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STRICTLY CRIMINAL de Scott Cooper : la critique du film

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stricktly_criminalMondo-mètre
note 7.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Black Mass
Père : Scott Cooper
Date de naissance : 2014
Majorité : 25 novembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h03 / Poids : 53 M$
Genre : Polar, Thriller

Livret de famille : Johnny Depp (Jimmy Bulger), Joel Edgerton (John Connelly), Benedict Cumberbatch (Bill Bulger), Kevin Bacon (McGuire), Jesse Plemons (Kevin), Peter Sarsgaard (Halloran), Dakota Johnson (Lindsey), Juno Temple (Deborah), Corey Stoll (Wyshak), Rory Cochrane (Flemmi), Adam Scott (Robert), David Harbour (Morris), Julianne Nicholson (Marianne), James Russo (Scott)…

Signes particuliers : Tel un phénix, Johnny Depp ressuscite d’entre les cabotins et rappelle qu’il peut être un sacré comédien !

LA LOI DU CRIME

LA CRITIQUE

Résumé : Le quartier de South Boston dans les années 70. L’agent du FBI John Connolly convainc le caïd irlandais James « Whitey » Bulger de collaborer avec l’agence fédérale afin d’éliminer un ennemi commun : la mafia italienne. Le film retrace l’histoire vraie de cette alliance contre nature qui a dégénéré et permis à Whitey d’échapper à la justice, de consolider son pouvoir et de s’imposer comme l’un des malfrats les plus redoutables de Boston et les plus puissants des États-Unis.black-mass-depp-1280jpg-32cad0_1280wL’INTRO :

James J. Bulger fait partie de ces grands truands de l’histoire américaine, chef présumé d’une organisation criminelle des quartiers sud de Boston, dont l’activité aura connu un pic de violence intensive au cours des années 70-80 au point d’en faire l’une des cibles de choix du FBI. A la tête du Winter Hill Gang, Bulger s’est tristement illustré dans le racket en tout genre, le trafic de drogue et le meurtre. Le cinéma s’était peu penché jusqu’ici sur cette figure du crime organisé, seul Martin Scorsese s’en était partiellement inspiré pour construire son personnage de Frank Costello (Jack Nicholson) dans Les Infiltrés. Présenté en ouverture du dernier festival de Venise, Strictly Criminal est le premier long-métrage entièrement centré sur le cas Jimmy « Whitey » Bulger. A la base, Barry Levinson devait diriger ce « biopic » en grande partie basé sur le livre Black Mass de Dick Lehr et Gerard O’Neill. Mais le cinéaste quitta le projet, laissant la place à l’étoile montante Scott Cooper, révélé par son magnifique Crazy Heart avec Jeff Bridges et qui avait confirmé derrière avec Les Brasiers de la Colère en 2013. Devant sa caméra, un méconnaissable Johnny Depp campe le célèbre mafieux irlandais, entouré d’une distribution d’exception réunissant une longue liste de talents allant de Joel Edgerton à Benedict Cumberbatch, en passant par Kevin Bacon, Jesse Plemons, Peter Sarsgaard, Dakota Johnson, Juno Temple, Corey Stoll, Rory Cochrane ou Adam Scott.stricktly_criminal_1L’AVIS :

Martin Scorsese a laissé une telle empreinte sur le cinéma de gangsters et de mafieux, qu’il est devenu très difficile aujourd’hui de se démarquer du maestro italo-américain et se libérer des chaînes aliénantes de la référence. Comme ayant accepté cet état de fait inéluctable, Scott Cooper s’applique à faire son film, au diable l’hommage, l’imitation ou l’opposition. Et le père de Out of the Furnace réussit sacrément bien son coup. Oui, Strictly Criminal évoque directement ou indirectement, des films comme Casino et surtout Les Affranchis. Oui, certaines figures de style, procédés rhétoriques, séquences ou dialogues rappellent fortement Scorsese. Mais Cooper ne cherche ni à s’en défaire, ni à s’en moquer. Et c’est sans doute là que le cinéaste réussit finalement à s’en éloigner pour ne pas tomber dans l’œuvre copieuse. Strictly Criminal parvient à trouver sa propre voie, son propre ton, parvient à être un film de Scott Cooper, certes sous patronage scorsesien, mais sans verser dans la filiation troublée. Strictly Criminal déroule alors son récit fascinant et puissamment accrocheur, et s’impose vite comme l’un des meilleurs polars « gangstéristes » vus depuis un moment.stricktly_criminal_2Déployant avec ampleur et ambition, une fresque criminelle formidable et passionnante distillant tous les codes du genre, Strictly Criminal captive et rallie à sa cause, un spectateur soumis à sa beauté formelle, à la finesse de son écriture millimétrée, à son rythme soigné aux petits oignons entre échanges délicieusement dialogués, angoisse étreignante et coup d’accélérateur furieusement violent. Surtout, un spectateur soumis aux prestations magistrales de comédiens saisissants de pouvoir d’incarnation. Au sommet de la troupe, Johnny Depp s’éloigne enfin des gesticulations cabotines qui ont ponctué sa carrière de ces dernières années et signe une vraie interprétation des grands soirs, à la fois fascinante, vénéneuse, attirante et terrifiante. De retour dans un univers qu’il avait fréquenté en 1997 avec l’excellent Donnie Brasco de Mike Newell, Johnny Depp arbore un look presque vampirique et tend vers la figure surnaturelle avec un teint blafard, des traits tirés, des cheveux gris-blancs impeccablement plaqués et de profonds yeux bleus magnétiques et quasi-irréels, comme incarnant le mal à l’état pur dans un monde de violence qu’il a assis à ses pieds par la force et le charisme. Un grimage lourdement symbolique voire métaphorique, imposant son personnage comme le visage dominateur et maléfique asservissant ses semblables, hypnotisant ses adeptes, faisant régner la terreur par son pouvoir de vie et de mort absolu.Johnny-Depp-in-Black-MassIntelligemment structuré à défaut de développer une construction foncièrement originale, Strictly Criminal plonge le spectateur dans un polar noir et glaçant, dont la quête narrative de son arc n’a qu’une seule intention, nous mener vers son titre (du moins français) en dessinant un portrait à la fois éblouissant et envoûtant, tout en fluidité et en esthétisme discret. Brillamment, Scott Cooper n’en fait jamais trop ou pas assez, préférant déployer une atmosphère lourde et nihiliste à la facilité d’effets clinquants ou virtuoses, lorgnant finalement presque plus du côté de Michael Mann que de la référence absolue scorsesienne. L’entreprise ne brillera peut-être pas d’originalité dans ses fondamentaux, mais elle trouve son mérite dans l’implacable de sa conduite narrative, dans sa gestion de la tension sourde, articulant de façon minutieuse, les visages de son anti-héros entre pouvoir hypnotique effrayant et crises de violence qui prennent aux tripes par leur impact viscéral et soudainement rentre-dedans. Mais aussi, dans l’épaisseur de son histoire, animant le background de son personnage avec ce flic ambitieux mais finalement crassement lâche (Joel Edgerton), ce frère sénateur offrant une opposition entre la loi et la criminalité, et tous ces gamins de la rue bostonienne devenus des truands suiveurs d’une tête de proue au déterminisme sombre. Strictly Criminal est une sorte de bal de l’horreur chez des désaxés sanguinaires dominés par une figure iconique, et la danse y est terrible, frontale, tout en brutalité et en survie désespérée, alors que résonne la musique pétrifiante d’une absence de remords généralisé qui décuple l’impact foudroyant de ce jeu de truands froid comme la mort. Un put*** de film qui ne vous lâche jamais !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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