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CABIN OF THE DEAD (WITHER) de Sonny Laguna et Tommy Wiklund
Import DVD – critique (horreur)

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a704CabinOfTheDeathMondo-mètre :
note 6
Carte d’identité :
Nom : Wither
Père : Sonny Laguna et Tommy Wiklund
Livret de famille : Patrik Almkvist (Albin), Lisa Henni (Ida), Patrick Saxe (Simon), Johannes Brost (Gunnar), Amanda Renberg (Linea), Max Wallmo (Markus), Jessica Blomkvist (Marie), Anna Henriksson (Tove), Ingar Sigvardsdotter (Karin), Ralf Beck (Olof)…
Date de naissance : 2012
Majorité au : inédit
Nationalité : Suède
Taille : 1h35
Poids : 34.000€

Signes particuliers (+) : Vendu comme le Evil Dead suédois, Wither ne cache rien de ses références et au contraire les assume dans une bisserie brinquelante mais délicieusement rétro, mettant le paquet sur le bon gros qui tâche avec des effets particulièrement bien fichu par la modestie du projet. Un bon moment bien sympathique recyclant tous les clichés du genre mais avec fun et sincérité.

Signes particuliers (-) : Techniquement, Wither ne respire pas le génie incarné et demeure très modeste, ne proposant rien qui n’aurait pas déjà été fait ailleurs.

 

LE « EVIL DEAD » SUÉDOIS

Résumé : Une bande d’amis part passer le weekend dans une cabane au fond des bois. sauf que dans le sous-sol de la bâtisse, demeure une ancienne force démoniaque transformant ses victimes en zombies assoiffés de sang et de chair humaine.

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L’INTRO :

Le « Evil Dead suédois« . Voilà comment était vendu Cabin of the Dead alias Wither. Et pour cause, les points communs sont nombreux. Une série B horrifique montée avec trois bouts de ficelle par des passionnés, du gore trash et sanguinolent mais avec quelques pointes d’humour, un petit groupe de jeunes, une cabane dans les bois, une trappe qu’il ne valait mieux pas ouvrir et malheureusement parce qu’elle est ouverte (normal, sinon il n’y aurait pas de film) une contamination zombie qui va faire des ravages sur fond de vieille malédiction obscure… Oui, en effet, ça sonne furieusement Evil Dead tout ça. D’autant que le film affiche un look vintage très eighties et multiplie les clins d’œil évidents que les fans du classique de Sam Raimi ne pourront pas manquer.

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L’AVIS :

Mais attention, même s’il se réclame d’une mini-série B en apparence bas de gamme exploitant dans tous les sens un film culte, Cabin of the Dead n’est pas une production horrifique quelconque, pathétiquement récupératrice et insignifiante. Il s’agit en réalité du nouvel effort du tandem Sonny Laguna et Tommy Wiklund, réalisateurs suédois que l’on avait découvert en 2011 avec leur slasher référentiel plutôt sympathique Blood Runs Cold. Un film qui n’inventait rien mais qui du haut de son modeste budget s’ancrait plaisamment dans le genre avec efficacité et solidité et essayant de manier plus l’hommage que le pompage. Et c’est dans cette lignée que les nordiques poursuivent leur artisanal travail de mémoire dans l’horreur nourrie aux années 80, et après le survival à boogeyman, les voici qui s’attaquent au film de zombie avec ce gentillet « nanar » bisseux et old school assumé qu’il serait presque difficile de dater si l’on en connaissait ni l’origine ni la provenance tellement la ressemblance avec quelques standards équivalents des années 80 est frappante. Façon modeste délire grindhouse, Wiklund et Laguna récitent leurs inspirations et s’acharnent à reproduire une esthétique jouissivement démerdarde et brinquebalante et une impression de déjà-vu avec un ton fun et rétro qui amuse et qui ne fait que confirmer l’extraordinaire talent de ces deux petits malins hautement roublards. On s’explique…

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Cabin of the Dead est totalement fauché. Et quand on dit « totalement », c’est vraiment totalement. C’est-à-dire que le film est même très très loin du luxe d’un Evil Dead et affiche un financement digne d’une série Z tourné entre potes le temps d’un demi-weekend bucolique passé à la campagne. Techniquement plus qu’imparfait voire même médiocre (photo épouvantable, faux raccords incessants, traitement de l’image peu homogène), Cabin of the Dead  n’avait pas grand-chose qui pouvait jouer en sa faveur, d’autant que son script n’est certainement pas à récompenser pour son originalité. Sauf que voilà, le duo Laguna (non, pas les bagnoles) et Wiklund est talentueux et surtout ultra-inventifs et c’est ce qui fait sa force. D’une série Z en apparence risible et aisément contournable, ils vont accoucher d’une sympathique couillonnade très second degré qui jouait avec le feu à ainsi errer dans le bis miteux et éculé mais qui le fait avec un maximum de sincérité et surtout avec l’intelligence de ne pas cacher l’évidence de ses velléités de copier/coller du classique de Sam Raimi. Et le duo de cinéastes de trouver ensuite le meilleur moyen de compenser la facture potentiellement cheap de leur entreprise (34.000€ de budget seulement) en misant à fond sur la carte du gore excessif à la limite du cartoonesque (encore un point commun avec Evil Dead même si ce dernier jouait davantage et avec plus d’habileté cette carte du grotesque génial). Ultra-sanglant, repeignant l’image en rouge de haut en bas et de droite à gauche, Cabin of the Dead est un déversement furieux d’hémoglobine non-stop qui multiplie les effets globalement très bien fichus malgré sa ridicule poignée de dollars en main. Et une fois de plus, ces deux artisans arrivent à faire des merveilles avec pas grand-chose. Car si le résultat a un goût d’anecdotique pour marché du DTV, il parvient tout de même à avoir de la gueule et malgré ses innombrables défauts et son manque d’originalité, ce qu’il sert sur un plateau a non seulement de quoi distraire, mais pardessus le marché, il le fait avec bien plus de tenue qu’une grande majorité des productions bis épouvantables qui pullulent sur le marché. Sans argent, seulement avec un peu d’inspiration, de cinéphilie et de talent, Laguna et Wiklund réussissent à signer un film étonnement cinégénique comparé à ce qu’il a coûté et qui passe comme une lettre à la poste, bien aidé par un style de fond qui, sans trop l’affirmer, mine de rien œuvre dans un ton doucement décalé et passablement hommage-rigolo dès plus délicieux.

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Plagiat ridicule et inutile ou hommage bis composant à merveille avec ses impératifs et ses contraintes, le débat autour de Cabin of the Dead fera probablement rage auprès des fans de genre, et trouvera certainement sa réponse dans le crédit que l’on veut bien accorder à ce mineure bisserie détendue du slip, autant que dans le plaisir que l’on ressentira à la regarder, entre regard consterné pour les uns ou joyeux moment pour amateurs d’horreur colorée et déjantée pour les autres. Alors oui, les acteurs sont catastrophiques, oui, il n’y a pas une once d’idées vraiment inventives en apparence et encore oui, l’ensemble tire sans frein vers l’amateurisme dissimulé torché en quatre jours dont une heure seulement consacrée à l’écriture. Mais bizarrement, cette petite production venue des studios enneigés de Suède est nantie d’un capital sympathie qui la sauve et vient supplanter dans les cœurs bien des « conneries of the dead » à plus gros moyens mais aussi plus insipides, ringardes et puantes d’exploitation crasseuse. Cabin of the Dead lui, sent la transpiration, sent la passion fiévreuse et l’éclate d’un bande qui s’est certainement bien marrée dans les bois à faire gicler des hectolitres de faux sang dans tous les sens. Son originalité formelle, elle est dans ce qu’elle parvient à ne jamais trahir fatalement son micro-budget qui, comparé à bien d’autres travaux nettement plus honteux, s’en sort haut la main grâce à son second de gré sans prétention. Cabin of the Dead transpire une générosité tenue par des fans de genre qui s’appliquent dans ce qu’ils font et généralement, la communauté des amateurs ne s’y trompe pas et sent ce genre d’intentions qu’il récompense souvent avec une immense affection accordée. C’est exactement ce qui est en train de se passer avec ce Wither qui jusqu’ici, est globalement plutôt apprécié et défendu parce qu’il fait marrer, parce qu’il est excessif et parce qu’il est fun ! Et ça, ça compense souvent bien des défauts renvoyés au fond à droite du rayon des « on s’en tamponne ».

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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