel ne délaisse pas l’humour noir qui a fait son succès et sa marque de fabrique, humour caustique qui borde une nouvelle fois les contours de cette folle histoire haute en couleur, reste qu’il prouve avec Au-revoir là-haut, sa capacité à se réinventer, à s’aventurer dans un univers nouveau. Le pari pouvait paraître risqué, mais le soldat Dupontel, du haut de son poste de commandement, a su fièrement relever le défi, livrant un film extrêmement abouti, bourré d’idées tant sur le plan idéologique que formel. Par ailleurs pétri d’humanité et bouleversant derrière sa cinglante drôlerie, Au-revoir là-haut est une merveille, peut-être même l’un des meilleurs films français de cette année 2017. Et l’interprétation magistralement de sa distribution n’y est sans doute pas pour rien entre un Dupontel touchant, un Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute) qui fonce droit vers le César du Meilleur Espoir, ou un Lafitte parfait en lieutenant cruel puis entrepreneur cupide. Sans oublier les Arestrup, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne et la jeune Héloïse Balster.

En bref, Au-revoir là-haut est un grand film, un grand spectacle dense et virtuose, animé d’un panache qui tranche avec ce que le cinéma français actuel tend à proposer. Magiquement drôle, magiquement émouvant, magique tout court, ce nouveau Dupontel ne ressemble à rien d’autre et c’est cette fraîcheur qui le porte vers un succès que l’on espère au rendez-vous. Ce ne serait que justice.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

4 thoughts on “AU-REVOIR LÀ-HAUT d’Albert Dupontel : la critique du film

  1. Un beau film à voir, on retrouve Albert Dupontel dans un rôle qui lui va à merveille, une époque et une atmosphère vraiment bien retransmis, des pointes d’humour mais aussi de la guerre. Bravo

  2. Film d’une rébellion géniale et inspirée, Dupontel est génial comme acteur, comme créateur ! Acteurs époustouflants.
    Il faut courir voir ce chef d’œuvre ! Moi je lui mets 10/5 !!!!

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