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CHILLERAMA (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Chillerama
Fils de : Adam Green, Joe Lynch, Adam Rifkin
Livret de famille – segment Wadzilla : Adam Rifkin (Miles), Sarah Mutch (Louise), Ray Wise (Dr Weems), Eric Roberts (General) – segment Tennage Werebear : Sean Paul Lockhart (Ricky), Anton Troy (Talon), Gabby West (Peggy), Ron Jeremy (playbear), Tim Sullivan (coach) – segment Anne Frankenstein : Joel David Moore (Hitler), Kristina Kleber (Eva Braun), Kane Hodder (Meshugannah) – segment Zom-B-Movie : Richard Riehle (Cecil), Corey Jones (Tobey), Kaili thorne (Mayna)…
Date de naissance / Nationalité : 2011 – États-Unis
Taille/Poids : 1h55 – 300.000 $

Signes particuliers (+) : Certains segments sont jubilatoires et rappellent les bons vieux nanars que l’on aime bien ! Un hommage plein de sincérité à tout un pan du cinéma inconsidéré.

Signes particuliers (-) : Inégal et des longueurs.

 

BAS NANAR-AMA

Résumé : Un drive-in américain proposant une soirée « horror movies » avec quelques films bis bien pourris, est victime d’une intoxication transformant les spectateurs en zombie. la fiction rejoint la réalité, l’horreur n’est plus seulement à l’écran…

Attention, ovni en approche. Chillerama débarque et ça risque de faire très très mal. Film à sketch réalisé à huit mains, cette Zéderie assumée risque d’en faire halluciner plus d’un, pas vraiment au fait de ce sur quoi ils viennent de tomber. Chillerama, c’est une expérience régressive repoussant les limites de la bêtise barrée et loufoque pour pouvoir laisser libre cours à son envie de déclarer sa flamme, avec une potacherie exacerbée, à tout un pan du cinéma qualifié de pourri, de miteux, de ridicule mais que les quatre auteurs de cette folie déjantée et hommage, préfèrent voir comme un cinéma libre, décomplexé, sans limites, sans normes, sans conventions, sans sérieux solennel. Construit sur la base de trois segments imbriqués dans un quatrième servant de lien narratif pour tenir le tout narrativement, Chillerama prend place dans un drive-in typique du fin fond de l’Amérique où de jeunes spectateurs en mal de sensations fortes, assistent à l’une de ces soirées B-Movies où sont projetées des nanars de série B cheap cherchant à fournir du fun pour pas cher. Ces spectateurs vont ainsi voir trois films. Pour nous, spectateurs extra-filmique, ces trois films constituent trois segments, chacun réalisé par un metteur en scène diffèrent, le quatrième se déroulant dans le drive-in en question et concluant cette œuvre pastiche inspirée du diptyque Grindhouse des amis Rodriguez et Tarantino. Sauf que Chillerama ne flatte pas la nostalgie de ces péloches grindhouse mais descend encore un cran en-dessous du cinéma d’exploitation bis pour aller dépoussiérer ces vieilles œuvres horrifiques kitsch aujourd’hui mais si efficaces à l’époque. Parodique, caricatural (quoique), excessif et exagéré, Chillerama assume donc son esthétique pourrie, son ridicule cheap et ringard et en joue au contraire dans un gigantesque délire trash potachement drôle.

Passé un prologue timbré sous forme de saynète hilarante, se marrant en parlant nécrophilie et en parodiant l’esthétique des films d’Ed Wood… Premier segment, Wadzilla, réalisé par Adam Rifkin (scénariste de Small Soldiers de Joe Dante). Un homme teste un nouveau médicament qui n’aura pas les effets escomptés. Il se retrouve à éjaculer un spermatozoïde mutant agressif qui va grossir de victime en victime pour atteindre la taille d’un gigantesque monstre ravageant New-York. Ok, le ton est posé. Premier sketch et premiers éclats de rire devant un segment complètement surréaliste copiant l’esthétique des films de monstres des années 60 (du genre les Bert I. Gordon et consorts). Délirant, irrévérencieux, parodique, complètement débile et sous-la-ceinture, Wadzilla est une excellente entrée en matière annonçant un grand moment d’éclate avec ce Chillerama qui confirme qu’il n’est qu’une vaste farce géante à ne pas prendre au sérieux.

Mais le second segment réalisé par Tim Sullivan (réalisateur de 2001 Maniacs) ne va malheureusement pas confirmer la tendance. Croisant la parodie de film gay et la comédie musicale à la Grease, I Was a Teenage Werebear et ses histoires adolescentes de loups garous est poussif, trop long, pas drôle et son mélange de parodie et d’esprit potache est plus ridicule que régressivement décalé et drôle. On s’ennuie passablement en espérant que le calvaire va vite passer car la suite semble plus emballante.

Confirmation avec le troisième bloc, nettement inférieur au premier mais tellement supérieur au second. Mis en scène par Adam Green (les piètres Hatchet mais aussi l’excellent Frozen), The Diary of Anne Frankenstein passe en noir et blanc et revient à un cinéma plus ancien, copiant l’esthétique des films d’horreur de la Universal tout en se montrant très gore. L’irrévérencieux reste la marque de fabrique de toute l’entreprise et c’est avec un mauvais goût des plus fendards que le cinéaste raconte les mésaventures d’Hitler aux prises avec une créature humaine faites de bouts de cadavres (façon Frankenstein) qu’il a créé à partir d’un recueil trouvé dans une planque juive débusquée. Adam Green n’a peur de rien ! Et son segment d’être loufoque, caricatural, excessif et plutôt réussi avec quelques passages hilarants essentiellement entre le dictateur fou allemand et sa chose qui, pour son plus grand malheur, est juive !

Chillerama boucle alors en revenant, comme elle l’a fait entre chaque sketch, à sa saynète de début ou tout un drive-in se retrouve confronté à une invasion de zombies. Et tout à coup, le métrage retrouve l’éclat de son début. Avec le premier segment, cette conclusion signée Joe Lynch (Détour Mortel 2) est le meilleur d’un film passé par tous les délires. Le jeune cinéaste monte encore d’un cran dans l’outrancier, le vulgaire potache hilarant et le trash excessif revendiqué haut et fort, puisque cette invasion zombiesque se fait sous le signe d’une frénésie sexuelle décadente et débridée sans limites ni tabous ! Quand on vous dit que c’est n’importe quoi !

Au final, Chillerama est un joyeux bordel parodiant plusieurs courants, plusieurs époques, styles et genres, avec comme continuité tout un pan de cinéma marginal, régressif et d’un goût qualitativement douteux. Et si deux sketches atteignent des sommets dans le délire barré jubilatoire qu’ils proposent, l’ensemble reste confronté au défaut majeur inhérent à ce genre d’exercice, l’inégalité aléatoire entre les segments. Ce défaut sera d’autant plus renforcé par la durée globale imposante de deux heures, « trop » longue pour ce genre d’œuvres au concept bien particulier. Se marrer du ridicule est drôle un moment mais le revers de la médaille veut que les limites du concept peuvent vite être atteinte et l’ennui commence là. C’est le défaut de Chillerama qui n’a pas su se montrer assez concis à trop vouloir être généreux. Dommage car le solution était toute trouvée : supprimer l’insupportable et longuet second segment de Tim Sullivan et tout aurait été aux petits oignons, plus court et plus efficace.

Bande-annonce :

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