Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Berlin File
Père : Ryoo Seung-Wan
Livret de famille : Jung-woo Ha (Pyo Jong-sung), Suk-kyu Han (Jung Jin-soo), Seung-beom Ryu (Dong Myung-soo), Gianna Jun (Ryeon Jung-hee), Pasquale Aleardi (Dagan), Nunam Acar (Abdul), Tayfun Bademsoy (Asim), Werner Daehn (Yuri), John Keogh (Marty), Toni Varvasoudis (Arabe)…
Date de naissance : 2003
Majorité au : 04 décembre 2013 (en DVD / Blu-ray chez Wild Side)
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 1h45
Poids : 9 millions $
Signes particuliers (+) : Un thriller coréen nerveux et haletant, plongeant dans les coulisses du bal dangereux des agents secrets camouflés dans le Berlin d’aujourd’hui. Puissant et virtuose, The Agent repose autant sur son intrigue complexe et élaborée que sur ses soudaines montées d’adrénaline sacrément efficaces. Un bon cru spectaculaire et captivant made in Corée du Sud.
Signes particuliers (-) : Le scénario se perd peut-être un peu parfois à justement trop rechercher la difficulté là où il pourrait être plus simple et épuré.
LES TONTONS FLINGUEURS DES TEMPS MODERNES
Résumé : Berlin, de nos jours. Impliqué dans un vaste trafic d’armes pour le compte de la Corée du Nord, un « agent fantôme » se retrouve pris en chasse par les services secrets internationaux ; mettant en péril sa mission et son pays. Face à cet échec, il est soupçonné par son propre camp d’être un agent-double. Pour le faire parler, ils kidnappent sa femme, ne lui laissant que peu de choix : il devra trahir les siens ou sa patrie…
Depuis que l’on suit le cinéma de Ryoo Seung-wan, on a largement eu le temps de bien saisir qu’il fait partie des tout meilleurs cinéastes de la nouvelle génération coréenne. Sa carrière entamée en 2000 tout rond, est jalonnée de films qui ont fait grand bruit souvent à juste titre, comme No Blood No Tears, Crying Fist, Arahan, The City of Violence, Crazy Lee ou The Unjust. Son petit dernier, présenté à L’Etrange Festival 2013 et à paraître en dvd chez Wild Side, est une nouvelle claque caractéristique du meilleur du cinéma d’action made in Corée du Sud. The Agent s’expatrie et prend la direction de l’Allemagne, Berlin plus précisément (d’où le titre The Berlin File à l’international) et plonge dans les arcanes du milieu des espions et des agents secrets. Au casting, le film choral multiplie les personnages mais le fil conducteur sera Pyo Jong-sung, agent nord-coréen campé par le talentueux Jung-woo Ha, acteur hétéroclite aux prestations saisissantes à l’aise aussi bien dans le drame d’auteur chez Kim Ki-Duk (Souffle) que dans le polar (Nameless Gangster) ou le cinéma de genre plus âpre comme The Murderer ou The Chaser. Pour le reste, on retrouvera également avec plaisir la sexy Gianna Jun (dont on vous avait parlé dans le très bon The Thieves), Seung-beom Ryu (No Mercy) ou encore Suk-kyu Han (Shiri, The President’s Last Bang ou La 6ème Victime)…
Alors que vient de nous quitter le père des Tontons Flingueurs, Georges Lautner, The Agent pourrait être perçu comme une version sérieuse et ultra-méga-musclée de ces empoignades entre patriotes œuvrant pour les intérêts de leurs pays respectifs. Naviguant entre le drame intimiste, le film d’action percutant et le thriller ingénieux à la sauce coréenne, The Agent est une sorte de croisement large, au carrefour des Shiri ou JSA, des sagas Jason Bourne ou Mission : Impossible, avec un soupçon des thrillers d’espionnage à l’ancienne façon L’espion qui venait du froid. Une petite bombe multipliant les fulgurances et les scènes virtuoses rythmant une intrigue haletante à la fois simple et complexe enrichie de nombreux protagonistes internationaux formant un univers d’une grande crédibilité. La Corée s’y connaît en matière d’espionnage et le prouve régulièrement à travers un cinéma de genre intense, souvent scénaristiquement très élaboré et dans le même temps sacrément efficace. Le film de Ryoo Seung-wan vient honorer de sa présence la longue liste des pépites du pays du matin calme qui méritent amplement le détour.
Que ce soit par la richesse de sa palette narrative et des ficelles qui alimentent ses rouages, ou par son esthétique somptueuse s’exprimant au détour de séquences visuellement impressionnantes notamment dès que le film s’emballe dans des courses-poursuites ou scènes de combat saisissantes, The Agent est une petite claque qui montre que la vitalité du cinéma coréen n’est toujours pas à remettre en cause en plus de n’avoir rien à envier au cinéma américain. Le scénario est ici le plus qui relève un film qui aurait pu entrer dans le rang des bonnes productions qualitatives mais pas nécessairement follement novatrices, s’il n’épatait pas par l’intelligence de son écriture bien ficelée. Car The Agent sait s’écarter quand c’est nécessaire, du manichéisme traditionnel du genre, avec ici un héros affrontant l’adversité d’ennemis internationaux sans pour autant que ces derniers n’existent uniquement que par une fonction d’ennemis sans identité. La structure éclatée et pourtant tenue de main de maître avec une grande maîtrise, permet au cinéaste de jouer avec un puzzle jubilatoire où les différents protagonistes sont autant de pions sur un échiquier sensible et instable. Aucun n’est bon ou mauvais, tous assument seulement leur rôle dans ce jeu de piste avec la conviction et la loyauté qui les animent et les relient à leur patrie propre.
Précis et millimétré, The Agent saura contenter le plus grand nombre par sa richesse et le sérieux de sa confection. Tour à tour bardé de montée d’adrénaline vigoureuse, complexe juste ce qu’il faut pour l’extraire du statut d’actionner décérébré et poignant quand il se fend d’une une incursion dans le drame, voilà un bon cru que davantage de noirceur aura pu mieux pimenter. Mais en l’état, The Agent assure le spectacle avec nervosité et rage explosive. Encore dans le mille pour Ryoo Seung-wan !
Blu-ray et DVD : Rien à redire sur la qualité de la marchandise. Comme souvent, les bonnes éditions de films de genre coréens sont soignées et c’est une nouvelle fois le cas ici avec ce The Agent qui bénéficie notamment d’un son particulièrement puissant rendant parfaitement toute la richesse du travail et du montage-son effectué sur le film. Sur le DVD comme sur le blu-ray, quelques suppléments peu nombreux mais attractifs, permettent de se glisser dans les coulisses du tournage avec quelques modules dont un sur les chorégraphies des scènes d’action. De modules plus longs sur le blu-ray. Également au menu, 10 minutes de scènes coupées.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux