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THE BEAST du Hans Herbot : la critique du film [sortie cinéma]

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Spectateurs

The-BeastMondo-mètre
note 6 -10
Carte d’identité :
Nom : De Behandeling
Père : Hans Herbots
Date de naissance : 2014
Majorité : 30 décembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique
Taille : 2h07 / Poids : NC
Genre : Policier, Thriller

Livret de famille : Geert Van Rampelberg (Nick), Ina Geerts (Danni), Johan Van Assche (Plettinckx), Laura Verlinden (Steffi), Roel Swanenberg (Hans), Kyan Steverlynck (Joff), Dominique Van Malder (Roland), Michael Vergauwen (Chris)…

Signes particuliers : Un polar sombre (très sombre) sur l’univers des milieux pédophiles.

L’HORREUR HUMAINE À SON PAROXYSME

LA CRITIQUE

Résumé : Flic brillant, Nick Cafmeyer est hanté par un lourd secret : la disparition jamais élucidée de son jeune frère. Un jour sa supérieure décide de lui confier une affaire similaire. Nick se plonge alors corps et âme dans l’enquête. S’ensuit une véritable chasse à l’homme. Pour que justice soit faite, Nick est prêt à tout…the_beast_-_film_-_photo_2L’INTRO :

Grand tabou de nos sociétés modernes malades, la pédophilie est un sujet rarement traité au cinéma en cela qu’il touche à une horreur répulsive ayant attrait à la sacro-sainte innocence de l’enfance, ici brisée par l’adulte malsain. Prenant en compte l’histoire récente de son pays, le cinéaste flamand Hans Herbot (le film Bo) transpose l’action du roman de Mo Hayder qu’il adapte (L’homme du Soir) en la délocalisant de l’Angleterre blafarde vers la Belgique torturée par les récents faits divers qui ont défrayé sa chronique. The Beast s’amarre solidement au néo-polar européen et vise la plongée viscérale du spectateur dans un univers sombre aux thématiques difficiles, qu’il observe frontalement et sans détour. Présenté en festivals (parmi lesquels à Beaune), The Beast a beaucoup fait parler pour sa violence graphique et morale. Mais elle participe à ce style très européen affranchi du genre à l’américaine, comme l’explique son auteur, où il est possible d’aller plus loin dans la psychologie et la confrontation à certains sujets délicats, à l’exemple du nordique Millenium.the_beast_-_film_-_photo_1L’AVIS :

The Beast est un film policier extrêmement sombre, naviguant en eaux troubles entre le polar très noir et le thriller psychologique dérangeant. Hans Herbots tisse une toile très dense au spectre suffisamment épais pour piéger le spectateur dans ses filets et le tenir à la force d’un récit captivant et sans cesse alimenté par les nombreuses ramifications de son histoire construite avec habileté, solidité et machiavélisme. Tenu en haleine par l’enquête policière actuelle autant que par celle personnelle suivant le fil des mystères rongeurs du passé du protagoniste principal, The Beast lance et relance sans cesse des pistes, brouille les esprits, s’enroule autour de ses idées retorses, et ne lâche jamais prise, ce qui permet d’en supporter les quelques petites longueurs qui pourraient éventuellement égratigner l’impact de cet uppercut frontal. Sur un sujet excessivement difficile (les réseaux pédophiles sur-organisés), à plus forte raison quand il est traité avec autant de radicalité n’épargnant rien au spectateur, Herbots signe un film puissant et racé comme un whisky 18 ans d’âge, servi sec et sans glaçons. Inconfortable, oppressant, parfois même traumatisant, The Beast lève le voile sur l’horreur d’un monde incompréhensible, confrontant sans détour, un spectateur saisi et des criminels de la pire espèce. L’ensemble pourra manquer d’un brin de crédibilité compte tenu de l’accumulation des histoires convergentes, mais une fois cet état de fait absorbé, The Beast devient intraitable et déploie son immersion macabre dans un monde abominable, entre brutalité écœurante et nihiliste horrifiant.H7A6821-copieQuelque part à la croisée de Sleepers et Seven, la rugueuse entreprise de Hans Herbots s’applique sans cesse à immerger son public dans une ambiance tendue, soutenue par une atmosphère délétère qui en décuple la force. Suspendu à l’enquête complexe qui se déroule sous nos yeux glacés d’effroi, The Beast flirte avec les codes du cinéma de genre, fantastique notamment, mais le tragique réalisme de sa reconstitution a vite fait de nous ramener sur terre, et de faire naître des sentiments de colère et de dégoût se rangeant dans le sillage de ceux de son héros en révolte, obsédé par la cruauté dont est capable l’être humain. Comme lui, on est bien vite happé par cette croisade qui nous malmène, entre rejet, vengeance et besoin de comprendre. Plastiquement somptueux à l’image de sa photographie, The Beast est l’un des chocs de l’année en matière de polar plus sombre qu’une nuit noire lors d’une éclipse de lune. A coup sûr, un film dont on ne ressortira pas indemne.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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