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AFFAMES de Scott Cooper : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Antlers
Père : Scott Cooper
Date de naissance : 2020
Majorité : 17 novembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h40/ Poids : NC
Genre : Épouvante

Livret de Famille : Keri RussellJesse PlemonsJeremy T. Thomas

Signes particuliers : Une proposition horrifique pas toujours adroite mais intéressante.

 

ON RESTE UN PEU SUR NOTRE FAIM

NOTRE AVIS SUR AFFAMES

Synopsis :Dans une petite ville minière de l’Oregon, une institutrice et son frère policier enquêtent sur un jeune écolier. Les secrets de ce dernier vont entraîner d’effrayantes conséquences.

Crazy Heart, Les Brasiers de la Colère, Strickly Criminal, Hostiles. Du drame au western en passant par le film policier et ou thriller, Scott Cooper a traversé les genres avec succès et dextérité lors de ses quatre premiers longs-métrages, tous fabuleusement réussis. Ce sans-faute, le réalisateur américain n’est pas loin de le poursuivre aujourd’hui avec Affamés, encore une incursion dans un nouveau genre, cette fois le cinéma d’horreur. Adaptation d’une récente nouvelle de Nick Antosca (The Quiet Boy – 2018) que l’auteur a transposé lui-même, le film coproduit par Guillermo del toro et David S. Goyer exploite pour la énième fois la légende du Wendigo, que les amateurs d’épouvante ont souvent croisé dans la littérature ou au cinéma (Simetierre, Vorace ou The Descent). Dans une petite ville paumée de l’Oregon, une institutrice et son shérif de frère enquêtent sur une famille dont l’enfant semble maltraité et vont être conduit sur les traces d’un secret surnaturel ancestral. Sur le papier, le pitch d’Affamés ne vend pas du rêve, ou du moins rien de foncièrement original. Le genre de synopsis qui inspire un « mouais, à voir » un brin laconique. Dans les faits, c’est mieux.

Si l’on devait le comparer à un autre film de créatures dévoreuses, les regards iraient droit vers l’énorme The Descent de Neil Marshall. Mais on se relaxe et on détend le gosier, Affamés n’est pas de cette trempe là. En même temps, The Descent reste l’un des meilleurs films d’horreur des vingt dernières années donc l’égaler n’est pas chose aisée. En revanche, voir Del Toro producteur réoriente le regard ailleurs, du côté du Mama d’Andres Muschietti. Dans l’atmosphère, la photographie, les motifs, l’allure des effets spéciaux ou cette envie d’un peu transcender le côté « série B », on peut sentir une lointaine parenté. Elle s’arrête assez vite, les films n’entretenant aucun rapport en soi, mais il y a un air vague et qualitativement, on est dans un acabit assez proche.

Affamés est une proposition de bonne facture dont la spécificité est d’être à cheval entre deux tons, le drame d’un côté, sur la maltraitance infantile traumatisante, et la pure horreur de l’autre. Les liens entre les deux sont à la fois la grande force et la petite faiblesse du film de Scott Cooper. Le cinéaste évoque avec subtilité la famille à travers le regard de cet enfant (excellent Jeremy T. Thomas) pris entre son calvaire intériorisé et l’envie de « rester ensemble ». Comme bien des enfants malmenés, son besoin de rester accroché aux siens semble plus important que ce qu’il vit, peu importe le seuil de douleur. La réflexion est bien imbriquée au versant terrifiant de l’histoire. Seul problème, l’équilibre des deux est fragile. L’envie de développer cette thématique prend parfois le pas sur l’épouvante viscérale espérée (finalement résumée en une poignée de scènes et beaucoup auront encore faim post-film) mais dans le même temps, se devant de répondre à un certain quota de terreur attendu par le public, elle manque encore de développement. Et de se dire que le film aurait peut-être mérité plus que ses 110 minutes pour mieux équilibrer ses deux visages, proposer davantage d’horreur et affiner son propos dramatique.

Maladroit, Affamés l’est parfois dans la traduction de ses ambitions de fond le rendant inabouti. Reste que Scott Cooper livre tout de même un bel effort, intéressant dans le fond, capable de vraies scènes horrifiques terrifiantes et soumis à une dialectique très sombre et mélancolique. Si seulement cette noirceur avait pu cristalliser une émotion à sa hauteur… Néanmoins, à l’heure où la production horrifique nous inonde de « produits » sans âme ni saveur, Affamés à le mérite d’avoir un truc, une personnalité qui essaie de s’exprimer tant bien que mal.

Par Nicolas Rieux

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