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MAESTRO(S) de Bruno Chiche : la critique du film

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Nom : Maestro(s)
Père : Bruno Chiche
Majorité : 07 décembre 2022
Type : sortie en salle
Nationalité : France
Taille : 1h27 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Avec Yvan AttalPierre ArditiMiou-Miou, Caroline Anglade, Pascale Arbillot…

Signes particuliers : Le film inutile du mois. 

Synopsis : Chez les Dumar, on est chefs d’orchestre de père en fils : François achève une longue et brillante carrière internationale tandis que Denis vient de remporter une énième Victoire de la Musique Classique. Quand François apprend qu’il a été choisi pour diriger la Scala, son rêve ultime, son Graal, il n’en croit pas ses oreilles. D’abord comblé pour son père, Denis déchante vite lorsqu’il découvre qu’en réalité c’est lui qui a été choisi pour aller à Milan…

LA CULTURE DU VIDE

NOTRE AVIS SUR MAESTRO(S)

La culture du rien. Certains diront que c’est un « joli film », d’autres qu’il est « inspirant ». En bref, ces qualitatifs qui, bien trop souvent, sont dégainés manu militari pour décrire des films brillant plus par la profondeur de leur vide que par leurs qualités d’écriture ou de mise en scène. Il n’est nullement question ici de cinéphilie dédaigneuse, de prétention critique ou de méchanceté gratuite (on n’a rien contre Bruno Chiche, auparavant auteur de l’amusant L’un dans l’autre, ni contre les bons comédiens que sont Yvan Attal ou Pierre Arditi) mais objectivement, Maestro(s) est d’une pauvreté éhontée, un film pensé et confectionné de manière beaucoup trop fonctionnelle pour en retirer une quelconque valeur. Le scénario suit une trajectoire très programmatique, totalement linéaire, dénuée d’inspiration et encore moins d’originalité. Tout reste de l’ordre de la recette calculée, calibrée, rédigée uniquement pour être « efficace » et aller droit au but dans ce qu’elle propose, quitte à rogner sur les ambitions. Le pire, c’est que même cette efficacité recherchée se retrouve absente d’un film d’une indigence comme on en aura rarement vu sur un écran cette année. La culture du rien, disait-on. D’une effarante fainéantise, Maestro(s) n’a rien à vendre, rien à raconter, rien à porter ou sublimer. Il semble le résultat d’une idée couchée sur un post-it et emballée à la hâte parce qu’une opportunité de production se présentait. On prend un thème, on emboîte deux-trois poncifs narratifs, on colle tout ça avec quelques raccords faciles, un peu de romance, un peu drame, une pincée d’humour et hop, c’est prêt à servir.
D’autant plus regrettable que le film avait un mérite, celui de refuser la comédie facile que laissait augurer un pitch au postulat gaguesque (à la lisière du boulevard). Malheureusement le seul boulevard emprunté par Maestro(s), ce n’est pas celui de la liberté mais celui de la petitesse. Si le coup du quiproquo filial pouvait en effet laisser penser à une truculente comédie père-fils, Bruno Chiche oriente très vite son histoire sur les sentiers du drame noué autour d’une relation compliquée entre un paternel taiseux et un fiston en quête de reconnaissance. Sauf que Chiche ne fait rien de cette formule de base archi-éculée. Le cinéaste se contente de proposer des platitudes dans un film plat, platement incarné par deux comédiens peu concernés et aplati par une mise en scène absente.
Et voilà comment Maestro(s) sidère par le néant qui l’anime. Le moteur tourne à vide, sans la moindre particule de carburant capable d’allumer une étincelle pour faire ronronner sa non-intrigue bâtie sur ces quelques schémas expédiés. La rivalité père-fils ? Maestro(s) n’en fait rien. Il l’esquisse à peine avant de préférer jouer la carte (plus simple et sans risque) du pseudo feel good movie. L’univers de la « grande musique » ? Non plus. Il ne faudrait pas trop pénétrer dans les tréfonds de la culture pour ne pas rebuter le grand public amateur de frivolités aérant l’esprit. La romance ? Mal traitée et à la limite de la vieillerie machiste et rétrograde.
Avec sa gueule de téléfilm vieillot où tout fait faux, petit et médiocre, Maestro(s) est typiquement le genre de film qui agace. Non pas pour son objective nullité, mais parce qu’il vient prendre de la place dans les salles, là où de vrais bons films peinent à exister et à s’y faire un trou. Si le cinéma français veut continuer à faire fuir les spectateurs (notamment vers les plateformes) avec des productions si faiblardes qu’on enrage sur le coût de la place, il ne peut pas mieux s’y prendre qu’en proposant ce genre de triste spectacle dont la faiblesse contribue à flinguer son image et sa crédibilité.

Par Nicolas Rieux

3 thoughts on “MAESTRO(S) de Bruno Chiche : la critique du film

  1. Non, je ne trouve pas ce film blafard et néant… la culture du rien comme ils disent…. Allez voir ce qu’on nous passe à la télé pour les fêtes et on en reparle… Certe le film est porté par les talentueux Pierre Arditi et Yvan Atlan avec à leur côté la sublime Miou-Miou mais pour ma part j’ai passé 1h30 très agréable et j’ai trouvé ce film frais et sans chichi où l’on peut entendre de la belle musique… ce film n’est pas dirigé sur la musique elle-même mais sur les relations père-fils, chefs d’orchestre dont l’un achève sa carrière et l’autre arrive à sa consécration… tout le dilemme est là… la vie d’artiste est loin d’être simple même au sein de sa propre famille… allez voir ce film en famille cela changera des avatars et autres…

    1. Je suis entièrement d’accord avec vous. C’est un film très agréable à regarder qui peut toucher tous les âges ce qui déjà n’est pas rien .C’est un film très français ,ce qui a mes yeux est une qualité .

  2. Je partage ce point de vue. Quant aux extraits d œuvre joués cest pompier il faut croire que le réalisateur ignore la culture musicale de son public cest même meprisant cette pantomime peu crédible ( la violoniste sourde quel cliché)la 9em de Beethov est lourdingue aucun raffinement ça fait mal pour un film qui croyait réconcilier son public avec le registre classique Finalement on aurait mérité de voir footnote qui doit être bien meilleur…

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