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BURIED (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Buried
Père : Rodrigo Cortés
Livret de famille : Ryan Reynolds (Paul Conroy), Erik Palladino (Agent Harris), Samantha Mathis (voix de Linda Conroy), José Luis García Pérez (voix du terroriste)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : Espagne
Taille/Poids : 1h35 – 3 millions $

Signes particuliers (+) : Une série B incroyable de maîtrise, narrative comme dans le maintien d’une tension effroyable permanente. Film-concept osé en lieu unique avec un seul acteur, Buried est la baffe de l’année à la fois efficace et d’une rare intelligence effacée.

Signes particuliers (-) : x

 

FORT BOYARD, C’EST PLUS AUSSI DRÔLE QU’AVANT…

Résumé : Paul Conroy, entrepreneur travaillant en Irak pour l’armée américaine, ouvre les yeux dans un caisson enfoui sous terre. Il a un téléphone à demi chargé, un briquet, une réserve d’oxygène limitée et le temps file vite, très vite… Paul est un otage.

Buried est incontestablement l’un des films les plus couillus, les plus originaux et inventifs que l’on ait pu voir en 2010. Film-concept reposant entièrement sur son postulat d’un homme coincé dans une boîte enfouie sous terre, il fallait une sacrée dose de courage, d’envie et d’audace au jeune cinéaste espagnol Rodrigo Cortés pour se lancer dans un tel pari fou où au de-là de l’unité de lieu, se joint l’obstacle voulu et assumé de l’unité de temps.

Petit prodige ibérique auteur d’une obscure comédie dramatique espagnole en 2007 et d’un paquet de courts-métrages dont certains épateront par leur inventivité visuelle (on pense à l’incroyable début de Dentro filmé sur plusieurs écrans de contrôle et dont vous pourrez visionner un extrait via le lien ci-dessous) Rodrigo Cortés, bonhomme qui semble n’avoir peur de rien, s’immerge totalement dans ce délicat exercice aux nombreuses difficultés techniques et scénaristiques. Comment tenir tout un film dans un lieu aussi confiné qu’un cercueil sous terre ? Comment tenir la distance en terme de rebondissements dramatiques pendant plus de 1h30 en temps réel avec un seul personnage, peu d’accessoire et de moyens d’ouvrir le récit ?

Et pourtant, Buried va se révéler brillant aussi bien techniquement que dans sa maîtrise d’un suspens tendu dont le grand Alfred Hitchcock aurait pu être friand et auquel le film se permet quelques petits clins d’œil malicieux. Sans jamais relâcher la pression et l’op-pression, ce modeste monument de trouille claustrophobe parvient à transmettre à merveille ce sentiment d’étouffement que subi un Ryan Reynolds amené et obligé, par la force d’une situation inextricable, à conserver un sang-froid exemplaire tant le contexte est propice à un pétage de plomb en règle et à une dérive rapide et foudroyante vers la folie et la confusion mentale. Immersif au possible, ce huis clos terrifiant, étouffant et poignant se regarde et surtout se vit comme une intense plongée sidérante dans l’horreur et la torture la plus redoutée et terrible qui soit, l’angoisse de l’enfermement vivant. Sur un fil jusqu’à son incroyable final d’une rare intensité, Buried surprend, déboussole, fait perdre tous les repères de la confortable salle de cinéma de laquelle on est installé pour nous prendre à la gorge et au ventre.

Dépassant le simple exercice de style pour prouver les aptitudes de son doué metteur en scène, Buried repose avant tout sur un script d’une grande intelligence profitant de son récit statique (mais jamais sa mise en scène, au contraire inventive) pour se livrer à une belle réflexion intelligente et subtilement glissée ça et là, sur l’occupation d’un pays, la guerre et les points de vue qu’elle implique nécessairement mais aussi sur le mondialisme et le capitalisme d’une société où la vie d’un homme ne pèse pas lourd en regard de certaines considérations économiques tragiquement incohérentes. Sans jamais tomber dans la critique facile, Cortés et son malin scénariste Chris Sparling, jouent de leur concept pour amener à repenser le conflit américano-irakien au détour de joutes verbales entre Paul et son ravisseur remarquables de recul et de lucidité sur la situation actuelle de la fameuse guerre mené par les Etats-Unis. Ou comment montrer que tout est affaire de points de vue, du côté de la barrière où l’on se trouve. Si Buried se veut un divertissement rondement mené à suspens et à la tension palpable, il n’oublie pas de s’octroyer une certaine profondeur jamais contraignante que le cinéaste et son acolyte laisse à voir selon la volonté du spectateur.

Méchamment gonflé, Buried comme tout film-concept éphémère, ne passera à la postérité au fil des années s’écoulant mais il méritera néanmoins ad vitam eternam un considérable respect. En voilà un qui l’aura pas volé son prix à Deauville !

Bande-annonce :

Bonus cadeau :

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2 thoughts on “BURIED (critique)

  1. A l’époque j’ai adoré ce film. Tellement pesant mais tellement bon également. La fin est excellente du moins pour le film

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