Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Annabelle
Père : John R. Leonetti
Date de naissance : 2014
Majorité : 08 octobre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h38 / Poids : 5 M$
Genre : Épouvante
Livret de famille : Annabelle Wallis (Mia), Ward Horton (John), Alfre Woodard (Evelyn), Eric Ladin (Détective Clarkin), Tony Amendola (Père Perez), Brian Howe (Pete)…
Signes particuliers : En cinq minutes dans The Conjuring, la poupée Annabelle nous avait traumatisé. Sur 1h38 dans ce film qui lui est dédié, elle se noie dans une série B aussi fade que le tofu.
JE VOUS AVAIS MANQUÉ ?
LA CRITIQUE
Résumé : John Form est certain d’avoir déniché le cadeau de ses rêves pour sa femme Mia, qui attend un enfant. Il s’agit d’une poupée ancienne, très rare, habillée dans une robe de mariée d’un blanc immaculé. Mais Mia, d’abord ravie par son cadeau, va vite déchanter. Une nuit, les membres d’une secte satanique s’introduisent dans leur maison et agressent sauvagement le couple, paniqué. Et ils ne se contentent pas de faire couler le sang et de semer la terreur – ils donnent vie à une créature monstrueuse, pire encore que leurs sinistres méfaits, permettant aux âmes damnées de revenir sur Terre : Annabelle… L’INTRO :
Pour quiconque a vu et apprécié The Conjuring, le bijou d’épouvante à l’ancienne signé James Wan, une scène emblématique n’aura pas manqué de marquer les esprits par sa charge de terreur sensationnelle et envahissante : l’apparition de la poupée Annabelle. Presque un mini-film dans le film où en cinq minutes, la dite figurine de porcelaine envahissait littéralement l’écran, alors que le cinéaste lui avait taillé un sacré beau moment de flippe déjà culte. Le potentiel était là, il ne demandait qu’à être exploité. Il n’aura fallu guère de temps pour que la Warner saisisse le buzz à la volée et lance la mise en branle d’un film entièrement dédié à celle dont la seule présence suffit à glacer le sang. James Wan ayant décidé de convoler vers d’autres cieux, loin du genre (Fast & Furious 7), c’est à son directeur photo attitré (donc sur Conjuring) qu’échoie la responsabilité de la direction de ce spin off que l’on espérait aussi terrifiant que son personnage central. S’il est un chef op reconnu pour son travail depuis près de 25 ans, John R. Leonetti affiche en revanche un CV de cinéaste nettement moins glorieux. Le nanardeux Mortal Kombat en 1997, le peu utile L’Effet papillon 2 en 2006 et quelques épisodes de séries entre les deux. Un an et presque deux mois après Conjuring, voici donc Annabelle…
L’AVIS :
Annabelle… Ah ça oui, on peut dire qu’elle nous avait manqué l’effroyable poupée. Et on était ravi de la retrouver dans un long-métrage lui rendant un hommage que l’on espérait à son image : inquiétant.Malheureusement, le film de Leonetti est une grosse déception à la hauteur de l’attente. Concrètement, Annabelle essaie de refaire Conjuring. Et Leonetti essaie d’imiter James Wan. Sauf qu’Annabelle ne touche pas ne serait-ce que du bout de l’index, la qualité de son ainé et que Leonetti n’est certainement pas James Wan. Au mieux, un honnête faiseur essayant d’emballer un spin off / prequel qui a bien de la chance d’échapper au marché du DTV avec les moyens du bord, au pire, un médiocre tâcheron qui aura su lancer sur une flaque d’huile glissante, ce qui aurait pu être un bon petit bolide d’angoisse.
Série B évoluant dans la cour de la récupération commerciale d’un phénomène remarqué, Annabelle cumule toutes les tares qu’aura su éviter The Conjuring en son temps. Contrairement à son prédécesseur, sa longue exposition peine à intéresser avec ses personnages faiblards et interchangeables avec n’importe quelle autre production du genre. On patiente, on s’embête gentiment, en se disant que l’efficacité viendra une fois les clichés de présentation énumérés (le couple parfait et propre sur lui, le prêtre doux et paternaliste, les voisins sympathiques, la bouquiniste qui devine tout etc…) et surtout une fois que Leonetti aura expédié sa première moitié de métrage qui (contrairement à Conjuring) souffre d’une absence de crédibilité contextuelle affligeante doublée d’un sentiment de ridicule jamais bien loin. Mais son déroulé sera quant à lui aussi dénué de génie et d’inspiration, qu’il se s’avèrera fade et ennuyeux. Entre deux jump scare alignés métronomiquement, Annabelle s’appesantit sans cesse dans une morne torpeur alors que l’ensemble apparaît comme cuisiné avec les restes de Conjuring relevé d’un soupçon d’Insidious pour essayer d’agrémenter un potage sans goût lorgnant avec ridicule du côté du cinoche des années 70, Polanski en tête. Au milieu de cette débâcle, Leonetti essaie vainement de nous faire croire à ses aptitudes de réalisateur doué au travers de quelques plans faussement bien pensés, jaillissant d’un film nonchalant et bien incapable de déployer corps et âme. Annabelle emballe rarement, ne surprend jamais et pâtît à la fois d’une fainéantise alarmante et d’un manque de personnalité qui lui est fatal. On notera un dernier petit détail plein d’ironie mais pour un chef op émérite, la photo de Leonetti est sacrément vilaine. Mais passons… Car le pire dans l’histoire, c’est le traitement accordé à notre chère poupée, censée être le moteur de ce « produit dérivé ». Du statut de « star » attendu, Annabelle finit par se noyer dans un film désordonné, tirant dans tous les sens sans réelle homogénéité narrative. On nous parle de poupée maudite, de démons, de rites occultes, de secte satanique, de possession, et si tout cela aurait pu former un tout cohérent à la faveur d’un script bien agencé et intelligemment imbriqué, autant dire que le loupé est de taille. Au final, Annabelle a tout du film produit en catastrophe afin de battre le fer pendant qu’il était encore chaud et de profiter du mois halloweenesque. Sauf que la précipitation n’a jamais rien donné de bon. Et ce qui aurait pu être une sympathique petite franchise de décevoir dès sa première salve. Le bilan est terne. Annabelle n’est pas une purge éhontée (on a vu quand même bien pire, soyons honnêtes), le film se regarde d’un œil, offre quelques maigres séquences inspirées en guise de lot de consolation, et si l’on serait tenté de crier au scandale, c’est avant tout parce qu’on était en droit d’attendre beaucoup plus de ce petit hit espéré qui ne transforme pas l’essai visé.
BANDE-ANNONCE :