Mondociné

CONNEMARA d’Alex Lutz : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

Nom : Connemara
Père : Alex Lutz
Date de naissance : 10 septembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Mélanie ThierryBastien BouillonJacques Gamblin, Clémentine Célarié, Bruno Sanches, Grégory Montel…

Signes particuliers : Raté.

Synopsis : Issue d’un milieu modeste, Hélène a quitté depuis longtemps les Vosges. Aujourd’hui, elle a la quarantaine. Un burn-out brutal l’oblige a quitter Paris, revenir là où elle a grandi, entre Nancy et Epinal. Elle s’installe avec sa famille, retrouve un bon travail, la qualité de vie en somme… Un soir, sur le parking d’un restaurant franchisé, elle aperçoit un visage connu, Christophe Marchal, le bel Hockeyeur des années lycées. Christophe, ce lointain objet de désir, une liaison qu’Hélène n’avait pas vue venir… Dans leurs étreintes, ce sont deux France, deux mondes désormais étrangers qui rêvent de s’aimer. Cette idylle, cette île leur sera-t-elle possible ?

ALEX LUTZ ADAPTE NICOLAS MATHIEU

NOTRE AVIS SUR CONNEMARA

On savait Alex Lutz capable de belles choses devant la caméra mais la découverte de Guy il y a sept ans avait révélé une autre facette, un vrai talent de cinéaste. Magnifique coup de cœur que l’on n’avait pas vu venir, Guy donnait envie d’en voir plus. Après le discret mais pas inintéressant Une Nuit en 2023, le Lutz version metteur en scène signe Connemara, son quatrième long-métrage. Peut-être son plus ambitieux. Il y associe deux formidables talents, Mélanie Thierry et Bastien Bouillon, en charge d’incarner cette adaptation d’un roman du populaire Nicolas Mathieu.

Connemara marche sur les traces du récent Partir un jour d’Amélie Bonnin. Coïncidence, les deux films étaient à Cannes (l’un en ouverture, l’autre en Cannes Première) et partagent le même comédien principal (Bastien Bouillon). Les avoir vu à intervalles très rapprochés n’a fait que surligner au marqueur leur proximité… et la comparaison n’a vraiment pas rendu service au film d’Alex Lutz.

Dans les deux cas, on se lance avec un tube de variété française (le Partir un Jour des 2be3 d’un côté, le Connemara de Michel Sardou de l’autre) et dans les deux cas, il sera question de fuite de Paris, de retour dans la ville de ses racines, de retrouvailles avec un vieil amour de lycée. Après un gros burn out, Hélène quitte la capitale pour revenir dans ses Vosges natales. Elle s’y installe avec sa famille et tente de retrouver une certaine stabilité pour se reconstruire. Mais un soir, elle croise par hasard un visage familier de ses années de lycée…

Un sujet, deux approches. S’il y a bien une différence majeure entre le film d’Amélie Bonnin et celui d’Alex Lutz, ce sont les tons et les émotions qu’ils entraînent. On ressortait de Partir un Jour avec un sourire électrisé. On ressort en revanche de Connemara avec un bon coup de déprime. Parce que le film est plus plombant que mélancolique, plus morose qu’espiègle. Mais surtout parce qu’Alex Lutz en fait des tonnes dans l’écriture surlignante comme dans sa mise en scène ultra-maniérée. Et parce qu’à rechercher une maîtrise absolue, Alex Lutz finit par en perdre toute notion. Son film semble partir sans lui, et à coup sûr sans nous. Tout est bancal, déséquilibré, ennuyeux, agaçant aussi, avec des paris formels qui se retournent contre lui et appellent au désordre. On n’a même parfois l’impression que Connemara n’est pas fini, que l’on regarde une étape de montage en cours. Peut-être justement car tout n’est que montage -trop visible- pour inspirer l’abandon dans l’histoire. Les effets stylistiques permanents, la voix off pesante, les ellipses, les flous volontaires, la vue subjective, les dialogues sur-écrits, le morcellement de la narration, la quête presque maladive de poésie… C’est trop, n’en jetez plus. Alex Lutz envisageait sans doute un drame bouleversant, il ne signe malheureusement qu’un drame horripilant et chichiteux. Et ce malgré la belle partition de ses comédiens.

Lutz définit son film comme une oeuvre qui parle de pleins de choses. Et il définit son style aux antipodes du naturalisme plombant des drames d’aujourd’hui. Ce qu’il souhaitait, c’était que l’on ressente le chaos intérieur des personnages, que leurs souvenirs remontent à la surface un peu flous, un peu vaporeux, comme des sursauts sensoriels. En fait, Connemara part de plein de bonnes idées. Mais encore fallait-il les maîtriser et comme la gangrène, ces intentions ont contaminé le film lui-même, qui devient à son tour un peu trop vaporeux, un peu trop chaotique, un peu trop pénible et mal-aimable.

 

Par Nicolas Rieux

4 thoughts on “CONNEMARA d’Alex Lutz : la critique du film

  1. Je l’ai vu hier soir et j’ai adoré ! Les relations inter générations, les souvenirs de jeunesse sublimés, jusqu’à la fin où la réalité apparaît, la différence de deux mondes… Mais j’ai la même sensibilité qu’Alex Lutz !

  2. commentaire juste. On a l’impression que le cinéaste s’est dit  » je vais tout déconstruire » et qu’il y réussit pour mon plus grand ennui.

Répondre à Réchède Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux